Combat de peintures! Judith et Holopherne

Y’a des bouttes de l’histoire, d’la mythologie ou bedon d’la Bible qu’on pourrait appeler des Greatest Hits – tout l’monde les connaît, un peu comme « Non, (Luc,) je suis ton père » dans’Guerre des étoiles. Pis c’tes bouttes-là, y’inspirent ben gros les artisses.

Faique pour le même boutte, y va y’avoir plusieurs peintures, sculptures, dessins, poèmes, chansons… Pis c’qu’y est ben intéressant, c’est de comparer les différentes versions.

Aujourd’hui, j’me suis dit qu’on pourrait faire ça avec six peintures qui arprésentent la même scène : Judith après décapiter Holopherne.

Selon la Bible, Judith, c’tait une jeune veuve juive ben belle pis ben courageuse. A vivait à l’époque où c’que le roi assyrien Nabuchodonosor avait envoyé son général Holopherne à’tête d’une grosse armée pour conquérir Israël.

C’te jour-là, Holopherne s’tait parqué en avant d’la ville de Béthulie pour l’assiéger. Après une secousse, les défenseurs d’la ville étaient brûlés raide, affamés pis découragés, quasiment su’l bord d’ouvrir les portes à l’ennemi.

Voyant ça, Judith les bourrassa un peu :

« Heille, gang de pissous! Vous manquez don ben d’foi! Creyez don que Dieu va nous sauver! »

A disait ça, mais a l’avait pas l’intention d’attendre là bouche ouvarte qu’y s’passe de quoi : a l’allait prendre les choses en main.

Rendu au soir, Judith ramassa une de ses servantes pis partit en direction du camp assyrien. Quand on y d’manda c’qu’a faisait là, a répondit qu’a l’avait des affaires secrètes à dire su les Juifs qui pourraient intéresser Holopherne.

J’vous avais dit que Judith était pétard. Faique quand Holopherne la vit, y d’vint instantanément serré d’la fourche. Y l’invita donc à un banquet pis toute, probablement dans l’espoir de, tsé veut dire, mais Judith l’encouragea à boire toute la soirée jusqu’à ce qu’y tombe quasiment saoul mort.

Quand y fut su’l dos ben étampé la bouche ouvarte, Judith pogna une épée pis, avec l’aide de sa servante, DÉCAPITA Holopherne.

Après, les deux femmes se faufilèrent en dehors du camp avec la tête pis la ramenèrent à Béthulie.

« QUINS! N’a pu, d’Holopherne. Sans leu général, les Assyriens vont se battre tout croche pis manger leux bas. »

Pis en effet, les Israélites, crinqués ben raide, défoncèrent complètement les Assyriens, qui fuirent la queue entre les deux jambes.

Judith avait sauvé Israël!

Mais là, allons argarder, voir, comment différents artistes ont imaginé la scène…


Version du Caravage, vers 1598-1599

Expression de Judith : C’te Judith-là a le cœur qui lève pis vraiment pas d’fun. On dirait une floune qui dépiaute son premier djeuvre! A l’était tellement pas prête, pauvre chouette. Pis ça s’rait bon de valeur si du sang r’volait su sa belle chemise blanche! 4/10

Technique : Ah, non, là! Caravage, ch’t’aime ben, mais là, tu l’as pas pantoute. C’est pas d’même qu’on coupe une tête! Judith a clairement jamais tenu une épée dans sa vie – gad-z’y le ti-poignet toute mou! A met aucune force, a se sert pas pantoute du reste de son corps, a l’a pas de point d’appui. Franchement, pour un peintre de c’te talent-là, c’est carrément gênant. 1/10

Travail d’équipe : Je donne des points pour le soutien moral, parce que clairement la servante est ben plus dedans que Judith, pis j’gage qu’a l’aimerait ben le faire elle-même. 6/10

Note globale : 3,5/10


Version de Jan de Bray, 1659

Expression de Judith : Dans c’telle-là, Judith a pas la face de quequ’un qui fait ça pour la première fois – a l’a une face d’assassin d’la Guerre froide. Judith, c’t’une tueuse. Un missile téléguidé du peuple hébreu. Le lendemain en mangeant ses toasts, a pensera déjà pu à Holopherne. 8/10

Technique : Pour couper une tête, y’a rien comme un bon coup franc, SHTOK! Judith a un pas pire élan. Si a finit ben son mouvement, si sa lame est assez aiguisée pis si l’gars grouille pas, a devrait être bonne. 7/10

Travail d’équipe : La servante sert à rien. Si y’a d’quoi, est dins jambes. J’donne deux points pareil, parce qu’au moins, est là. 2/10

Note globale : 6,5/10


Version de Trophime Bigot, vers 1640

Expression de Judith : Calme, concentrée su’a tâche. Pas de colère, mais pas de mal de cœur non plus. Judith a une job à faire, pis a veut la faire comme faut. 7/10

Technique : On dirait que Judith est après couper un gros baloney au lieu d’une tête. On va y donner ça : est physiquement engagée dans c’qu’a fait, pis tu vois qu’a met d’la force. Mais va falloir qu’a change d’outil ou bedon de technique pour passer au travers. 6/10

Travail d’équipe : Heille, c’est quasiment touchant. On dirait une maître-menuisière qui transmet ses connaissances à sa jeune élève pis la guide d’une main sûre, avec ben d’la patience pis du renforcement positif. Sauf que, tsé, sont après décapiter un homme. 9/10

Note globale : 7/10


Version de Giulia Lama, 1730

Expression de Judith : Ben voyons. Qu’est-cé qu’a attend-là, l’intervention du Saint Esprit? Aide-toé pis le ciel t’aidera, ma belle. Faique arrête de téter, pogne un couteau pis vas-y! 3/10

Technique : Visualiser la mort d’Holopherne pis attendre que la loi de l’attraction fasse la job pour toé, c’est pas une technique. 0/10

Travail d’équipe : Sa servante a vraiment l’air de s’demander qu’est-cé qu’a niaise. Tasse-toé, Judith, pis laisse-là don faire! 4/10

Note globale : 2,5/10


Version de Louis Finson, vers 1607

Expression de Judith : Y’a clairement de quoi qui l’énarve, mais ch’comme pas sûre si c’est nous-autres qu’a r’garde parce qu’on a pas d’affaire-là ou ben si c’est sa servante qui la gosse. Entécas, moé, ch’prendrais pas d’chance. 8/10

Technique : A tient son arme comme faut, toujours ben. Mais est ben que trop loin du gars pour être vraiment efficace. Va falloir qu’a s’rapproche pis qu’a fesse plusieurs fois si a veut passer d’bord en bord. 5/10

Travail d’équipe : La servante tient le sac, toujours ben. Pis sa face pis celle à Judith attirent toute l’attention dans la peinture; on r’marque quasiment pas Holopherne, à force. Mais sérieusement, j’m’en fais pour elle : y’a-tu vu les ganglions lymphatiques? Faut qu’a fasse argarder ça au plus vite! 5/10

Note globale : 6,5/10


Version d’Artemisia Gentileschi, vers 1620

Expression de Judith : Ça, c’t’une face qui dit « Quins toé mon tabarnak! ». Les sourcils sont froncés pis la bouche est pincée : Judith est concentrée pis décidée. Pis c’tu moé ou y’a même une p’tite pointe de satisfaction là-dedans? 9/10

Technique : Là on jase! Le poignard tenu comme faut, le genou monté su l’litte pour mettre plus de poids pis d’force, pis d’la raideur dans l’mouvement. C’te version-là est crissement pas propre! Mais tsé, ça pisse, une jugulaire! C’est pas CENSÉ être propre! 9/10

Travail d’équipe : Ah ben là, parzempe! La servante est drette dans l’action pis a aide Judith à maîtriser Holopherne. J’aime ça, moé, l’entraide entre créâtures! Décrissons le patriarcat! 10/10

Note globale : 9/10

7 commentaires sur “Combat de peintures! Judith et Holopherne

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