Avant la Guerre des Deux-Roses, partie I
Avant la Guerre des Deux-Roses, partie II
La Guerre des Deux-Roses, partie I
La Guerre des Deux-Roses, partie II

Qui qui veut le darnier morceau d’sucre à’crème avant qu’on r’commence? Toé? Aweille, gâte-toé mon pit!
Bon.
Faique là, pendant qu’Henri VI, Marguerite pis leur p’tit gars étaient réfugiés en Écosse, Édouard, avec son air de jeune premier, était su son erre d’aller, comme Pierre Lambert qui vient de gagner la coupe Stanley dans Lance et Compte.
Ben sûr, un ti peu partout, y restait des poches de monde fidèles à Henri, faique y dut passer une couple d’années à se promener dans l’royaume pour effoirer les têtes de cochon qui refusaient encore de l’accepter comme roi. Mais à part ça, avec Warwick qui s’occupait des affaires politiques pis diplomatiques, ça allait pas pire ben.
C’qu’Édouard savait pas, par’zempe, c’est qu’y s’apprêtait à faire une rencontre qui allait foutre le bordel dans ses culottes, dans son cœur, dans sa relation avec Warwick pis dans l’royaume au complet.
Un jour, notre jeune roi passa par chez Richard Woodville, un p’tit chevalier de campagne pas trop important qui avait faite la guerre du bord des Lancastriens, mais qui avait juré fidélité à Édouard par après. Avec sa femme Jacquette – oui, Jacquette; au moins, c’tait pas Bobette – y’avait 12 enfants. Dans un temps où accoucher, c’tait comme jouer à la roulette russe, pis que les flos mouraient aussi facilement que des minous d’grange, c’tait un exploit.
La plus vieille, Élizabeth, était veuve avec deux p’tits gars. Mais là, par « veuve », pensez pas « vieille fripée » : elle avait 26 ans pis c’était une belle blonde au regard de renarde. Quand Édouard l’aperçut, la yeule y tomba à terre :
« WATATATOW! Méchant pétard! J’y f’rais pas mal en estie! »
Faut dire qu’Édouard était un coureux de galipote de classe mondiale. Y s’arrêtait JAMAIS, y’était TOUJOURS fourré quelque part, pis y s’interdisait AUCUNE bassesse pour avoir c’qui voulait, jusqu’à promettre le mariage contre une petite culbute prémaritale avant de domper prestement la pauvre dame en peine. Pis là, le zuiz royal pointait impérieusement en direction d’la belle Élizabeth comme un bâton de sourcier vers une arsource.
Habitué d’avoir c’qui voulait, notre courailleux couronné essaya ses tactiques habituelles :
— Chère madame, ça vous tenterait-tu de passer par ma chambre après souper, pis, tsé veut dire?
— Vot’Majesté, vous m’honorez pis toute, mais, non merci.
— J’ai mon voyage! Comment ça, don?
— Faut que je couche les p’tits, là, pis j’ai des affaires à faire.
— Les servantes s’en occuperont! Bebé, envoye don!
— Vot’Majesté, j’m’excuse, mais c’est non.
— T’es pas barrée en crisse de me dire non! Chus ton roi, tsé.
— Ben c’est justement! Chus yinque la fille d’un chevalier, mais même si chus trop humble pour être votre reine, chus trop bonne pour être votre guidoune!
Édouard resta frette en astie, mais y’avait compris le message. Pis comme les gosses étaient sur le bord d’y exploser, y maria secrètement Élizabeth pendant une p’tite cérémonie avec yinque le curé pis la mère de la mariée. Secrètement, parce qu’y savait que ça f’rait pas plaisir à son cousin Warwick. Tellement que quand y l’arvit, cinq mois après son mariage avec Élizabeth, y l’avait pas encore dit à parsonne.
— Heille Édouard! Tu crairas pas à ça! Ch’t’ai trouvé un christi d’bon parti pour ton mariage! A s’appelle Bonne, c’est la fille du duc de Savoie pis c’est la belle-sœur du roi d’France, faique a l’a les relations qu’y faut pis toute! C’est malade!
— Ouin, euh, Ritch? Faut j’te dise de quoi…
— Hein? — C’parce que… Chus déjà marié.
— QUOI?!
Hih cibole. Warwick était en TABARNAK.
« Voyons donc! Qu’est-cé qui t’a passé par la tête? La fille d’un CHEVALIER! Pourquoi t’as pas marié la fille qui torche les planchers, tant qu’à faire? C’tu une sorcière pis a t’a jeté un sort, coudonc? En plus, là j’ai l’air d’un astie d’cave en avant du roi d’France pis du duc de Savoie! Qu’est-cé qu’mas leu dire, là? »
Fâché ou pas, y dut avaler son étron. Élizabeth était là pour rester. Ça serait p’t-être pas allé plus loin si Élizabeth avait pas eu une christie de grosse famille.
Tsé, quand un roi a yinque une couple de beaux-frères pis de belles-sœurs, y’en nomme un comte de quequ’chose pis y’en marie une au duc de d’quoi d’autre, pis tout le monde est content. Mais là, avec 11 frères et sœurs à accommoder, ça commençait à faire pas mal de monde qui s’pognent toutes les richesses pis les privilèges, bourdonnent autour du roi pis sapent l’influence à Warwick.
Premièrement, Jean, le frère de 19 ans à Élizabeth, se maria avec la duchesse douairière de Norfolk, une increvable madame de 60 ans, déjà trois fois veuve pis crissement riche. Warwick fut ben choqué, parce que la duchesse se trouvait à être sa matante, pis vu qu’y avait pas de fils, y’avait espéré ramasser l’motton en la mariant avec son neveu.
Deuxièmement, Warwick avait dans l’idée de marier Isabelle, sa plus vieille fille, avec le duc de Buckingham, mais à la place, Édouard décida de le marier avec Katherine, la p’tite sœur à Élizabeth. Comble de la claque su’a yeule, Édouard refusa de laisser Warwick marier Isabelle avec Georges, duc de Clarence, son frère pis l’héritier du trône tant qu’Élizabeth accoucherait pas d’un gars.
Troisièmement, Édouard décida de slaquer l’archevêque d’York – frère de Warwick – de sa job de chancelier.
Pis finalement, Édouard décida de marier sa sœur Marguerite avec le duc de Bourgogne, l’ennemi juré du roi de France, tandis que Warwick voulait une alliance avec les Français.
« Heille, ça va faire, là! P’tit crisse d’ingrat! J’fais un fou d’moé jusqu’en France à cause de lui! C’est moé, MOÉ qui l’a mis su’l’trône pis c’est d’même qui m’armarcie? C’est les asties de Woodville qui l’ont monté contre moé! C’tes maudits parvenus-là, y vont savouère c’est qui l’boss icitte! »
Faique Warwick se lança dans une série de magouilles pour arprendre le contrôle.
Y commença par attiser une rébellion dans l’nord du royaume. Pendant qu’Édouard n’avait plein les bras avec ça, y’en profita pour marier sa fille Isabelle avec Georges, comme y’avait voulu. Après ça, y s’en alla arjoindre les rebelles.
À la bataille d’Edgecote, l’armée à Édouard fut effoirée, pis lui y fut capturé. Le père pis le frère à Élizabeth – le même qui avait marié la vieille duchesse, là – furent décapités. Clairement, Warwick s’était gâté :
« Quins mes asties! C’est ça qui arrive quand on reste pas à sa place dans’vie! »
Mais bon. La rébellion fut un pétard mouillé, pis Warwick, voyant que sans le roi, l’bordel pognait solide dans le royaume, y’eut pas trop l’choix de le libérer après y’avoir fait promettre de faire c’qu’y disait à l’avenir. Là, c’tait au tour d’Élizabeth d’avaler son étron :
— Ben voyons, Édouard! Y se rebelle contre toé, y tue mon père pis mon frère, y t’enferme, pis toé, tu le laisses faire pis toute est beau? Pis ton codinque de frére, là, qui s’marie dans ton dos!
— Coute ben, ma femme, c’tu veux que ch’fasse? Y’est trop fort. Si y s’arvire contre moé pour vrai, pas sûr que j’vas être capable de gagner; y’a encore trop d’monde de fidèle à Henri, surtout dans l’nord. On va être fins un boutte, là, l’temps d’l’amadouer, pis après ça ça va être correct. Pis pour Georges, là, t’aussi ben de t’nir ça mort. C’qui est faite est faite, hein?
— Ciboire, messemble de m’voir, après faire des risettes à Warwick pis à sa femme comme si y’était rien arrivé!
Sauf que Warwick était toujours pas content. Même pas un an après, y s’armit à grenouiller.
Quand une autre rébellion éclata, le roi se méfia même pas pis demanda à son cousin pis à son frère de rassembler des troupes pour aller river le clou aux rebelles. Warwick avait le même plan que la fois d’avant, sauf que là, y voulait mettre Georges à la place d’Édouard su’l trône. Mais là, Lord Welles, un des rebelles, pissa dans ses culottes pis bavassa toute à Édouard, qui put se préparer comme faut pis crisser une volée aux rebelles pis à Warwick à la bataille de Losecote Field. C’te fois-là, y’avait pas de raccommodage possible : comme Georges pis Warwick avaient réussi à se sauver, Édouard les fit déclarer « rebelles et traîtres », pis y’allèrent se réfugier en France. Sauf que pensiez-vous que Warwick allait lâcher l’morceau juste de même pis aller élever des moutons d’une chaumière en Normandie? Pantoute. À ce moment-là, y’était prêt à toute – TOUTE – pour récupérer l’pouvoir pis faire chier Édouard pis Élizabeth. Faique y’alla voir une vieille ennemie :
— Hé ben, qu’est-cé ti pas qui vient s’mettre à quatre pattes en avant d’moé parce que les affaires ont pas viré à son goût?
— Madame Marguerite, j’vous supplie de m’pardonner! J’vas vous aider à r’mettre Henri su’l trône!
Depuis l’temps, Marguerite était partie avec son gars demander de l’aide au roi de France. Henri, lui, était resté dans l’nord de l’Angleterre jusqu’à ce qui se fasse capturer pis parader dins rues de Londres, les pieds attachés en d’sour de son ch’fal pis un vieux chapeau de paille laitte su’a tête. Par après, y’avait été emmené à la tour de Londres, où y’était ben traité – ça servait pas à grand-chose de l’tuer, vu qu’y avait un héritier mâle en vie.
Marguerite la trouva bonne en maudit quand a vit Warwick arsoudre. A pouvait pas se permettre de passer à côté d’une offre de même, mais malgré ça, l’envie de faire étriver Warwick était trop forte : avant d’accepter sa proposition, a le fit se mettre à genoux en avant d’elle sans rien dire pendant 15 menutes.
Faique y s’entendirent pour qu’Henri artrouve son trône, avec son fils comme héritier, pis que la plus jeune à Warwick, Anne, marie le fils à Henri. Voyant que son chien était pas mal mort, Georges se contenta d’être « héritier présomptif », c’t’à dire qu’y succéderait au fils à Henri si y mourait pas de gars. Des grénailles, quoi.
Pendant c’temps-là, en Angleterre, Édouard se doutait de rien pantoute :
— Bon, une rébellion dans le Richmondshire. Faudrait ben que j’aille effoirer ça!
— T’es sûr, chéri? Messemble qu’à chaque fois qu’y a une rébellion dans l’nord, y t’arrive une marde avec Warwick… Tu trouves pas ça louche?
— Boah non, Warwick a pris son trou, là, on l’arverra pu. Fais-toé en pas, ma belle.
— Ouin… Entécas, sois prudent! J’la sens pas, c’te rébellion-là.
— Toute va ben aller. Ch’te ramène-tu d’quoi? Ça a d’l’air qu’y ont du ben bon fromage, au Richmondshire.
— Ça va être beau, merci. Ch’taime, mon amour!
— Moé’ssi, bebé.
Sauf que quand Édouard arriva là-bas, ben y n’avait pu, d’rébellion. Pu un crisse de chat.
C’tait un piège.
Pendant c’temps-là, Warwick pis Georges débarquèrent dans l’sud de l’Angleterre pis ramassèrent rapidement une armée de frustrés qui s’ennuyaient déjà d’Henri.
En même temps, Jean, marquis de Montagu, le frère à Warwick qui était resté fidèle à Édouard, changea d’bord; pogné les culottes à terre, le roi eut pas le choix de se sauver.
Avec son p’tit frère – un autre Richard – pis une gang de fidèles jusqu’au boutte, y réquisitionna des chaloupes de pêche pis traversa la mer jusqu’en Hollande.
En apprenant toute c’qui venait de se passer, Élizabeth clancha en catastrophe pour l’abbaye de Westminster avec ses trois filles pis sa mère. Dans c’temps-là, en principe, quand tu te réfugiais d’une église, personne avait le droit d’aller t’charcher. A l’était en sécurité pour tusuite, mais y’avait rien de garanti :
« Crisse, Édouard est pas là, j’sais pas y’est où ni si y’a des chances d’arvenir pis quand, ch’t’enceinte jusqu’aux yeux, le tabarnak de Warwick est après faire arcouronner Henri drette comme on s’parle, pis j’ai aucune idée de c’qui va nous arriver! Toute c’que ch’peux faire, c’est attendre pis essayer d’pas trop capoter. Astie qu’j’haïs ça… »
La suite icitte!
Sources : Desmond Seward, The Demon’s Brood : The Plantagenêt Dynasty that Forged the English Nation, 2014.
Helen Castor, She-Wolves: The Women Who Ruled England Before Elizabeth, 2011.
Philippa Gregory et David Baldwin, The Women of the Cousin’s War, 2011.
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