La légende de Marie de Montpellier

Je l’dirai jamais assez souvent : au Moyen-Âge, pour la noblesse, y’avait rien de plus important qu’un héritier. Déjà que ça prend pas grand-chose de nos jours pour que ça vire en échauffourée chez l’notaire, dans l’ancien temps, on était toujours à une chaise vide d’la guerre civile. Mais c’qui m’énarve, dans toute ça, c’est la maudite obsession pour le zouiz.

Ben oui!

Quand ça leu z’était pas carrément interdit de succéder (ch’t’argarde, la France, avec ta loi salique niaiseuse), les femmes devaient toujours se battre pour leux droits, parce qu’y avait toujours une gang de bonshommes pour dire : « On peut pas laisser une créâture hériter, ça fait du trouble ».

C’que c’te gang de jambons ont jamais eu l’air de réaliser, c’est que ça fait du trouble parce que c’est EUX-AUTRES MÊMES qui le font, le trouble!

Parlez-en à Marie, seigneuresse de Montpellier pis reine d’Aragon, née en 1142 pis morte en 1213. Le contrat de mariage à ses parents disait noir su blanc qu’a d’vait hériter d’la seigneurie à son pére, mais malgré ça, les hommes de sa vie ont pas arrêté d’y mettre des bâtons dins roues : son pére lui-même l’a mariée à un bonhomme de quatre fois son âge pour s’en débarrasser, son demi-frére a profité d’la lenteur d’la bureaucratie papale pour la déposséder, pis son troisième mari a essayé d’la contrôler, y’a vu que ça marchait pas, faique y’a fini par arfuser complètement d’la voir – c’qui l’a forcée à prendre des moyens pas trop catholiques pour concevoir un héritier.

Mais avant de s’étendre su’és légendes de couchette, commençons par le commencement. Le pére à Marie, c’tait Guilhem, seigneur de Montpellier. Sa mére, c’tait Eudoxie Comnène, la petite-nièce de l’empereur byzantin Manuel Comnène, qui s’tait en venue de Constantinople pour marier Raymond Bérenger, comte de Provence.

Sauf que dans c’temps-là, y’avait un gros frette entre Manuel, empereur romain d’Orient, pis Frédéric Barberousse, empereur romain d’Occident – le suzerain à Raymond. Faique quand Barberousse fut mis au courant des fiançailles, y décida de mettre la hache là-dedans tu’suite :

« Wôôô, toé-là! Pas question qu’tu marises la p’tite byzantine. Comnène me fait assez chier d’même sans que j’le laisse fricoter avec mes vassaux sans rien dire. »

Ayant eu vent de t’ça, Guilhem de Montpellier se s’rait pointé au port de Lattes, qui faisait partie de sa seigneurie, pour accueillir Eudoxie pis y’aurait dit :

« Bien l’bonjour, Bebé! Heille, j’ai une bonne pis une mauvaise nouvelle pour toé. La mauvaise, y’a pas 36 façons de le dire, mais t’es dompée. La bonne, ben… C’est que moé, chus célibataire! »

Pour sauver la face pis pour pas s’artrouver tu’seule sans amis en terre étrangère, Eudoxie eut pas ben ben l’choix d’marier Guilhem. Pis c’t’union-là stressait pas vraiment l’empereur Barberousse, vu que Guilhem était un joueur de ligue mineure comparé à Raymond de Provence.

Dans le contrat d’mariage, c’tait ben écrit que leu premier-né, gars ou fille, hériterait d’la seigneurie de Montpellier. C’tait quand même une grosse condition, pour l’époque! Qu’est-ce qui put ben pousser Guilhem à accepter ça? Premièrement, les troubadours du temps appelaient Eudoxie « le chameau doré à l’empereur Manuel », pis y parlaient pas de sa face : y parlaient de la christie de grosse dot qui v’nait avec. Pis, deuxièmement, Guilhem, en bon macho, avait aucun doute qu’y pouvait pas engendrer autre chose qu’une trâlée de p’tits gars vigoureux.

Faique quand Eudoxie accoucha d’la p’tite Marie, ça fit pas son affaire pantoute! Y’espéra qu’a y donne un bébé garçon par-après, c’qui y’aurait donné les moyens de moyenner; mais, cinq ans plus tard, ça avait pas l’air de s’enligner comme ça. Faique y prétexta qu’Eudoxie avait turluté d’manière inappropriée avec un troubadour – certainement pas un qui l’avait traitée de chameau! – pour l’envoyer végéter dans un monastère pis s’accoter avec une autre qui, elle, allait pouvoir y donner le zouiz tant espéré.

Agnès de Castille, la nouvelle blonde à Guilhem, donna son 110 % dans sa nouvelle job : non seulement a l’eut un garçon, appelé Guilhem comme son père, drette du premier coup, mais a l’eut huit autres enfants par après.

Là, la pauvre Marie s’artrouvait pour ainsi dire dins jambes de tout le monde : son pére voulait que son petit zouiz flambant neuf y succède, pis Agnès voulait se débarrasser d’elle pour assurer son avenir pis celui à son fils.

La solution, c’tait d’la marier au premier du bord – un bonhomme de 40 ans, le vicomte Barral de Marseille – pis de glisser dans le contrat de mariage une clause comme de quoi Marie arnonçait à la seigneurie de Montpellier.

À dix ans, Marie était complètement vulnérable pis y’avait rien de t’ça qui était d’sa faute, mais ça devrait vous faire réfléchir pareil : faut toujours lire les modalités de service écrites tout petit qui finissent pu avec une case à cocher à’fin. On sait jamais! Vidéotron pourrait aussi ben arsoudre pour ramasser votre chien pis votre laveuse!

« Heureusement » pour Marie, Barral péta au frette même pas un an après le mariage, pis a put artourner chez son pére pis sa belle-mère. Pis là, comme la clause de renonciation à la seigneurie faisait partie du contrat de mariage pis qu’y avait pu de mariage, Marie ardevenait l’héritière.

Son pére pis sa belle-mére étaient en maudit :

« A l’arvient, la p’tite torrieuse! Vite, ça y prend un autre époux! »

Faique en 1197, à l’âge de 15 ans, Marie épousa le comte Bernard de Comminges, un répudiateur en série qui v’nait yinque de domper sa troisième femme. Pis comme la dernière fois, Marie dut arnoncer sur papier à la seigneurie de Montpellier.

Guilhem pis Agnès se pensaient enfin débarrassés, mais y’avaient été un peu naïfs. Un an après les noces, Marie accoucha d’une p’tite fille, pis Bernard artomba tu’suite dans ses vieilles habitudes : déjà, y voulait répudier Marie.

Mais vu que l’évêque de Comminges répondit à Bernard que pour une fois, y’allait d’voir s’endurer pis garder la même femme plus que trois secondes, y décida de faire étriver Marie jusqu’à ce qu’a s’en aille d’elle‑même.

Guilhem pis Agnès capotèrent ben raide en la voyant artontir :

« Voyons! Encore elle! Agnès, passe-moé la tapette à mouches, du pouche-pouche, quequ’chose! »

Y pédalèrent donc en maudit pour que Bernard arprenne Marie. Guilhem porta même plainte au pape contre son gendre pour non-respect du contrat de mariage, dans l’idée d’obtenir une injonction pour forcer sa fille à r’tourner chez son mari agresseur.

Ahh, le bon vieux temps.

Entécas, un an plus tard, Marie artourna à Comminges, pis pas longtemps après, a l’eut une deuxième fille.

Mais la relation entre Marie pis Bernard était irrémédiablement scrappe; le pape eut beau menacer Bernard d’excommunication, y se séparèrent quand même en 1202.

Vu que Marie était divorcée, son contrat de mariage était pu valide, faique c’est en tant qu’héritière légitime qu’a l’arvint à Montpellier.

Sauf que son pére, mourant, avait toute faite en son pouvoir pour l’empêcher d’y succéder. Y’avait envoyé deux émissaires au pape pour y demander de faire de Guilhem fils son héritier légitime, ce à quoi l’pontife avait répondu :

« Ouin, mais c’est pas simple de même. Faudrait que ch’commence par voir si ton mariage avec Eudoxie était légitime ou pas… »

Pas satisfait, Guilhem pére envoya un autre émissaire pour inciter l’successeur de saint Pierre à s’ôter les mains d’su l’beigne, mais la décision était toujours pas prise quand y trépassa.

Qu’à cela n’tienne : y’avait fait un testament désignant le jeune zouiz comme héritier, pis au yâble le pape. Guilhem fils, 12 ans, devint donc le nouveau seigneur de Montpellier, sous prétexte que Marie avait jamais officiellement divorcé de Bernard, faique le contrat de mariage continuait de s’appliquer.

Marie était encore dépossédée! Mais, pas longtemps après, toute vira mystérieusement boutte pour boutte. J’dis mystérieusement parce qu’on sait pas pantoute c’qui s’est passé, à part que :

  1. au printemps 1204, Guilhem fils se fit crisser dehors de Montpellier avec sa mére pour pu jamais arvenir;
  2. queques temps plus tard, Marie devint officiellement seigneuresse de Montpellier;
  3. le 15 juin 1204, Marie épousa le roi Pierre d’Aragon, apportant au mariage la seigneurie de Montpellier, pis devint reine d’Aragon.

Pour vrai, c’est toute. On sait pas si y’a eu de la violence, on sait pas si Marie a décidé de prendre les choses en main, si elle a eu de l’aide, rien. L’historien Henri Vidal, lui, y dit que c’est le roi Pierre d’Aragon qui avait toute manigancé pour mettre la patte su Montpellier :

« C’pas compliqué : ch’tasse le flo, j’mets la greluche à sa place, pis une fois qu’est ben installée comme seigneuresse, ben j’l’épouse pis j’ramasse le beurre pis l’argent du beurre! »

C’qui a l’air de donner raison à Vidal, c’est que quand Pierre pis Marie eurent une fille, Sancha, Pierre attendit même pas que la p’tite commence à faire ses dents pour la fiancer au comte de Barcelone… avec une belle p’tite clause dans le contrat :

— Pierre…? J’viens d’apprendre de quoi, mais avant de pogner les nerfs, j’voudrais l’entendre de ta bouche à toé.
— Quoi, don?
— T’as-tu fiancé la p’tite pis tu y’as-tu donné ma seigneurie comme dot sans m’en parler?
— Bah oué.
— Piiiis, qu’est-cé qui t’a faite penser que tu pouvais m’jouer dans l’dos d’même?
— J’ai l’doua. On est mariés, pis c’qui est à toé est à moé.
— Ben non! Montpellier est à MOÉ. C’est MA seigneurie. T’as pas d’affaire à prendre des décisions d’même comme si ch’tais déjà morte!
— Y’a d’quoi que t’as pas compris, toé. T’es ma feume pis tu fais c’que j’dis. D’ailleurs, faut que tu signes le papier, là. Aweille, fais pas ta germaine, ok?
— Va chier, Pierre! J’signerai jamais ça, pis tu peux pas m’forcer!
— Argarde ben, là : si tu signes pas l’contrat, tu vas t’enrtourner chez vous pis t’arranger avec tes troubles, parce que moé, une seigneurie ou une créâture que ch’peux pas faire c’que j’veux avec, ben j’veux rien savoir.

Indignée ben raide, Marie alla voir ses conseillers, qui eurent pas des bonnes nouvelles à y donner :

« Ouin, ça m’fait d’la peine de vous dire ça, Madame, mais vot’mari a raison : à c’t’heure que vous êtes mariés, y peut faire c’qu’y veut avec vous pis avec vos affaires. »

Marie avait le bras ben tordu, faique a décida de signer, mais a mit ça clair pour tout l’monde qu’a faisait pas ça de son plein gré :

« C’te contrat-là par rapport aux fiançailles à ma fille a comme effet d’me lessiver complètement, pis si je l’signe aujourd’hui, c’est yinque parce que j’ai été contrainte pis forcée par les menaces dégueulasses du roi mon mari; aussi ben dire que j’ai été crucifiée! »

Finalement, toute c’te conflit-là eut pu d’raison d’être parce que la p’tite Sancha mourut avant ses deux ans. C’tait tragique, mais ça permit à Marie de récupérer Montpellier.

Le roi pis la reine d’Aragon étaient pas réconciliés pour autant, par’zempe : Marie pardonnait pas à Pierre, pis Pierre, voyant qu’y avait pas marié une p’tite créâture docile qui le laissait faire comme y voulait, y commença des démarches pour faire annuler l’mariage au motif que Marie avait jamais vraiment divorcé de Bernard de Comminges. Y’était tellement décidé à flusher Marie qu’y était déjà après envoyer des émissaires à Marie de Montferrat, l’héritière du royaume de Jérusalem, pour voir si ça y tenterait pas de devenir la nouvelle Madame Pierre.

À partir de là, Marie pis Pierre vécurent séparés : Pierre campé à la frontière de Montpellier en attendant la décision du pape, pis Marie à son château de Mireval.

Pis là, ben… Y s’passa d’quoi : une nuite, queque’part, Pierre pis Marie couchèrent ensemble, Marie tomba enceinte, pis a l’eut un p’tit gars qu’a l’appela Jacques.

Là, j’vous arrête tu’suite : le bebé à Marie était bien celui à Pierre. À sa naissance, ça faisait déjà deux ans que le roi pis la reine d’Aragon vivaient séparés, pis Pierre l’arconnut comme le sien; si y’avait pas couché avec Marie dans c’te temps-là pis que les dates avaient pas fitté, ben sûr qu’y aurait dit que le p’tit était pas à lui.

Faique COMMENT un homme pis une femme qui pouvaient pu s’voir en peinture pis qui faisaient pu vie commune depuis un boutte purent en v’nir à passer une nuite torride en pleine procédure d’annulation de mariage? Ça enflamme l’imagination, pis chus sûre que vous avez déjà la calotte qui chauffe.

L’explication la plus plate est que les deux se sont bouché l’nez pis ont faite leu d’voir, mais ça a pas empêché les historiens du temps de s’en donner à cœur joie avec leux hypothèses. On s’artrouva donc avec plusieurs versions de l’histoire, mais y’en a une en particulier qui est restée, pis c’est ça qui a donné « la légende de Marie de Montpellier ».

Avec la chicane entre Marie pis Pierre, y s’concevait pas de p’tit prince, pis ça commençait à presser.

Faique quequ’un – y’en a qui disent les consuls de Montpellier, y’en a qui disent Marie elle-même – décida de prendre les choses en main. Comme y’avait aucune chance que Pierre embarque volontairement dans le litte de sa germaine de femme, y fallait y’en passer une p’tite vite.

Pierre courtisait une belle p’tite pitoune, une certaine Béatrice (ou Catherine, ça dépend de la version). À c’te moment-là, Béatrice avait pas encore cédé à ses avances. Faique les consuls convainquirent un des chevaliers du roi d’y apporter un faux message de la part de la fille :

« Dans une semaine, Vot’Majesté, j’vas v’nir vous trouver dans votre chambre. Mais chus ben gênée pour ma vertu, faique va falloir qu’on fasse ça dans l’noir dans dire un mot pour pas qu’le Seigneur s’en rende compte. »

L’idée, c’tait que Marie se fasse passer pour Béatrice pour coucher avec Pierre sans qu’y s’en aperçoive. Ça, en passant, ça s’appelle un viol. Mais, mettons que l’idée de consentement était pas hyper développée au 13e siècle.

Entécas, Pierre était tellement pressé d’avoir son nanane qu’y se méfia pas; le rendez-vous était pris.

Les Montpelliérains avaient yinque UNE CHANCE d’avoir un héritier qui les empêcherait de s’artrouver en mains étrangères après la mort de Marie. Faique y mirent le paquet : toute la semaine avant, y prièrent; la veille, y jeûnèrent; pis pendant, on leu z’avait dit d’aller à l’église, où-ce que les clercs allaient dire des messes pour la réussite du royal coït.

Pas de pression pantoute, hein?

Le soir de, la reine enfila une cape de madame mystérieuse et alla discrètement trouver le roi. En faite, oubliez ça, la discrétion, parce qu’a l’était accompagnée par 12 consuls, 12 chevaliers et notables, 12 dames, 12 demoiselles, deux notaires, le représentant de l’évêque, deux chanoines pis quatre religieux! Y’avait tellement d’monde en avant d’la porte à Pierre qu’on se s’rait cru en pleine visite guidée au fort de Chambly organisée par le club de l’âge d’or de Repentigny.

Mais, faut crère que toute c’te monde-là étaient ben, ben discrets, pas grippés pis avaient mis des pantouffes en phentex, parce qu’y passèrent la nuite dans l’corridor sans un maudit bruit, un ciarge dins mains, pendant que Marie pis Pierre faisaient leu z’affaire. Sûrement qu’y s’étaient apporté du popcorn aussi.

À l’aube, la délégation au complet rentra dans’chambre. Pierre fit un méchant step!

« Saint simonac, qu’est-cé ça! Vous êtes-qui, vous autres? Marie?!? Qu’est-cé tu crisses là? Est où, Béatrice? Voyons donc! »

Tandis que Pierre faisait la danse de Saint-Guy en essayant de mettre ses culottes à la va-vite, les deux notaires rédigeaient ben frettement un acte de toute c’qui s’était passé. C’qu’y est sûr, c’est qu’y manquaient pas de témoins!

« Ah, pis mangez don toutes de l’astie d’marde! » cria le roi en sacrant son camp pour de bon.

Entécas, soit Marie avait un timing impeccable, soit les prières pis les ciarges avaient fait leu job, parce que neuf mois plus tard, la seigneuresse de Montpellier accoucha en 1208 d’un p’tit gars qu’a l’appela Jacques.

Malheureusement, a l’avait pas fini d’se battre : quand y’arconnut le bebé comme le sien, Pierre l’enleva à sa mère pour le faire éduquer ailleurs pis le fiancer avec la fille d’un de ses alliés – en leu donnant la seigneurie de Montpellier en cadeau d’noces, yinque pour faire chier Marie.

À boutte, Marie se rendit à Rome pour que le pape ordonne à Pierre d’arrêter ses niaiseries pis la confirme une fois pour toutes comme seigneuresse de Montpellier. En janvier 1213, le pontife rendit un jugement qui y donnait raison su toute la ligne : le mariage à ses parents était valide, faique son demi‑frére était illégitime; son mariage avec Bernard de Comminges avait jamais été valide parce qu’y avait jamais divorcé de ses autres femmes, donc son mariage à Pierre était légitime; a l’était l’unique seigneur de Montpellier, pis son fils Jacques était l’héritier de Montpellier pis de l’Aragon.

Mais, avant même qu’a puisse artourner chez elle pour profiter de sa victoire, Marie rendit l’âme à l’âge de 30 ans. C’tait tellement vite après le jugement du pape en sa faveur qu’y en a beaucoup qui dirent que Pierre l’avait faite empoisonner.

Peu importe : Pierre II d’Aragon mourut su’l champ de bataille pas longtemps après, pis de toute façon, Marie de Montpellier avait gagné le combat de sa vie, malgré toutes les bâtons qu’on y’avait mis dins roues. A lâcha jamais le morceau, envers et contre toute, alors que ça aurait été tellement facile de juste farmer sa yeule pis se contenter d’être la femme d’un roi. A l’était peut-être pas douée de zouiz, mais a l’avait une volonté de fer! 


Source : Christian Nique, « Les deux visages de Marie de Montpellier », Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, 2013.