L’yâbe au corps : l’histoire de John « Mad Jack » Mytton

« Son comportement par devers sa femme était inexcusable, mais tsé en même temps y’était pas si pire, pis y l’aimait, pour vrai, pis tsé y’était fin, dans l’fond, mais c’est quand même compréhensible qu’a soit partie; sauf que c’est même pas vrai qu’y a garroché son chien d’poche dans l’feu, y l’a juste lancé un ti-peu, pis y’a pas vraiment tiré sa femme dans l’lac pour qu’a s’neye, y l’a juste poussée pour la taquiner pis a s’est mouillé les souliers – pis c’te jour-là y faisait chaud–, pis quand y l’a enfermée avec ses chiens de chasse c’tait juste deux minutes pour rire. » 

— Le biographe licheux de John Mytton, Esquire

Imaginez un gros char de riche, genre une McLaren vert pétant toute shinée, qui part sur la trace dans un nuage de boucane, roule à 150 milles à l’heure, fonce dans l’mur deux rues plus loin, pogne en feu pis explose. 

Ça serait un bon résumé de la vie de John Mytton, un aristocrate anglais du 19e siècle. 
C’te gars-là, y’avait toute : un titre de noblesse, un manoir, une famille pis un énorme motton d’argent; mais pourtant, y passa sa vie à courir après la mort, comme si y’avait pas de lendemain, ou comme si y’auditionnait pour l’émission Jackass, 200 ans trop d’bonne heure.

C’est lui, ça, Jack Mytton. Y’a l’air ben tranquille, les pieds su’a bavette du poêle avec ses chiens pis ses livres pis ses peintures de chasse pis de lièvre la tête en bas, mais… fiez-vous pas à ça.

Si on connaît toutes ses exploits en détail, c’est que Mytton a une biographie détaillée, écrite par un de ses grands chums. Sauf que j’vous arcommande pas ça comme tite lecture de chevet : le grand chum en question est un peu licheux pis arrête pas de justifier les pires conneries à Mytton en le comparant à des personnages de l’Antiquité pis à des poètes libertins morts d’la syphilis, pis ça vient fatiquant à la longue. 

Toujours est-il que John Mytton, Esquire, naquit le 30 septembre 1796. 

Si ça vous intéresse de savoir qu’est-cé ça mange en hiver, un « esquire », m’as vous l’dire, parce que moé’ssi, j’me suis posé la question. Esquire, ça vient de « écuyer » – wô oui, le gars qui traînait les cossins d’un chevalier au Moyen-Âge. C’est le deuxième plus bas titre de noblesse anglais, en haut du gentilhomme, mais en bas du baronet – tsé, René Angélil aurait pu argarder John Mytton de haut. 

Mytton perdit son père au tendre âge de deux ans. D’ailleurs, son biographe prend une page et demie, une citation en latin, une métaphore de botanique pis une anecdote de Grèce antique pour illustrer que, si John était devenu un maudit énarvé qui savait pas s’tenir, c’tait parce qu’y avait été élevé par sa mère. Le Doc Mailloux aurait été d’accord, sûrement. 

Quand même, on aurait vraiment dit que le p’tit Mytton avait l’yâbe au corps. Y fut expulsé d’la Westminster School pour s’être battu avec un prof, pis d’la Harrow School après trois sessions. 

Sa mère engagea des tuteurs privés pour essayer d’y mettre un peu d’plomb dans’tête, mais y partirent toutes un après l’autre parce que John aimait leu jouer des tours –  tsé, quand tu t’réveilles un matin pis un ch’fal est après chier su ton tapis de chambre, c’est normal de vouloir crisser ton camp.

Mytton fut admis au Trinity College de Cambridge pis prépara l’terrain en s’faisant livrer 2000 bouteilles de porto su’l campus. Vous d’vez vous demander quelle espèce de party d’cégep pas d’bon sens qu’y préparait là, mais ça couvrait à peine ses besoins d’base : on dit qu’y buvait de quatre à six bouteilles par jour pis qu’y poppait l’bouchon de la première en s’rasant l’matin. 

Finalement, y s’pointa jamais à Cambridge pour ses études. À 18 ans, décrétant qu’y en avait assez des bancs d’école, John partit faire une grande tournée des Europes, comme c’tait de coutume pour les aristocrates de c’temps-là. 

Après sa tournée, en quête d’un ti-peu d’action, Mytton s’engagea dans l’armée. Sauf qu’à c’te moment-là, les Anglais pis leux alliés v’naient de sacrer une volée à Napoléon; les combats étaient finis, le régiment à Mytton s’artrouva en France dins forces d’occupation, pis c’tait plate à mort. 

Pis qu’est-cé tu fais quand t’es un jeune soldat alcoolique fonctionnel avec trop d’bidous qui s’tourne les pouces à l’étranger?

Tu tombes dans l’JEU! 

Se disant qu’y allait rembourser ça plus tard, quand y’hériterait officiellement de sa fortune, y’emprunta 3000 £ à un banquier de Saint-Omer. 

J’me sus informée, pis 3 000 £ dins années 1810, c’est genre six cent soixante mille piasses en dollars canadiens d’aujourd’hui.

Drette le lendemain, y’en perdit la moitié à’table de roulette. Ben sûr, y blâma la table pis la décrissa en tits morceaux. On aime ça, la maturité.

À sa libération d’l’armée, Mytton rentra au pays pis essaya de faire une vie normale de gentleman respectable. 

En 1818, y maria Harriet Emma Jones, avec qui y’eut une fille. Harriet avait la santé fragile, pis a mourut en 1820. L’année d’après, Mytton s’armaria avec Caroline Mallet Giffard, de qui y’eut cinq autres enfants.

Entre-temps, y’essaya d’faire carrière en politique. Six Mytton avant lui avaient été députés de Shrewsbury, pis y se sentait comme obligé d’arprendre la shop familiale.

Y remporta son siège à l’élection partielle de janvier 1819, supposément en donnant un billet de 10 £ à chaque personne qui voulait ben promettre de voter pour lui. 

Aussi ben crisser l’argent dans l’poêle. 

Ch’pas docteure, mais ça m’a l’air évident que Mytton avait un p’tit déficit d’attention. Si l’école était trop plate pour lui, maginez les débats parlementaires! Y toffa une grosse demi-heure en chambre avant de s’mettre à faire la danse de saint-Guy su’l banc, pis y crissa son camp pour jamais r’venir. 

Aux élections générales de 1820, y s’arprésenta même pas, sous prétexte que « ses fonctions parlementaires étaient incompatibles avec ses activités actuelles ».

C’tait quoi, au juste, ses « activités actuelles »? À c’te moment-là, Mytton avait enfin compris qu’y était faite ni pour les études, ni pour la politique, ni pour toute autre affaire plate qu’y faut rester assis pis écouter du blabla. 

À place, y’allait être c’qu’on appelait un « sportsman » – c’t-à-dire, su papier, qu’y allait passer son temps à chasser, à élever des chiens de chasse, des ch’faux pis des oiseaux de proie, pis à faire des courses de ch’faux. 

Lâché lousse sans aucune contrainte professionnelle, Mytton partit tellement sur une dérape que ses chums commencèrent à l’appeler « Mad Jack ».

Heureusement pour nous autres, la biographie à Mytton nous donne une maudite belle idée de comment toute ça s’est passé grâce à des belles illustrations en couleur, comme celle-là :

Ou bedon comme celle-là :

Le biographe à Mytton raconte qu’y portait jamais de bobettes pis aimait chasser les canards en queue de chemise pis les fesses nu-tête, même en hiver pis au beau milieu de la nuite. 

Pis le snoro, y tombait jamais malade! 

Parce que Mytton était gâté côté physique, ça a d’l’air. Son biographe, qui passait clairement son temps à l’argarder, le menton dans ses tis poings avec des yeux de merlan frit, dit que « son biceps était plus gros que celui de Jackson, le boxeur célèbre » – heille, on rit pu, hein. Y dit aussi que « les autres parties de son corps étaient tout aussi puissantes pis narfées ». Ahem.

Bref, y’avait beau être une poule pas d’tête avec un problème d’alcool, y’avait une constitution de fer. 

Un jour que Mytton venait de se disloquer trois côtes après s’être planté à ch’fal, un de ses chums arsoudit à son manoir en y disant : 

« Heille j’viens d’capturer un ti r’nard, je l’ai mis d’une poche, yé full vite pis full énarvé, on va le lâcher dans l’champ pis on va courir après avec les chiens pour le tuer, ça va être malade! »

Mytton, au lieu de dire « Heille s’cusez man, ch’pas mal pété faique m’as passer mon tour c’te fois-là », y’artroussa tu’suite de son fauteuil, s’habilla, monta su son ch’fal le plus roffe, qu’y appelait « le Yâbe » pis passa la journée à galoper dans l’champ jusqu’à c’qu’y pogne la pauvre p’tite bête. À’fin, y’avait tellement mal qu’y voyait pu clair, mais pour lui, y’était pas question d’montrer le moindre signe de faiblesse. En débarquant de son ch’fal, y dit même à son biographe : 

« Y’en a pas un crisse qui va m’voir pâmer. »

Mais pour Mytton, prendre des débarques, c’tait quotidien. Y faisait même exprès pour se planter.

Un jour qu’y s’promenait avec un de ses chums dans une p’tite carriole à deux roues, tsé le genre qui verse de rien si tu pognes un croche trop raide, le chum en question trouvait qu’y chauffait pas mal cowboy. Mytton, s’rendant compte que son passager était un ti peu su’és nerfs, y demanda : 

—    Heille, t’as-tu déjà faite ça, toé, virer su’l top en carriole?
—    Ah, euh, non, ça m’est jamais arrivé!
— Jamais? Cibole, t’es ben lent! 

Comme Mytton disait ça, la carriole passait à côté d’une p’tite butte. Par exprès, Mad Jack embarqua une roue su’l flanc d’la butte, pis FLÂWK! La carriole renversa su’l côté, dompant Mytton pis son passager. Mytton pis son passager revolèrent, les quatre fers en l’air.

Pis comme Mytton était mardeux, personne fut blessé, pas même le ch’fal.

Faut dire que Mad Jack, autant y’avait l’coeur su’a main – y donnait du blé de ses récoltes aux pauvres, y tippait généreusement, heille, y cachait des billets d’banque un peu partout dans son manoir pis su son domaine yinque pour que le monde les trouvent – autant y’adorait faire étriver ses amis.

Tsé, dans sa ménagerie ben garnie, Mytton avait 2 000 chiens de chasse pis aussi… une ourse appelée Nell. 

À son domaine, un soir de party ben arrosé (j’me demande pourquoi je le précise, parce que les partys à Mytton était TOUJOURS arrosés; c’t’homme-là aurait trouvé l’tour de tinquer pendant une coloscopie), Mytton laissa ses chums dans le salon pis s’éclipsa queques minutes. 

À son retour, y’était habillé en kit de chasse complet, le jacket rouge, les bottes à éperons pis toute, pis monté su’l dos d’son ourse. En voyant ça, ses chums grimpèrent partout su’és meubles comme une gang de chats épeurés.

Au début, l’ourse se promenait ben tranquillement dans l’salon, toup toup toup; a l’était habituée. Sauf qu’un m’ment’né, Mytton y’accrocha l’flanc avec l’éperon su sa botte; surprise par la douleur, la pauvre bête prit une grosse mordée dans l’mollet à Mytton, pis les serviteurs durent la ramener dans sa cage pendant que son maître s’faisait soigner.

Une autre fois, par’zempe, y fit ben pire – des affaires pour se faire tuer! 

Un bon soir, y’arcevait à souper un pasteur pis un docteur. 

À une certaine heure, les invités décidèrent de faire un boutte.

Faique y’embarquèrent su leu ch’fal pis s’en allèrent. Pis pendant qu’y trottaient vers la maison, Mytton, qui aurait dû trotter vers son litte, eut plutôt une de ses idées de sans-dessein : y mit un grand capot de charretier, chargea ses pistolets avec des balles à blanc, monta à ch’fal pis partit bride abattue après ses deux visiteurs. 

Déguisé en bandit de grand chemin, y rattrapa le pasteur pis le docteur pis s’mit à tirer su eux autres en criant : 

« Haut les mains pis donnez-moé toute votre argent! »

Ben sûr, les deux gars détalèrent comme des lapins vers le village, laissant Mytton crampé raide dans l’noir. 

« Astie! J’ai jamais vu deux gars partir aussi vite de ma vie! »

Tu parles d’une bulle au cerveau; maginez-vous c’qui s’rait arrivé si le pasteur pis l’docteur avaient été armés?

Mytton, y pensait jamais vraiment à son affaire. 

Son biographe dit qu’un m’ment’né, en arvenant des courses de ch’faux, dans son carrosse, les f’nêtres ouvertes, y comptait une pile de billets d’banque pour plusieurs milliers de livres. Y finit par s’endormir, les billets encore sortis, pis quand y s’réveilla, toute le motton était parti au vent.  

Avoir cherché une métaphore pour la façon dont y gérait l’argent dans’vie en général, on aurait jamais trouvé mieux. 

Faique vous vous doutez ben qu’à force de boire, de jouer pis de sacrer l’argent par les fenêtres, Mytton se ramassa dans l’trou. 

Solide. 

Pour payer ses dettes, y’avait pu d’autre choix que d’vendre son domaine ancestral. Son conseiller financier avait une solution pour éviter l’pire : 

— Monsieur, si vous limitiez vos dépenses à 6 000 £ par année pendant six ans, vous pourriez payer vos dettes pis éviter d’vendre.
— Heille! 6 000 £ par année! Ch’pas un chien, ciboire!

Six mille livres, en dollars canadiens d’à c’t’heure, c’est un million cinq cent mille. 

Ch’tiens à dire que c’te pauvre conseiller-là, y’a dû gagner son ciel à travailler avec Mytton. Lui, y’avait juste pas moyen de le conseiller tout court, parce qu’y répondait tout l’temps :

« Pourquoi c’est faire que j’ai une tête, si ch’pour me servir d’la tienne? »

Au travers de ça, sa femme Caroline crissa son camp après dix ans de mariage pis emmena les enfants avec elle. Vous imaginez-vous à quel point fallait qu’une femme soit À BOUTTE pour quitter son mari en 1830? 

Tsé, après toute, y’avait garroché son chien dans le feu « juste » un ti-peu pis l’avait poussée « juste » un ti-peu dans le lac pis l’avait enfermée avec ses chiens de chasse deux minutes « juste » pour rire! Mais c’tait pas « juste » ça! D’après ce que je comprends, y v’nait jaloux quand y’était saoul (c’t-à-dire, tout l’temps), pis y l’empêchait de sortir pis d’voir du monde.

Y’a toujours ben des limites.

Finalement, pu d’femme, pu d’enfants, pu rien, Mytton dut s’résoudre à vendre son domaine, mais ses dettes étaient tellement immenses que c’tait même pas assez pour toute payer. Comme dans c’temps-là, tu pouvais aller en prison parce que tu d’vais de l’argent, Mytton se sauva à Calais, en France. 

Là-bas, Mytton s’mit à agir encore plus bizarrement qu’avant. Encore une fois, ch’pas docteure, mais on dirait ben qu’y commença à faire d’la démence alcoolique. 

Un soir, comme y’était en jaquette, su’l bord de s’coucher, y pogna le hoquet pis y’était juste pas capable de s’en débarrasser. 

« Ah, j’en peux pu de c’te maudit hoquet-là! M’as y faire peur, moé! »

Faique y pogna une chandelle pis mit l’feu à sa jaquette. Le p’tit coton d’la jaquette flamba en queques secondes, pis Mytton se transforma en torche humaine.

Heureusement pour lui, son fidèle valet pis un autre gars étaient avec lui; y s’garrochèrent su lui, le sacrèrent à terre comme à’lutte pis lui arrachèrent la jaquette en feu de su l’dos. 

Pis pendant que les deux gars finissaient d’éteindre les flammes en pilant d’ssus, Mytton se glissa tout bonnement en d’sour de ses couvertes en soupirant d’soulagement : 

« Ah! Fini, l’ciboire de hoquet! »

Le lendemain, quand son biographe arriva pour le visiter, Mytton était flambant nu, pis l’biographe vit tu’suite qu’y s’tait pas manqué, avec sa jaquette en feu : ses épaules pis sa poitrine arsemblaient à du baloney fraîchement sorti d’la poêle :

— Ben voyons, John, pourquoi t’as fait ça? T’aurais pu y passer!
— J’voulais t’montrer comment chus bon pour toffer la douleur! 

Pis dans la biographie, quand y raconta c’t’épisode-là, le biographe le compara à Néron.

Mytton récupéra jamais vraiment de ses brûlures. Pour calmer la douleur, y s’mit à boire encore plus. Même après que son docteur se fut arrangé pour qu’y puisse pu s’faire livrer d’la boisson, Mytton demanda à son valet d’y apporter des bouteilles d’eau de cologne, pis y buvait ça. 

Pis à cause de l’alcool, ses muscles commençaient à faiblir. Y’était dans l’déni su son état pis insistait pour sortir au lieu de s’arposer; y fallait deux gars pour l’empêcher de tomber à terre dans’rue; y s’évanouissait à table au souper. 

La nuite, y’était gardé par trois gars pour pas qu’y puisse sortir de chez eux. Y’a toujours été chanceux malgré toute.

Y répétait sans arrêt qu’y allait ravoir sa femme, même si c’tait évident que son chien était mort, raide, frette, dans son trou avec une tite croix croche marquée « Fido ».

Y’engueulait l’monde qui avaient jamais entendu parler d’Euphrates, son ch’fal de course préféré, dont tout l’monde se sacrait, ben sûr.

Un m’ment’né, ça a l’air qu’y parla pendant 18 heures de temps sans s’arrêter, pis rien de c’qu’y disait avait du sens. 

Un soir, le valet à Mytton alla trouver son biographe, la voix tremblante d’inquiétude : 

« Euh… Monsieur… Faudrait que vous veniez, parce que Monsieur Mytton s’est comme un ti-peu enfermé dans sa chambre avec six couteaux pis chus vraiment pas sûr de c’qu’y fait avec ça… »

Le biographe arsoudit aussitôt chez Mytton pis le trouva dans son lit avec les six couteaux : 

– Heeeeille, mon chuuuuum, qu’est-ce tu fais-là don, avec ça? demanda-t-il, doucement, soucieux de pas le brusquer.
— Oh, t’es là! Viens icitte, m’as te montrer! répondit Mytton avec le sourire pis une tite lueur fiévreuse dans l’œil.
— Je, euh, ch’pense que j’vas rester icitte proche d’la porte, si ça te dérange pas…
— M’as nous rendre riches! Tu sais pas c’que je viens de découvrir? Ces couteaux-là, là, y’enlèvent le feu de d’dans la chair…
— Euh, ok, ouin…

Heureusement, ça prit pas grand chose pour le convaincre de lâcher les couteaux pis de s’coucher. 

Pas longtemps après, même le biographe sait pas trop comment, Mytton fut ramené en Angleterre sous prétexte de signer la vente du dernier boutte de terrain qu’y lui restait. 

Mais, dès qu’y mit l’pied en sol anglais, y fut arrêté pis jeté en prison.

À c’te moment-là, y tenait pu pantoute su ses pattes. Pire, y d’vint paralysé des extrémités. Y filait tellement pas que le directeur d’la prison fit venir sa mère à son chevet. Pis un jour, pouf, y s’éteignit comme une chandelle qui s’étouffe dans sa propre cire fondue. Y’avait 38 ans. 

C’est pu qu’une vie bizarre, hein? Ch’rais ben curieuse de savoir c’qu’un psychologue dirait de Mytton. Une chose est sûre, entécas, c’est que Mad Jack a vécu comme si y’avait jamais su où était l’brake – même si sa famille, ses amis, ses docteurs, tout l’monde y pointait avec une grosse flèche rouge pis l’implorait de peser d’ssus.


Source :

Nimrod (1837). Memoirs and Life of John Mytton, Esq. of Halston, Shropshire. M.P. for Shropshire, High Sheriff for the Counties of Salop & Merioneth, and Major of the North Shropshire Yeomanry Cavalry. With His Hunting, Shooting, Driving, Racing and Extravagant Exploits

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