La Guerre des Deux-Roses, partie VII — La victoire des créâtures

Élizabeth d’York

Avant la Guerre des Deux-Roses, partie I
Avant la Guerre des Deux-Roses, partie II
La Guerre des Deux-Roses, partie I
La Guerre des Deux-Roses, partie II
La Guerre des Deux-Roses, partie III
La Guerre des Deux-Roses, partie IV
La Guerre des Deux-Roses, partie V
La Guerre des Deux-Roses, partie VI

Dins douze années qui s’taient écoulées depuis qu’son mari était mort pis que son gars Henri était parti en exil en Bretagne après la bataille de Tewkesbury, Marguerite Beaufort s’tait pas assis su ses mains en mangeant d’la crèmaglace pis en braillant. Oh que non! 

Premièrement, a s’tait armariée avec Thomas, Lord Stanley, le lord-intendant à Édouard IV. Pour s’rapprocher d’la famille royale, avoir d’l’influence pis être au courant d’toute, c’tait dur de faire mieux. En bonne plante grimpante, Marguerite avait pas mis grand temps à s’faufiler proche d’la reine, qui l’avait jusque choisie pour être la marraine à Brigitte, la plus jeune de ses filles. 

À’fin, y’était même question qu’Henri son garçon arvienne d’exil pis marie une des filles à Édouard pis Élizabeth. Sauf que comme j’vous ai dit, Édouard IV était mort, pis toute avait crissé l’camp en m’nant un train du yâble, comme la fois qu’Mononc’Poêle s’est enfargé dins marches en pleine nuite chez Pépére pis Mémére Poêle. 

Au début, Marguerite avait décidé de filer doux pis d’essayer d’s’entendre avec le roi Richard, mais a l’avait vite changé d’idée. Ça y tentait juste pas d’être fine avec un méchant mononcle tueur de n’veux. Comment faire d’abord pour ramener Henri en Angleterre?

Y restait pu yinque une solution : l’mettre su l’trône à’place de Richard. Pis ça allait passer par les femmes.

Sachant que l’ex-reine Élizabeth avait le même docteur qu’elle, Lewis Caerleon, a se servit d’lui pour y’expliquer son plan – pis c’est là qu’on les artrouve, dans le sanctuaire de l’abbaye de Westminster :

« Ça m’fend l’cœur de l’dire, Madame, mais y semblerait que Richard s’est débarrassé d’vos pauvres p’tits gars pis qu’on les arverra jamais. C’est c’que Madame Marguerite pense aussi; a trouve ça dégueulasse pis a vous offre ses plus sincères sympathies. Mais là, Madame, si vos fils sont morts… C’est vot’fille Élizabeth qu’y est l’héritière légitime du trône d’Angleterre. » 

Élizabeth d’York, une belle p’tite blonde de 17 ans avec un teint d’pétale de rose d’un verre de lait, était la plus vieille des filles à Édouard IV. Pis si y’avait eu une justice dans c’te monde de poil pis d’graines, c’est elle qui aurait été reine, tout court. Mais l’Angleterre de c’temps-là était juste pas prête à voir une créâture régner toute seule – ça allait prendre une couple de générations encore. Toute ça pour dire qu’Élizabeth pouvait pas espérer devenir reine d’Angleterre sans un mari qui f’rait l’affaire de tout l’monde. Pis c’est là que l’docteur Caerleon voulait en v’nir : 

« Faique si chus icitte aujourd’hui, c’est parce que Madame Beaufort a eu un méchant bon flash : vot’fille Élizabeth pourrait marier son gars à elle! Pensez-y : d’même, les familles York pis Lancaster s’raient réunies pis tout l’monde s’rait du même bord. On s’rait sûrement capables de faire décrisser le maudit usurpateur qui vous a volé vos fils, pis vot’fille s’rait reine d’Angleterre, comme a l’est censée, avec Henri à côté d’elle. » 

Appelons un chat un chat, là : Henri était pas un super parti pour Élizabeth fille. C’tait un exilé avec pas de titres, pas de terres, pas d’argent, rien. Pour Élizabeth mère, c’tait une astie d’chance à prendre. Mais c’est vrai que, par la fesse gauche d’la fesse gauche d’la fesse gauche, Henri était toute c’qui restait d’la branche des Lancaster, pis le meilleur espoir de mettre fin à c’te maudite guerre de cousins qui durait depuis plus que 30 ans. 

— Faique… Qu’est-cé ça vous dit?
— Dites à Marguerite que j’embarque. Tant que chus pognée dans mon sanctuaire, ch’peux pas faire grand-chose, mais on va arpendre c’qui est à nous-autres!

En apprenant par le docteur Caerleon qu’Élizabeth mère y’avait donné l’go, Marguerite partit à grenouiller comme a l’avait jamais grenouillé : a fit envoyer une grosse poche de bidous à son garçon, qui était encore en Bretagne avec son mononcle Jasper, pis a chargea Reginald Bray, un de ses employés à qui a faisait ben gros confiance, de faire le tour des nobles pour voir si, mettons qu’y avait un moyen de renverser Richard, y’embarqueraient-tu, tsé veut dire. 

Comme prévu, l’idée du mariage entre Élizabeth fille pis Henri Tudor fit l’affaire de ben du monde. Même les Yorkistes les plus fidèles, écœurés par ce que Richard avait faite à ses n’veux, étaient d’accord avec le plan. 

Pis j’sais pas si vous vous rappelez du duc de Buckingham, tsé lui qui était super crinqué pour Richard pis qui avait convaincu les autres nobles du conseil de déshériter les deux gars à Édouard IV? Fouillez-moé pourquoi, mais y décida d’arvirer sa ch’mise du jour au lendemain pis finit par être considéré comme LE gars en arrière d’la rébellion. C’t’un peu chien pour Marguerite, mais comme vous allez voir, ça allait être aussi ben d’même. 

Le plan, c’tait que les différents groupes d’anti-Richard, dont les Woodville – la famille à l’ex-reine Élizabeth – s’atrouvent pis attaquent ensemble. Mais là, un des chefs eut la rébellion précoce pis se lâcha huit jours plus tôt que prévu. Ça mit la puce à l’oreille à Richard, pis quand Buckingham se pointa, au courant de rien, le roi l’attendait avec une brique pis un fanal. 

Pogné les culottes à terre, Buckingham put pas faire autrement que de se sauver. Pis comme ça court mal en maudit quand la boucle de ceinture te pète su’és jarrets, y’alla pas ben loin. Y dut se cacher dans’masure d’un pauvre farmier, à qui ça fit pas un pli su’a poche d’aller l’dénoncer à Richard. Y fut capturé pis décapité. 

Pu d’tête, la rébellion s’effoira comme Mononc’Gilles pogné du cœur après sa septième quille de Laurentide aux noces à ta cousine Jeannine. Pis en apprenant ça juste comme y mettait l’pied en Angleterre, Henri arpartit en Bretagne tellement vite que son bateau décolla su’a trace. 

Ayoye. 

Là, Richard avait la preuve que Marguerite avait comploté contre lui – c’tait comme dins émissions poches pour enfants quand l’décor tombe pis tu vois l’marionnettiste qui a l’air fou en arrière avec sa catin au boutte du bras. 

Sauf que Marguerite, a risquait pas mal plus qu’une risée. 

Richard y’ôta toutes ses titres de noblesse, ses terres pis ses revenus. Y l’aurait ben faite exécuter, aussi, si ça avait yinque été d’lui. Mais encore une fois, c’est ses alliances de plante grimpante qui lui sauvèrent la peau. 

Non seulement son nouveau mari, Lord Stanley, était ben proche d’Édouard IV quand y’était vivant, mais y’était aussi un grand chum à Richard III. Pis quand tu fais exécuter la femme de ton grand chum, les soupers entre amis sont pu jamais comme avant. Y’a une chaise vide à’table, TOUT LE MONDE sait c’est d’la faute à qui, pis même le p’tit pinot gris qu’vous ach’tiez tout l’temps goûte pu pareil. 

Autrement dit, Richard savait qu’y pourrait juste pu argarder Lord Stanley dins yeux après avoir faite décapiter Marguerite.

Désormais watchée d’aussi près qu’une floune de CPE qui a tendance à piquer une course dans’rue dès que l’éducatrice a l’dos tourné, Marguerite était pas mal neutralisée.

Sauf que sa conspiration ratée avait attisé un feu qui avait pu besoin d’elle pour brûler. 

Après l’exécution de Buckingham, les Woodville partirent en exil pis allèrent trouver Henri Tudor. C’t’année-là, le jour de Noël, le garçon à Marguerite promit officiellement d’arvenir en Angleterre, de marier Élizabeth d’York pis de « tasser c’te tyran assassin pis déviant du trône, où y’avait pas d’affaire pantoute ». 

C’tait ben beau, mais Henri était quand même yinque un nobody qui avait pas ben ben plus d’affaire su’l trône que Richard. Quand y s’embarqua pour l’Angleterre l’été d’après, y’avait yinque les Woodville en exil pis à peu-près 1 000 fiers-à-bras prêtés par la France de son bord. Quand y’arriva, y fut arjoint par queques milliers d’Anglais fâchés contre Richard, mais y reste que ça faisait pitié en maudit, son affaire. Richard allait sûrement l’effoirer comme de rien su’l champ de bataille.

Sauf que Richard, qui était déjà pas ben ben aimé à cause de c’qu’y avait faite à ses neveux, s’tait encore tiré dans l’pied.Pas longtemps avant Noël, le garçon à Richard était mort de maladie, le laissant pu d’héritier. Pis près Noël, c’est sa femme, Anne Neville, qui mourut – mais on sait pas trop de quoi. 

Ben vite, ça se mit à mémérer que Richard voulait s’armarier avec sa nièce, Élizabeth d’York. Pour le roi, c’tait pas une idée folle pareil – ça y permettrait d’avoir un nouvel héritier, pis ça farmerait la porte drette dans’face à Henri – mais pour le peuple, Richard était rendu un mononcle vicieux qui avait faite tuer sa femme pour incestuer avec sa nièce. 

Faique quand y câlla son monde pour aller affronter Henri Tudor, ça fit un peu comme quand tu déménages pis que tout l’monde disent qu’y vont être là pour échapper ton tiroir à bobettes dans’rue pis barrer du dos en l’vant tes boîtes d’Encyclopédie Grolier édition 1960, pis que le jour même, y’a juste un ou deux gars qui sont là pis y s’trouvent caves d’être venus.

Bref, Richard avait quequ’chose comme 10 000 hommes. C’tait l’double de c’qu’Henri avait, mais tsé, en comparaison, quand Édouard IV avait affronté la gang à Marguerite d’Anjou à Towton, y n’avait 35 000 avec lui. Ça vous donne une idée d’à quel point les nobles du royaume étaient pas inspirés par Richard. 

Pis là, un matin du mois d’août d’une place qu’on appelait Bosworth Field, les armées d’Henri Tudor pis de Richard III arrivèrent face à face. Lord Stanley, l’mari à Marguerite Beaufort, était du bord de Richard, mais y s’était traîné pas mal les pieds pour v’nir, pis l’roi trouvait ça louche. 

Comme Henri avait pas pantoute d’expérience pour m’ner des hommes au combat, y mit d’côté son orgueil de mâle pis confia l’commandement au comte d’Oxford, un gars qui n’avait vu d’autres. D’l’autre bord, c’est l’duc de Norfolk qui dirigeait l’armée à Richard. Oxford attaqua en premier.

Quand Norfolk pis ses hommes se garrochèrent pour l’affronter, y furent arpoussés par des piquiers – des gars armés de grosses lances pointues – pis descendre sous les balles des arquebusiers français loués par Henri. Surprise, Norfolk fut tué lui avec. Richard, privé de son commandant le plus loyal, commença à suer d’la raie. C’est là qu’y vit une bannière avec un dragon dessus – celle à Henri. 

« Crisse, si j’réussis à descendre Henri direct, on s’en sacre de ses piquiers pis d’ses arquebusiers – j’gagne automatique! »

Faique Richard pis sa garde rapprochée foncèrent direct sur Henri pis ses gardes du corps. Le roi était pas shapé comme ses frères, qui avaient été grands pis narfés – y’était chéti pis y’avait le dos croche pis une épaule plus haute que l’autre. Mais y savait s’battre en astie, par’zempe : y tua le porte-étendard à Henri, crissa en bas d’son ch’fal un de ses gardes du corps, un gros gars de 6 pieds 8, pis y réussit à s’approcher à une longueur d’épée de son rival. 

Pis c’est là que Lord Stanley, qui avait même pas encore embarqué dans’bataille, arrêta d’se pogner l’beigne pis vola à’rescousse d’Henri. Avec ses gars, y réussit à éloigner Richard d’Henri pis à l’arpousser jusqu’au bord d’une swompe. 

Le ch’fal à Richard s’enfargea dans’bouette, pis le roi dut débarquer. Entouré de ses plus grands chums, y décida de s’battre jusqu’à fin. Son porte-étendard, un gars appelé Percival Thirlwall, s’fit couper les deux jambes pis continua de t’nir la bannière à Richard à boutte de bras jusqu’à son dernier souffle. 

Richard, en infériorité numérique, continua de s’faire aller l’épée comme un démon en criant « Trahison! Trahison! » jusqu’à c’qu’y mange un gros coup de hallebarde dans l’derrière d’la tête. C’tait feni. 

Dès que la nouvelle se répandit, les hommes à Richard se sauvèrent. Le roi fut déshabillé tout nu pis garroché su’l dos d’un ch’fal comme une poche de patates. Tandis qu’on l’emmenait à’ville la plus proche, la face y péta su’l bord d’un pont, pis y fut exposé su’l plancher d’une église pendant trois jours pour que l’monde soyent ben sûrs qu’y était mort. 

Pis Henri Tudor, lui, y’était rendu roi d’Angleterre. Comme y’avait promis, y maria Élizabeth d’York, avec qui y’eut 4 enfants qui s’rendirent à l’âge adulte, dont le TRÈS CÉLÈBRE Henri VIII avec sa trâlée de femmes. 

Comme emblème personnel, y prit la rose rouge des Lancaster pis mit la rose blanche des York au milieu pour faire la rose Tudor, symbole des deux branches d’la famille qui avaient enfin arrêté d’se chicaner. 

Pis là où l’criage pis l’fessage avaient échoué, le parlage pis le grenouillage avaient triomphé. Les hommes avaient m’né la bataille finale, ben sûr, mais si les femmes s’taient pas entendues en arrière, y’aurait p’t-être fallu que j’continue à raconter pendant encore huit épisodes. Les vraies héroïnes d’la Guerre des Deux-Roses, tant qu’à moé, c’est Marguerite d’Anjou, Marguerite Beaufort pis Élizabeth Woodville. 

Faique c’est ça! 

Heille, y’est rendu tard! S’cusez-moé, j’m’en étais pas rendu compte pantoute! Les oreilles doivent vous chauffer! M’a vous conter d’quoi de pas mal moins long la prochaine fois. 

Pis soyez prudents su l’chemin en vous enrvenant! 


Sources : Desmond Seward, The Demon’s Brood : The Plantagenêt Dynasty that Forged the English Nation, 2014.
Philippa Gregory et David Baldwin, The Women of the Cousin’s War, 2011.
Alison Weir, Elizabeth of York, a Tudor Queen and her World, 2013.

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La Guerre des Deux-Roses, partie VI : Les deux p’tits princes dans’tour

Avant la Guerre des Deux-Roses, partie I
Avant la Guerre des Deux-Roses, partie II
La Guerre des Deux-Roses, partie I
La Guerre des Deux-Roses, partie II
La Guerre des Deux-Roses, partie III
La Guerre des Deux-Roses, partie IV
La Guerre des Deux-Roses, partie V

Arvenons du bord d’Édouard IV pis de sa reine Élizabeth Woodville. 

Sept ans après la bataille de Tewkesbury, Édouard était ben peinard su’l trône d’Angleterre depuis assez longtemps pour s’être faite une belle grosse empreinte de fesses. 

Mais ça veut pas dire que toute allait ben Madame la Marquise. 

« Georges, ciboire, là j’en ai mon câlisse de voyage de tes niaiseries pis de tes crises de bacon. C’t’assez. Ch’te condamne à mort. »

Georges, duc de Clarence, le frère York du milieu entre Édouard pis Richard, duc de Gloucester, avait toujours été un bébé gâté pas capable d’attendre son tour. Vous vous rappelez, là, quand y’avait voulu être roi à la place d’Édouard pis qu’y avait embarqué contre lui avec Warwick?

Par après, comme y’était marié avec Isabelle, la fille à Warwick, pis qu’y était pas capable d’attendre que sa belle-mère pète au frette pour ramasser l’héritage, ben y l’avait faite déclarer LÉGALEMENT MORTE. Le genre de passe qui fait un frette au réveillon. 

Après ça, Isabelle est morte, faique Georges a voulu s’armarier avec Marie, la jeune duchesse de Bourgogne – pis l’héritière la plus riche de toute l’Europe –, mais Édouard y dit non. Finalement, c’tait aussi ben, parce que Marie est morte quatre ans plus tard quand son ch’fal s’est enfargé, l’a faite arvoler d’une calvette, y’est tombé dessus pis y’a cassé le dos.

Mais bon. Georges, c’tait pas un devin, pis su’l coup, y’était en tabarnak. Édouard avait des raisons politiques d’y dire non, mais Georges le prit personnel. Y quitta la cour fâché noir pis s’en alla dans ses domaines, où y’arcommença à manigancer contre Édouard pis sa famille. 

La reine Élizabeth était ben stressée :

—Édouard… Nos gars sont encore trop p’tits, pis si y t’arrivait d’quoi… On s’ra jamais en sécurité tant que Georges va être là à te jouer dans l’dos!
— Je l’sais, Bebé… Va falloir que ch’fasse de quoi. 

Selon la légende, Georges a pu choisir comment y’allait être exécuté, pis y fut nèyé dans un tonneau d’vin. 

Après ça, Édouard pis Élizabeth purent dormir su leux deux oreilles. Y restait yinque Richard, le plus jeune des frères York, pis y’avait toujours été ben loyal.  

Sauf que l’malheur était jamais ben loin, caché en arrière des tapisseries à écornifler pis à s’frotter les mains en pensant aux coups d’cochon qu’y allait faire. 

Cinq ans plus tard, Édouard mourut à l’âge de 40 ans. On sait pas trop de quoi, mais on pense que c’tait une pneumonie. C’est sûr que ces dernières années, y s’tait lâché lousse pas mal : trop de femmes, trop bouffe, trop de boisson. Y’avait engraissé sans bon sens – tsé, y’avait pris l’habitude de s’faire vomir en plein banquet, histoire de s’faire d’la place pour manger plus. 

Peu importe pourquoi y’est mort, là, Édouard, son fils de 12 ans, allait y succéder. 

C’tait un moment délicat, comme quand Mémère Poêle sépare ses blancs d’œufs pour faire d’la m’ringue. La couronne allait-tu passer su’a tête du p’tit sans qu’y aye de trouble?

Drette tu’suite, Élizabeth écrivit à son frère à elle, Antoine Woodville, comte Rivers, qui était le tuteur au p’tit Édouard. A y dit d’amener Édouard à Londres au plus sacrant, gardé par 2 000 hommes. 

Pendant c’temps-là, Richard, duc de Gloucester, le mononcle du p’tit Édouard, était su ses terres, dans l’nord de l’Angleterre. Quand y’apprit que son frére était rendu six pieds sous terre, y’écrit à Élizabeth : 

« Chère Belle-Sœur, 

J’viens d’apprendre la nouvelle. Toutes mes sympathies. Mon cœur saigne avec toé.
Soye assurée, Madame, que j’vais être super loyal à ton p’tit gars, not’nouveau roi. Y’aura pas plusse loyal que moé. Genre, j’me crisserais d’un trou d’bouette pour qu’y puisse traverser sans salir ses chouclaques. 

Veuille agréer, Élizabeth, mes sentiments les plusse graissés de larmes.

                                                                                                                             Richard »

Après ça, y’écrit au frére à Élizabeth : 

« Ti-Toine, mon chum, 

J’ai su qu’t’allais escorter le p’tit jusqu’à Londres. C’tu dirais de t’ça si on s’rencontrait, genre, dans l’boutte de Northampton, pis qu’on faisait l’reste d’la route ensemble? On va t’escorter ça, c’te p’tit roi-là! 

Bien à toé, 

                                                                                                                            Richard »

Y’était-tu don d’adon, Mononc’Richard! 

Faique Richard, Antoine pis Richard Grey, un des deux gars qu’Élizabeth avait eus avec son premier mari, s’rencontrèrent à Northampton. Le soir, y firent le party ensemble avec le duc de Buckingham, pis toute allait ben. 

Sauf que, drette le lendemain, Richard fit arrêter l’frére pis l’fils à Élizabeth sous prétexte que… En faite, y se bâdra même pas avec un prétexte. Richard avait peur que les Woodville, la famille à Élizabeth, prennent le contrôle du royaume en passant par le p’tit Édouard, qui avait été élevé par eux-autres. Pour éviter de se faire tasser du pouvoir, y fit exécuter Antoine pis Richard-le-fils-à Élizabeth sans procès pis partit pour Londres avec le mini roi qui capotait ben raide. 

Quand toute ça arriva aux oreilles à Élizabeth, a vit arriver la marde à 100 milles à l’heure. Tu’suite, a reprit son vieux réflexe pis clancha se réfugier à l’abbaye de Westminster avec son deuxième gars – un autre Richard, bazouelle! – pis ses cinq filles, Élizabeth, Cécile, Anne, Catherine pis Brigitte. 

Quand Richard arriva à Londres avec le p’tit Édouard, y’avait toutes les apparences d’un bon mononcle qui faisait yinque veiller sur les intérêts de son n’veu. Y le traitait avec toutes les égards qui y’étaient dûs en tant que roi, pis y se fit nommer lord protecteur par le conseil royal. Y r’mit le couronnement, prévu pour le 4 mai, au 22 juin, mais autrement, toute était beau pis toute se passait normalement. 

Sauf que, pas longtemps après, Richard-le-mononcle fit une autre passe croche : y fit arrêter Lord Hastings – qui était pourtant un allié pur et dur des York depuis l’début – pis l’fit exécuter sans procès dans’cour en arrière, entre deux chaises de patio.

Ça, c’tait louche en maudit.

Richard l’accusait d’avoir comploté contre lui avec Élizabeth, mais ça avait tellement pas d’sens que tout l’monde à l’époque étaient comme : 

« Heille, Ritch, tu nous prends-tu pour des valises? » 

Hastings avait jamais aimé Élizabeth, faique ça aurait été surprenant qui s’mette à grenouiller avec, mais y’avait toujours été deux pouces en arrière d’Édouard-père avec un gros doigt en styrofoam écrit « No 1 » dessus. La seule raison que Richard aurait eu de le faire exécuter, c’est qu’y savait qu’y était fidèle jusqu’au boutte du gros orteil à Édouard-fils, pis qu’y était capable de ramasser une grosse armée su ses terres des Midlands si y se brassait du trouble… Mettons… Mettons que Richard décidait de tasser le p’tit pour prendre sa place. J’dis ça, j’dis rien, mais clairement, Richard était après placer ses pions. 

Après ça, Richard-le-mononcle envoya l’archevêque de Canterbury pour essayer d’convaincre Élizabeth d’y donner Richard-son-neveu :

— C’est pour sa PROTECTION, Madame. Soyez don raisonnable.
— Non.
— Tsé, vot’fils, y peut pas demander l’asile dans une église, y’a même pas commis d’crime!
— Pis? Y’est avec moé, pis c’est ça. J’vois pas pourquoi on pourrait pas demander la protection de l’Église quand ça brasse de même pis qu’on sait pas c’qui va nous arriver!
— Mais là, pensez un peu à Édouard, y s’ennuie de son p’tit frère! Y’a pu parsonne pour jouer!
— Ce problème-là, c’est pas dur à régler : ardonnez-moé Édouard, pis y vont être ensemble, franchement!
— Madame, j’comprends pas pourquoi vous êtes prime de même. Le lord protecteur veut juste…
— Votre lord protecteur, y peut ben manger d’la m—
— MADAME! Vous capotez, là, pis vous voyez du danger partout. Là, vous allez vous calmer les nerfs pis m’faire confiance : j’vas m’assurer personnellement qu’y arrive rien au p’tit. J’essaye de vous aider, là, pis si vous voulez pas être raisonnable, ben ça va être la dernière fois!

Élizabeth se tourna d’bord pis se mit à réfléchir. A savait ben que si Richard-le-mononcle voulait prendre le p’tit par la force, y’avait rien pour l’empêcher de l’faire. Les larmes aux yeux, a laissa Richard-son-fils, qui avait à peine neuf ans, aller avec l’archevêque. Mais avant que le bonhomme parte, a put pas s’empêcher d’y lâcher une dernière craque : 

« Vous dites que j’grimpe dins rideaux pour rien, mais ben vite, vous allez voir que c’est vous-autres qui dormez au gaz! »

Six jours après, Ralph Shaa, un frère franciscain, fit un sermon dans’cour d’la cathédrale Saint-Paul, à Londres. Là, y sortit un scandale digne d’Écho-Vedettes : le mariage entre le roi Édouard pis la reine Élizabeth était pas valide, parce qu’avant de la rencontrer, Édouard avait promis à une certaine Éléonore Butler de la marier, probablement yinque pour forniquer avec. Tant qu’à lui, c’te promesse-là était aussi bonne qu’un mariage en avant d’un curé, faique Édouard avait commis l’adultère avec Élizabeth, pis toutes leux enfants étaient des bâtards. 

Ça, probablement que Georges, duc de Clarence, le savait, pis y menaçait de s’ouvrir la trappe; c’est peut-être pour ça qu’Édouard avait été pas mal pressé d’le faire exécuter.

Ça prenait pas la tête à Papineau pour comprendre où c’que ça s’en allait, toute ça : si les flos à Édouard étaient des bâtards, ben l’héritier légitime du trône, c’tait Mononc’Richard. 

La semaine d’après, le duc de Buckingham fit un discours en avant des grands seigneurs du royaume, qui finit par : 

« Faique, on déshérite-tu les deux flos pis on invite-tu Richard à devenir roi? »

Les autres nobles, sachant c’qui était arrivé à Lord Hastings, avaient pas pantoute envie de mettre leux gosses su’a table pour le p’tit Édouard. Y prirent toute leu trou pis firent exactement c’que Buckingham avait d’mandé. 

C’te faux-cul d’Richard se fit pas trop prier : 

« Moi? Roi? Honn, voyons don, c’est trop, là, j’le mérite pas, vous m’gênez, là! Mais bon, si vous pensez que j’frais un bon roi, chus qui pour vous contredire? Vous insistez tellement, vous m’donnez pas l’choix d’dire oui! » 

Faique, trois mois après la mort d’Édouard, l’plus jeune de ses fréres était couronné sous l’nom de Richard III à l’abbaye de Westminster. 

Élizabeth était juste à côté, dans’maison de l’abbé, pis a pouvait entendre les acclamations pis les cris d’joie. Ça y prenait toute pour pas crisser une table à terre pis casser d’la vaisselle. Tsé, du jour au lendemain, a l’avait pardu son mari, sa couronne, sa sécurité, son frére, son fils, pis…

Pis ses deux p’tits gars, Édouard pis Richard, ben… C’est ben d’valeur, mais on sait juste pas c’qui leux est arrivé. Y’avaient été mis dans la tour de Londres, pis au début, on les voyait jouer dans’cour. Après un boutte, y’ont arrêté de sortir, mais on les voyait quand même par la f’nêtre de leu chambre de temps en temps. Pis un m’ment’né, ben… Y’étaient juste pu là. 

Dans l’temps, tout l’monde disaient qu’y avaient aucune idée de comment y’avaient disparu, Richard III l’premier : 

« Hein, sont pu là? Tu parles, toé, pardre deux p’tits gars dans’tour de Londres! Faut l’faire! C’est-tu bizarre! »

Pis c’est quasiment impossible qu’Élizabeth aye jamais su c’qu’y était advenu de ses gars. Y’en a qui disent qu’a faisait semblant de pas savoir, parce qu’a l’avait faite un deal avec Richard-le-mononcle pour les cacher à queque’part. 

Mais tsé, c’est ben possible aussi que Richard III les aye faite tuer. Après toute, c’tait la meilleure façon d’être sûr qu’y puissent pu y nuire.  On l’saura probablement juste jamais. 

L’temps passait, pis Élizabeth était toujours pognée dans son sanctuaire. A savait pu quoi faire : toutes ses cartes avaient été jouées pour rien, pis l’chien de sa famille avait l’air pas mal mort. Sauf qu’un jour, son docteur, Lewis de Caerleon, vint la voir pour un examen d’routine, rien d’excitant. Jamais qu’Élizabeth se serait attendue à c’qui y dise de quoi qui allait toute changer :  

« Madame, aujourd’hui, j’viens avec un message de mon autre patiente, Madame Marguerite Beaufort. A l’a un deal à vous proposer. »  

La suite icitte!


Sources : Desmond Seward, The Demon’s Brood : The Plantagenêt Dynasty that Forged the English Nation, 2014.
Philippa Gregory et David Baldwin, The Women of the Cousin’s War, 2011.

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