
N’écoutant que sa brimballe, Henry, dès lors, eut juste une idée en tête : se débarrasser de sa femme Catherine. Y’avait juste un tout petit problème : le pape.
En 1525, le roi Henry VIII d’Angleterre commençait à capoter : avec sa femme, la reine Catherine d’Aragon, il avait eu une fille, Mary, mais aucun gars. Et comme la reine rajeunissait pas (à 40 ans, elle avait cinq ans de plus que son mari), ça commençait à presser pour avoir un héritier mâle.
(En fait, c’est Henry qui avait le piton collé sur un gars. En Angleterre, les femmes avaient le droit d’hériter de la couronne. Mais comme la dernière fois, 400 ans avant, ça avait fait une guerre civile, ça lui tentait pas trop que ça arrive.)
« Quessé je pourrais ben faire? se demandait le roi. Hm. Je pourrais reconnaître un de mes bâtards comme fils légitime. Ou, je pourrais marier ma fille Mary au plus crisse, pour qu’a me fasse un petit‑fils. Ou bedon… Je pourrais flusher Catherine pis en marier une plus jeune? »
Pour Henry, qui était encore tout fringant, rougeaud et dans la fleur de l’âge, c’était de loin la solution la plus tentante. Surtout que, depuis une secousse, il y avait une petite brune qui lui faisait un gros effet : Anne Boleyn, une belle fille sophistiquée, éduquée en France, avec ben des talents pis de la jarnigoine.
Henry s’était déjà tapé plusieurs fois sa sœur, Mary Boleyn. Mais Anne, elle, voyait plus grand qu’être juste la maîtresse du roi. Quand Henry commença à lui faire des avances, Anne répondit :
« Ah, Votre Majesté, vous êtes ben fin pis je suis ben flattée, mais si vous voulez du nanane, va falloir m’épouser. »
N’écoutant que sa brimballe, Henry, dès lors, eut juste une idée en tête : se débarrasser de sa femme Catherine. Y’avait juste un tout petit problème : le pape.
Parce que, ouais, dans ce temps-là, le pape avait toujours le nez fourré dans les affaires des familles royales, jusque dans leur chambre à coucher. S’il décidait de pas t’accorder une dispense pour marier ta cousine, ben tu mariais pas ta cousine. Pis s’il décidait qu’il te laissait pas divorcer, ben tu divorçais pas.
Au début, Henry essaya de jouer dans les règles. Il demanda au pape Clément VII d’annuler son mariage avec Catherine. Son prétexte? C’était la femme de son frère – elle avait d’abord marié le frère aîné d’Henry, Arthur, mais il était mort même pas six mois après.
« Monsieur le Pape, là, vous rendez-vous compte? chigna le roi. Le Lévitique* dit que c’est pas correct de marier la femme de son frère! Ça fait 14 ans que je vis dans le péché pis je me sens tout sale! Ark! L’ancien pape aurait jamais dû laisser faire ça! Annulez-moi ça tusuite, ce mariage‑là! »
Clément VII fut pas convaincu :
« Ben essayé, mon grand, mais fais pas ton hypocrite : la femme de ton frère, elle a fait ben ton affaire pendant tout ce temps‑là, pis là, ça serait pu correct? Je le sais ben que tu veux juste t’enfiler une petite jeune, faique sèche. »
Henry convainquit quand même le pape de lui envoyer un représentant et d’établir un tribunal ecclésiastique en Angleterre, où la pauvre Catherine d’Aragon, pour se défendre, dut dire devant tout le monde qu’elle avait jamais couché avec son premier mari, qu’elle était la femme légitime d’Henry, pis que personne allait la tasser pour la mettre dans un couvent.
Après, le représentant du pape repartit à Rome, en disant :
« Bon, ben j’ai tout ce qui me faut! Je vous rappelle quand j’ai du nouveau. »
Mais, il n’y eut jamais de nouveau. L’affaire tomba dans les limbes, pis le pape rappela jamais.
Rendu là, Henry attendait depuis sept ans et était sur le bord d’exploser. Il prit alors une décision qui allait changer la face de l’Angleterre pour toujours :
« Ah, pis, le pape peut ben manger de la marde : je pars une nouvelle religion, ça va être moi le grand boss, pis personne va m’empêcher de divorcer de ma femme pis de marier Anne. »
C’était le début de la religion anglicane.
L’anglicanisme pour les nuls L’anglicanisme est une religion protestante dont le chef est pas le pape, mais le souverain d’Angleterre (faique de nos jours, c’est Elizabeth II). Si c’est Henry VIII qui a coupé les ponts avec l’Église catholique (à coups de hache forgée dans le feu de sa libido infernale), c’est sa fille Élizabeth qui a fondé la religion anglicane pour de bon. Entre autres, dans l’anglicanisme, il y a juste deux sacrements (le baptême et la cène), les pasteurs peuvent se marier, on croit pas que les hosties, c’est vraiment des bouttes de Jésus, pis ya juste la foi, et non les bonnes œuvres, qui fait mériter le ciel. |
Drette là, Henry crissa la pauvre Catherine dehors et donna ses appartements à sa nouvelle flamme. Le couple se maria en douce, et Anne tomba vite enceinte. Le p’tit gars tant attendu?
C’est ben de valeur, mais : non. Le 7 septembre 1533, c’est une petite fille qui est née. Henry était loin de giguer de bonheur, mais quand même, il nomma la petite Elizabeth en l’honneur de sa mère et se dit qu’Anne était encore jeune pis qu’elle pourrait se reprendre.
Or, Henry commençait déjà à déchanter. Pour lui, la jarnigoine chez une femme, c’était ben l’fun dans le temps des chuchotements pis des frissons dans les coins sombres, mais là, les opinions de sa nouvelle femme sur à peu-près toute, de la politique à la religion, commençaient à lui taper sur les nerfs. Anne avait la mèche courte en plus, faique ils passaient leur temps à s’astiner.
À boutte de voir Henry courailler partout, Anne piquait une crise épouvantable à chaque nouvelle maîtresse (crache en l’air, r’tombe su’l nez?). Pis elle était baveuse : un m’ment’nné, elle alla même jusqu’à insinuer que, si elle avait pas encore eu de fils, c’est parce qu’Henry manquait de vigueur en dessous des couvertes. À part de ça, avec sa tendance à péter plus haut que le trou et son influence de plus en plus grande à la cour, elle avait commencé à se faire des ennemis, qui auraient préféré une reine potiche.
Comme si ça allait pas assez mal de même, Anne fit deux fausses couches. Là, Henry en eut son tas; pour lui, c’était comme une trahison. Il commença même à s’informer auprès de ses plus proches conseillers, voir si c’était possible de domper Anne sans être obligé de revenir avec Catherine.
Le dernier clou dans le cercueil arriva sous la forme d’une jolie blonde appelée Jane Seymour. Nunuche et inoffensive, elle était beaucoup plus facile à vivre qu’Anne. Astheure qu’Henry avait un plan B, c’était juste une question de temps avant qu’Anne prenne le bord. Pas longtemps après, on commença à s’organiser pour la faire disparaître (qui était vraiment en arrière de tout ça? On le saura jamais).
À la fin d’avril 1536, cinq hommes, dont Georges, le frère d’Anne, furent arrêtés et accusés d’avoir couché avec la reine. Le 2 mai, Anne fut arrêtée à son tour et accusée d’adultère, d’inceste, de haute trahison, de sorcellerie, extra bacon, un chausson avec ça?
Même si les preuves contre eux-autres étaient minces comme de la peau de pet, Anne et les cinq hommes furent condamnés à mort. La sentence pour les femmes déclarées coupables de trahison était le bûcher, mais on fit une exception pour Anne : elle allait être SEULEMENT décapitée, pis pas par n’importe quel gros bourreau poilu avec une hache, mais par un expert français réputé pour faire des belles coupures propres avec une épée (y’a pas de sot métier, hein). Anne aurait d’ailleurs déclaré :
« J’ai entendu dire que le bourreau était ben bon, pis j’ai un p’tit cou de poulet, haha. »
Anne fut exécutée le 15 mai 1536. Drette le lendemain, Henry se fiançait à Jane Seymour. Pis dix jours après, ils étaient mariés.
Maudit écœurant.
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*C’est un livre de la Bible.
WoW très original, tout un style et très divertissant!
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Je suis mort de rire part ces expressions typiquement québécoises, good job boys/girls👍
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Merci ^_^
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