Léo Major, partie 3 – le libérateur de Zwolle

Partie 1
Partie 2

Si ça avait été dans les vues, c’est là qu’une grosse toune épique serait partie à jouer, avec les tambours pis toute le kit, tandis que Léo Major fonçait vers Zwolle comme une armée d’un seul homme. Y savait que Willy aurait pas voulu qu’y soit pogné pour arvirer d’bord à cause de lui, faique y’allait faire la mission, tout seul, jusqu’au boutte.

Léo suivit le chemin de fer jusqu’à la gare, comme le fils des Van Gerner lui avait expliqué tantôt. Rendu là, il vit un hôtel avec une Kübelwagen, un genre de p’tit char militaire allemand, de parqué en avant. Y’avait un gars à bord, pis y’avait l’air d’attendre après quequ’un.

Léo se faufila, pis arriva drette à côté du gars, qui fit un astie de saut en voyant c’t’espèce de crinqué avec yinque un œil pis une mitraillette dans chaque main. Léo y’enleva son arme – une MP40, une petite mitraillette qui ressemblait pas mal au Sten, mais que Léo trouvait meilleure –, le fit sortir du char pis le força à rentrer en avant de lui dans l’hôtel.

En dedans, y’avait un officier allemand qui jasait avec le propriétaire, assis au bar, ben relax. Y retroussa tellement vite, on aurait dit une toast qui sortait du toaster. Mais à voir la face de Léo – pis surtout, ses trois mitraillettes – y se rendit ben vite compte qu’y avait aucune chance. Léo lui fit signe de s’assire et il lui dit, en allemand :

« Ton pistolet, s’te plaît. »

L’officier lui donna son arme sans s’astiner.

– Parlez-vous anglais? demanda Léo, en anglais.
– Parlez-vous allemand? lui répondit l’officier, en allemand.

C’tait ben maudit.

– Parlez-vous français ? fit Léo – tsé, un gars s’essaye.
– Oui, je parle français.

Ga don ça, toé! Tout un adon! L’officier était alsacien, pis en Alsace, ça parle français.

– Y’a combien de soldats dans la ville? demanda Léo.
– Pas loin de 1 000.
– Bon ben vous pis vos 1 000 soldats, vous feriez mieux de lever les feutres avant 6 h, parce que la ville va être bombardée. J’ai pas besoin de vous dire que ça ferait beaucoup de morts, des soldats pis des civils. À part ça, ça serait plate pas mal de détruire une belle ville de même hein?  

L’officier vint tout la face tout blême – y’avait compris le message. Léo n’eut pitié, faique, en gentleman, y lui r’donna son pistolet pis le laissa partir avec son chauffeur.

Après ça, y r’sortit dehors. Pour lui, c’tait rendu ben clair, c’qui devait faire. Faique, son Sten d’une main, la MP40 de l’autres pis le Sten de Willy accroché dans le dos, y se prépara à foutre la marde solide.

Les soldats ordinaires, y pouvait ben avoir pitié d’eux-autres. Après tout, la plupart étaient pas pires que lui, pognés dans une guerre qu’y avaient pas demandée; à c’t’heure-là, probablement qu’y auraient mieux aimé être collés en cuiller avec leur blonde en-dessous des couvartes plutôt que de se geler le cul en patrouille pour la gloire du Reich. Mais les SS pis les agents de la Gestapo, c’tait pas pantoute la même affaire : c’tait des asties de fanatiques. Faique y rentra dans une maison vide pis regarda ses cartes pour chercher son premier objectif : le QG des SS.

Quand il l’eut spotté, y se faufila jusque-là pis y rentra dans le QG sur la pointe de ses chouclaques, sans se faire voir. Là, y vit huit SS dans une salle. Y’étaient don fins de s’être mis toutes à la même place!

PPRRRRRAAAAK! Quatre SS moururent drette là sous les balles tirées par Léo, pis les autres se sauvèrent comme des chats en entendant la balayeuse. En s’en allant, Léo sacra le feu. Tsé, tant qu’à faire.

Y s’en alla au ralenti, sa silhouette noire qui se découpait devant la bâtisse en flammes.

Non, j’niaise. En fait, y’avait pas le temps pantoute de faire son frais : la nuite était encore jeune, pis la job était loin d’être finie. Y sortit en douce par la porte d’en arrière pis s’en alla dans un autre coin de la ville. Là, y se mit à se promener dans les rues de Zwolle comme un esprit frappeur, pognant par surprise plusieurs patrouilles ennemies. Chaque fois, y faisait la même affaire : y tirait vers les Allemands avec ses deux mitraillettes, yinque pour en blesser deux-trois pis leur montrer qu’y était pas là pour jouer au Parchési. Après, y les envoyait comme prisonniers à son régiment.

Encore là, c’pas clair : Léo allait-tu les porter aller-retour, où ben y se rendaient tout seuls comme des p’tits moutons ben dociles? C’était-tu son pur magnétisme animal, ou ben l’fait que voir un Québécois en crisse, c’tait aussi pire que de voir le yâble? Je l’sais pas, pis personne le sait vraiment.

En tout cas, à c’t’heure que tout c’qu’y avait d’Allemands dans’ville était sur le gros nerf, Léo arriva à son deuxième objectif : le QG de la Gestapo. Là avec, il fit le ménage à la mitraillette pis sacra le feu.

Après ça, y se mit à courir comme un malade dans les rues en lançant des grenades dans les maisons vides pis en tirant des deux mitraillettes en même temps pour mener le plus de train possible, comme si la ville était attaquée de tous bords tous côtés. De temps en temps, y rentrait dans les maisons pour se reposer; des fois, fallait qui défonce la porte, mais le monde en-dedans se calmaient ben vite quand y voyaient que c’était pas un Nazi. Pis y ressortait de plus belle, continuant de faire croire aux Allemands que le Régiment de la Chaudière était débarqué au complet.

Autour de 4 h 30 du matin, Léo était brûlé. Y’aperçut des gars de la résistance qui l’avaient vu faire toute la nuite, probablement la yeule à terre avec un plat de popcorn.

Y parlaient pas anglais ni français, faique y’allèrent chercher une prof d’anglais qui s’adonnait à rester pas loin. Grâce à elle, Léo réussit à faire comprendre aux résistants qu’y avait pu un maudit Allemand à Zwolle, pis qu’y pouvaient annoncer à la radio que la ville était libérée. À l’entendre, on aurait cru qu’y avait rien là; on aurait dit un plombier qui r’ssort de la cave en te disant : « C’est beau, y’est posé, ton chauffe-eau! »

Y demanda aussi un char pour qu’y puisse retourner au plus sacrant à son bataillon pis empêcher le bombardement.

Y partit sur les chapeaux de roues vers où était son unité, mais ses compagnons savaient pas que c’était lui, faique y y tirèrent dessus. Comme l’autre fois avec le blindé allemand, y dut se montrer pour que les gars le reconnaissent. C’tait rendu une habitude.

Après avoir annoncé à ses officiers que la mission était accomplie, y r’tourna porter le corps de Willy à la ferme des Van Gerner en attendant que d’autres viennent le chercher.

Pis là, après un briefing, son épique nuit sur la corde à linge venait enfin de se terminer. Y’alla se coucher dans un camion pis y câilla tusuite.

Dans l’après-midi, y se réveilla parce que les gars de son régiment s’énarvaient autour de lui. 

– Heille, Major, viens-t-en, le party est pogné en ville!
– Allez-y les gars, répondit-il, les yeux dans la graisse de bines. M’a vous r’joindre.

Une demi-heure après, Léo pis ses chums rentrèrent dans Zwolle.

Les habitants chantaient pis dansaient pis trippaient comme des petits veaux du printemps. Léo avançait dans c’te foule joyeuse, quand y se fit spotter par du monde qui savaient que leur libérateur avait un bandeau sur l’œil. Ils le pognèrent sans y demander son avis pis le montèrent sur leurs épaules, en héros. Avec une p’tite pensée pour Willy, y se laissa célébrer pis emporter par la fête.

Pour ses exploits, Léo reçut des médailles, fut reçu par la reine Juliana des Pays-Bas et fut nommé citoyen d’honneur de Zwolle, pis une grosse avenue, la Leo Majorlaan, fut nommée en son honneur. Tou’és ans, les flos de Zwolle chantent des chansons en son honneur! Pis icitte, au Québec? Y’a une p’tite tombe de rien, pis y’est à peine connu. Y mériterait un gros film d’Hollywood avec des explosions pis des chars d’assaut qui r’volent, bâtard! En tout cas, j’espère qu’en vous contant ça, j’aurai fait ma part pour le faire connaître plus, pis le faire connaître mieux. 


Partie 4

24 commentaires sur “Léo Major, partie 3 – le libérateur de Zwolle

  1. Le pire c’est que tu ferais un film sur son histoire et ça aurait l’air tiré par les cheveux…quand la réalité dépasse la fiction..merci bien pour le récit et la forme!

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    1. Il pourrait y avoir une partie quatre , notre Leo s’est porté volontaire en Coree et il a remis ça , lui et une poignee de ses gars ont tenu en echec pendant plusieurs jours deux divisions de soldats chinois ou nord Coréens ils etaient si pres qu’ils pouvaient s’entendre parler . Pourtant notre Léo tirait du mortier presque à la verticale . Puis quand les renforts sont arrivés tous n’en croyaient pas leurs yeux , Leo pi ses gars ont resisté à l’assaut de 20,000 soldats et ont tenu leur position sur cette coline avec une quinzaine de gars qu’il avait lui meme choisit

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  2. Je sens que je vais encore me faire des amis. Mais tant pi…
    Pour ma part, mon humble part, je reste dubitatif sur ce texte.
    Pas sur Léo Major, certainement pas non-plus sur ce qu’il a fait et connu. Tout cela est bien entendu plus que digne de respect, tant les aventures véritables du personnage et lui-même sont en même temps extravagants et modestes au sens premier des mots.
    Mais je reste dubitatif sur l’utilisation écrite du joual par la personne qui a pris comme pseudo « autourdupoeleabois » pour communiquer la chose.
    Me demande ben qui à part « nous z’autes », pourrait être assez patient et/ou « cultivé » en cette matière linguistique restrictive pour apprécier les gestes et les valeurs de Monsieur Major ?
    La meilleure manière d’étouffer l’héroïsme ou toute autre valeur de X ou Y n’est-elle pas de limiter l’accès de sa diffusion à un plus petit nombre d’intéressés que possible ?
    D’abord, aucun anglo ou allo, Canadien ou autre, ne fera l’effort intellectuel qui est obligé pour en comprendre le sens de ce texte. Ensuite, aucun francophone autre que nous du Québec ne peut y comprendre quoi que ce soit sinon quelques grandes lignes qui pour l’essentiel, n’ont rien de particulières puisque dans tous peuples et toutes nations ayant connu les circonstance de la même guerre, incluant donc ceux francophones d’Europe, d’Afrique et des Antilles, il se trouve des héros identitaires qui illustrent très bien les valeurs de leurs propres sociétés « distinctes » Alliés s’étant opposées au nazisme. Et finalement, pour satisfaire tous les amateurs et toutes les amatrices historiques d’un « Quebec bashing » qui dure depuis des siècles (et dont le ton est donné en partage depuis le milieu du 19è siècle par le héros britannique Durham…), de ce texte les dénigreurs d’une identité québécoise (celle jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale qu’on appelait canadienne, ou pour nous-mêmes à nous-mêmes dite « canayenne »…) auront une fois de plus une occasion en or pour « prouver » incontestablement notre petitesse historique, notre véritable tribalisme auto-satisfaisant (selon les mots trudeauistes connus), et notre insignifiance chronique pour toutes les nations du monde puisque nous nous satisfaisons de nous parler à nous-mêmes dans un langage fermé puisque seuls nous pouvons le comprendre.
    Voilà, je suis peut-être le seul à en percevoir la chose ainsi mais je crois que la nature même de l’héroïsme particulier de l’un des nôtres, mais il y en eut plus d’un pour en faire preuve et des décennies de recherches aussi assidues que difficiles et même souvent laborieuses de ma part, sans moyens autres que les miens modestes et parfois à l’encontre des autorités et « savants » officiels, m’en font sans cesse la démonstration claire.
    Pour ma part, je crois vraiment que Léo Major et les nôtres méritent bien plus que de n’être connus que d’un « nous-z’autes » restrictifs. Tant que nous entretiendrons l’idée qu’il n’y aura jamais que nous Québécois pour comprendre et apprendre des faits et gestes de notre peuple, de pouvoir le faire par la misère que nous avons mangée…, nous persisterons à restreindre le sens même de ce qu’ont fait celles et ceux qui non-seulement méritent d’être nos héros, mais ceux aussi de tous les humains qui chérissent la liberté.
    Et quand on réalise que la liberté des peuples repose d’abord elle-même sur l’amour de ses individus pour la liberté, cela ne me semble pas entièrement inutile ici d’avoir pris quelques minutes pour vous communiquer ce modeste commentaire.
    Serais-je le seul ou le dernier au Québec à l’estimer, que je l’estimerais quand même…
    Merci de m’avoir lu ici.
    Et merci à Souvenirs de Guerre de même qu’à Pierre Lagacé pour leur constance, pour leur sens de l’honneur et donc pour leur honnêteté, à diffuser les contenus de ce blog !

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    1. « Et quand on réalise que la liberté des peuples repose d’abord elle-même sur l’amour de ses individus pour la liberté » C’est ça crisse nous patience, pis arrête de faite ton fachiste javellisant. T’es pour la liberté? prouves le.

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      1. Monsieur Leclercq, mon pauvre, je pense que vous n’avez simplement rien compris à mon commentaire. Peut-être avez-vous (tristement) besoin de faire entrer vos incompréhensions des choses dans des cases toutes faites ? Et cela, pour vous convaincre vous-mêmes que vous êtes du bon côté ?
        D’abord je n’en sais rien et ne tiens pas à en savoir plus, puisque vous nous montrez clairement dans le vôtre que la grossièreté de votre interpellation n’a d’égale que la vacuité de votre jugement au sujet d’un supposé fascisme de ma part et de votre prétention à pouvoir ordonner à quelqu’un que vous ne connaissez ni d’Adam ni d’Eve, de faire quoi que ce soit.
        Ce à quoi j’ajouterais pour conclure définitivement avec vous que je pourrais très bien vous répondre dans les mêmes style et niveau que ceux dont vous usez (puisque pour ma part, je suis capable de plusieurs niveaux de langage) mais je ne m’abaisserai pas à cela.

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      2. Simplement monsieur que vous usez de privilèges que vous refusez aux autres. Si vous avez plusieurs niveaux de language,tant mieux pour vous et, s’il vous paît, laissez les autres jouir du même privilège. Ce « créole » monsieur, est à peu près tout ce qui nous reste d’identité. Alors, si vous voulez vômir sur vos ancêtres, allez le faire ailleurs. Ici, l’atmosphère est « familiale », pas trop trop comme à un souper de l’Acfas.

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      3. Monsieur Leclercq, il nous reste bien plus que ce créole…
        Ce qui ne veut pas dire que nous n’ayons pas aussi ce créole…
        Nous avons encore énormément plus que celui-ci à offrir en partage au monde. D’ailleurs tant, que de nous contenter à résumer ce que nous sommes dans un langage hermétique (et donc rébarbatif…) pour « les autres » ne fait au fond qu’envoyer clairement à ceux-ci qu’ils ne seront jamais « des nôtres ».
        Etre Québécois, Monsieur, être filles et fils de ces Canayens qui sont partis servir volontairement outre-mer et donc qui ont accepter de se faire tuer ou de perdre une partie considérable de leur bien-être et de leur jeunesse, et une part importante de ce qu’aurait pu être leur vieillesse, pour libérer le pays de leurs ancêtres, pour anéantir cette maladie contagieuse du cerveau qui s’est appelée le nazisme, forme aboutie du fascisme, être descendants de ceux-là n’est pas au fond de porter en nous les gènes de ceux-ci ni d’entretenir l’illusion que la persistance de notre « âme » repose dans le repli sur soi, mais de porter au-delà de nous les fondements originaux de la société qu’ils nous ont laissée en héritage.
        Parfois seul héritage laissé à plusieurs d’entre nous, d’où la valeur absolue et irremplaçable de celui-ci et conséquent à des vies de privations de droits humains et/ou d’opportunités de développement malgré le courage, les exploits et oui, l’héroïsme de ces frères d’armes restés aussi discrets que le fut Léo Major sur leur guerre.
        Monsieur, ne plus percevoir notre salut comme société que dans le joual de Montréal est tout simplement l’équivalent d’abandonner la proie pour son ombre. Ce qui réjoui quiconque désire (et oeuvre avec acharnement, patience et application…) s’approprier ce qui historiquement nous appartient et cela, aux yeux de tout « étranger » qui autrement, sans une certaine propagande méprisante et folklorisante de ce que nous sommes vraiment, pourrait garder les yeux et le coeur suffisamment ouverts sur la valeur de notre originalité culturelle québécoise.
        Autrement, Monsieur, la liberté d’expression n’est un privilège (tel vous semblez le suggérer au sujet de mon exercice écrit du jour). En réalité, elle n’est interprétée et qualifiée ainsi que par celles et ceux qui acceptent l’idée nauséabonde qu’il puisse exister une ou plusieurs sous-espèce d’être humain. Ce que pour ma part non-seulement je rejette comme possibilité, mais que je combat dans ma vie de tous les jours depuis ma toute tendre enfance. Donc, depuis plus de soixante ans.
        La liberté d’expression est un droit humain fondamental et inaliénable. Je n’ai pas le mérite d’en inventer quoi que ce soit puisque cela fut précisé en 1948 par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui justement, avait pour objectif cette idée qui n’avait pas réussi à s’imposer à nos pays et peuples après la Première Guerre Mondiale, les faits historiques tragiques et meurtriers de la Seconde le montrent, celle qui se résume par l’affirmation connue de tous (du moins qui devrait l’être…) « Plus jamais ça ! ».
        Ce que je me permet de vous préciser de manière tout à fait fraternelle ici, bien que pour ma part mon message à votre endroit soit sans hargne. L’esprit critique et le questionnement sincère sur nos insuccès répétés à devenir enfin une « nation normale » n’ont rien à voir avec quelque « vômissement » de qui que ce soit, et certainement pas de ce nos Anciens ont faits et nous ont laissé. Votre interprétation des choses réelles m’apparaît si tordue que je m’inquiète sur votre bonne foi à vouloir trouver pour nous tous le chemin d’un pays fier de sa langue, de sa culture et de son passé.
        Je vous invite à ré-écouter, à relire, à revoir, à méditer les poésies et oeuvres de tous nos Borduas, Gaston Miron, Pélo, Pauline Julien, Félix Leclerc, Claude Léveillé et autres Falardeau qui sévirent en même temps qu’eux et qui parlent d’amour de leur petit peuple depuis eux.
        Pour ce faire, posez simplement tout ce que vous portez pendant deux minutes; assoyez vous au pied d’un vieux pommier après avoir revu les images d’Elvis Gratton et respirer l’air du pays en automne. Vous pourrez y trouvez un mélange unique d’odeurs de feuilles qui sèchent dans les arbres autour de vous et de feuilles au sol qui déjà commencent à préparer l’humus du printemps qui viendra.
        Cela pansera vos blessures et surtout, vous donnera l’espoir nécessaire pour accepter que le désir de liberté puisse exister chez toutes et tous de nous.
        Nous de toutes origines et spiritualités, nous de toutes couleurs de peau, nous de tous genres et orientations sexuelles…
        Nous qui comptons sur la langue française pour infiniment nous lier au Québec.
        Merci de votre lecture, Monsieur.

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    2. Évidemment, l’autrice de ces textes s’est astreinte à un exercice de style rigoureux, où la syntaxe et la narration classiques se teintent de la langue du pays. Par pur plaisir. Pour l’amour de notre langue si colorée. Elle n’a pas choisi la facilité. Quel serait l’intérêt de sa démarche si elle racontait cette fabuleuse histoire en français standard alors que c’est déjà fait et bien fait par plusieurs journalistes et auteurs?

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      1. Madame Dubé, merci de votre retour de commentaire. Il m’oblige à clarifier un peu mon commentaire matutinal et cela n’est certainement pas une mauvaise chose. Bien au contraire…
        Je ne condamne pas le travail de l’autrice. Mais simplement, je questionne et surtout me questionne beaucoup sur cette tendance culturelle (et politique…) que nous semblons entretenir et qui selon moi est assez auto-destructrice. Celle-là qui consiste à renfermer en signification sur nous (et sans contraintes extérieures…) des comportements héroïques qui ayant valeur d’universalité, permettraient aux « autres » de nous connaître mieux et autrement que ce que le Canada britannique nous présente.
        Mais j’ai peut-être tord ? Et peut-être qu’en s’exprimant ainsi sur l’histoire de Léo Major, cette personne qui s’exprime sous pseudo ajoute au fond de la « signifiance » à celle-ci pour qui jusque-là n’en aurait pas pris la mesure ? Mais simplement, et serais-je le dernier à le faire, j’en doute beaucoup et ce, bien que je reste ouvert à toute démonstration de bonne foi en ce sens.
        Mes

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      1. Merci Monsieur Leclercq !
        Votre appréciation me touche aussi sincèrement que je crois que pour lutter ensemble de manière efficace, il faut d’abord se dire les choses tout en gardant l’esprit ouvert aux perceptions d’autrui.
        Salutations amicales, Monsieur.

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    3. Bonjour,

      Je ne vais pas tenter de réfuter vos arguments. Mon expérience sur les réseaux sociaux m’a appris la futilité de cet exercice.

      Votre point de vue et le mien partent de deux prémisses totalement opposées : vous semblez croire que le « joual de Montréal » est un « créole hermétique et rébarbatif », tandis qu’à mon avis, le québécois (terme que préfère à « joual », que je trouve péjoratif et dénigrant) est une langue à part entière, belle et riche, même si elle est un peu rude sur les bords. On la dit fruste et vulgaire : à mes yeux, elle est évocatrice et viscérale. Votre point de vue est fondé sur le mépris, tandis que le mien repose sur l’amour que je porte à cette langue qui est la nôtre et dont il y a lieu d’être fier, issue d’une évolution différente du français de France et qui est tout aussi valide que celui-ci.

      Je tenais par contre à vous signaler que même si, effectivement, la grande majorité de mes lecteurs sont Québécois « de souche », je compte également de nombreux abonnés en France, aux États-Unis, en Suisse, en Irlande, en Italie, au Mexique, au Royaume-Uni, au Vietnam, ainsi que dans plusieurs pays d’Afrique francophone (Togo, Burkina Faso, Côte-d’Ivoire).

      De plus, j’ai reçu quelques messages d’immigrants d’Amérique du Sud, du Moyen-Orient et de l’Inde qui aiment lire mon blogue, car il leur permet de se familiariser avec nos expressions colorées en contexte, à leur propre rythme.

      Donc : le québécois, hermétique et rébarbatif? Il ne l’est que dans votre tête, Monsieur.

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      1. Madame autourdupoeleabois, SVP, combien de temps vous faudra-t-il au juste pour suffisamment initier de personnes (et leur faire apprécier les nuances et l’humour…) à ce que vous appeler du « québécois » (alors que personne ailleurs qu’à Montréal n’a jamais usé des quatre cinquièmes du vocabulaire auquel vous vous référez…) pour que celles-ci puissent représenter à l’internationale comme au Canada, une opposition significativepour contrer la propagande historique du Canada monarchique britannique et de ses supporters qui au mieux vise à folkloriser ce que nous sommes et au pire, à le ridiculiser ? Et je ne pose pas la question au sujet de l’efficacité ni même de l’utilité de votre travail. Travail patient dont je ne réfute aucune valeur, à part celle de faire plaisir à cet égo collectif qui nous donne tant à nous percevoir comme des êtres exceptionnels, qu’il nous fait dire que c’est « aux autres » de faire l’effort intellectuel nécessaire pour notre pérémité.
        Madame, tant qu’elle-ci puisse avoir un sens moderne, notre « survivance » et notre permanence culturelle ne peuvent reposer que sur nos efforts à nous de rendre désirable et accessible en compréhension notre société. « Les autres » ne nous doivent rien, absolument rien sauf le respect dû à tout groupe humain; ils ne nous doivent même pas de s’intéresser à nous et notre culture spécifique (pour peu que nous sachions l’entretenir).
        Malgré tous les vendeurs de jovialisme canadien qui nous entourent et qui tentent de nous convaincre que la société québécoise est aussi indestructible que les Québécois sont « pas tuables », depuis novembre 1995, par des mesures continues de dénigrement du fédéral de notre caractère culturel propre mais surtout par une récupération économique à grande échelle de ce qu’il accepte que nous soyons en y accolant de manière constante, organisée, financée et croissante une identité et un nom de « canadiens » alors qu’en réalité ce dont il s’agit ne concerne que les Québécois, nous approchons comme jamais du bord du gouffre.
        Le temps nous est compté, Madame.
        Peut-être ne le voyez-vous pas ? Mais pourtant, cela n’est pas plus « dans ma tête » que le diagnostique du mépris que vous percevez (en vous trompant beaucoup…) qui serait à l’origine de ma réflexion. Je ne méprise en rien ni le français québécois ni même le joual (idiome qui ne s’est certainement pas évaporé chez moi comme s’en est allé mon enfance dans la grande pauvreté…). Mais simplement, devant les insuccès permanents et séculiers de nos plus grands intellectuels, écrivains, poètes, artistes, etc. à « convaincre » d’autres que nous (et encore pas tous;..), je crois qu’il est temps pour les gens qui comme vous ont un talent évident, de le diriger vers la clarification de ce que nous sommes auprès des « étrangers », plutôt qu’à la répétition auprès de nous Québécois que nous sommes « belles et beaux ».
        Madame, le temps de ce complexe d’infériorité qui nécessitait des mesures urgents d’amour propre est passé, nous devons dorénavant passer à autre chose pour aller vers les autres.
        Et c’est bien en cela, selon moi, que des vies comme celles de Léo Major et de bien d’autres de nos humbles et magnifiques prédécesseurs, hommes et femmes confondus, nous donnent des leçons de vie et d’histoire.
        En clair, je ne nie rien de votre talent parce qu’au contraire, ce que je n’ai fais ici depuis mon premier commentaire n’est que de m’attrister que votre texte présenté ne serve qu’à convaincre les convaincus-es que nous sommes presque tous que nous ne sommes pas et n’avons jamais été les perdants que le Canada britannique a toujours voulu que nous soyons.
        Raison pour laquelle, malgré une critique que je n’ai jamais voulue autre que constructive à votre endroit, et sans ne rien connaître de votre identité, je vous présente mes respects les plus sincères.
        Et qui sait si même un jour prochain, je ne me mériterai pas votre amitié ?
        Qui donc peut prévoir le futur ?

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