La Guerre des Deux-Roses, partie V – Marguerite Beaufort : mère, survivante pis redoutable grenouilleuse

Avant la Guerre des Deux-Roses, partie I
Avant la Guerre des Deux-Roses, partie II
La Guerre des Deux-Roses, partie I
La Guerre des Deux-Roses, partie II
La Guerre des Deux-Roses, partie III
La Guerre des Deux-Roses, partie IV

Bon. À c’t’heure que vous êtes greyés de votre ti café Chemineaud, on va artourner en arrière un p’tit peu. 

Depuis l’début que j’vous achale avec les Beaufort, que j’appelle les nobles « Sélection Mérite ». Là, y vont devenir BEN IMPORTANTS. 

J’vous rappelle qu’Henri VI, lui, c’tait un descendant de Jean de Gand, l’frére au roi Édouard III, pis de sa femme Blanche de Lancaster. Les Beaufort, eux-autres, y descendaient aussi de Mononc’Jean, mais d’un autre litte, lui à sa maîtresse Katherine Swynford. Autrement dit, c’taient une gang de bâtards jusqu’à ce que Mononc’Jean s’armarie avec Katherine pis que le pape déclare toutes leux flos comme étant légitimes. 

Comme j’vous ai dit, Édouard d’York avait zigouillé pas mal toute c’qui restait de prétendants au trône du bord des Lancastriens – entécas, dans’lignée directe de pére en fils. 

Faique là, j’vous présente Marguerite Beaufort. Elle, c’tait la p’tite-fille à Jean Beaufort, le plus vieux des enfants à Mononc’Jean pis à Katherine. Son pére, c’tait un autre Jean Beaufort, premier duc de Somerset, mais pas un de ceux-là dont j’vous ai déjà parlé. Eux-autres, c’taient les cousins à Marguerite. Marguerite avait yinque un an quand y’est mort, pis a l’était sa seule héritière.

Not’histoire commence dans’grisaille détrempée du fin fond du pays d’Galles, où Marguerite s’inquiétait pour son mari, Edmond Tudor. Y s’tait faite capturer par le duc d’York, l’pére à Édouard IV, en s’battant pour les Lancastriens. Pis aux dernières nouvelles, y filait pas ben pantoute. 

Pis quand enfin y’eut du nouveau, c’est les pires peurs à Marguerite qui furent confirmées : Edmond était mort d’la peste bubonique pendant son emprisonnement. 

« Ah mon doux Jésus! C’pas vrai! Seigneur aye pitié d’moé! »

Devenir veuve en temps de guerre, c’tait déjà plate en maudit. Mais pour Marguerite, c’tait comme pire. C’est parce qu’y a une affaire que j’vous ai pas dite : Marguerite, c’était une floune de 13 ans. A s’tait mariée à 12 ans avec Edmond Tudor qui n’avait 24. Pis a l’était enceinte de 7 mois.

Je l’sais, c’que vous pensez : ark. Moé’ssi, la pédophilie, ça m’lève le cœur. Mais j’vous rassure – ça passait pas ben ben mieux dans l’temps :

« Franchement, messemble que l’minimum c’est d’attendre que ta femme aye 14 ans avant d’coucher avec! »

Ah, pis y’a une autre affaire que j’vous ai pas dite : Edmond Tudor, c’tait l’frére utérin à Henri VI. 

Depuis l’temps que ch’t’assis su c’te punch-là en attendant d’vous l’dire, je l’ai quasiment d’imprimé dans’fesse!  

J’vous explique : quand Catherine de Valois, la mére à Henri VI, est devenue veuve, a l’était encore une belle jeune princesse qui avait pas pantoute envie d’se bâdrer avec la politique plate d’la cour. Faique a l’était juste partie s’épivarder semi-secrètement avec Owen Tudor, un beau chevalier gallois ténébreux. Edmond, c’tait l’plus vieux de leux flos. Pis comme Henri VI avait voulu un bon parti pour son demi-frére, c’tait lui qui avait arrangé l’mariage avec Marguerite. 

Fast forward, pis là, pu d’mari, Marguerite Beaufort était tu’seule, loin de sa famille, vulnérable pis pas loin d’accoucher.

Y’était trop tard dans sa grossesse pour qu’a s’en retourne chez sa mére; dans son état, le voyage aurait été ben que trop roffe. De toutes les choix qu’a l’avait, y’en avait yinque un qui avait d’l’allure : aller chez son beauf, Jasper, l’frére à son mari mort, pour avoir sa protection.

Là-bas, Marguerite dut accoucher pas de famille pis pas d’amies pour y flatter les ch’feux pis l’encourager. Pis ce fut épouvantable.

Crisse, la pauvre était à peine femme pis tellement p’tite que Jean Fischer, son confesseur, a écrit plus tard : « C’tait quasiment un miracle qu’un bebé aye pu sortir d’une p’tite crotte de fille de même ».

Malgré toute, Marguerite survécut pis l’bebé aussi : a l’appela Henri – Henri Tudor.

Ça serait son seul flo : faut croire que son accouchement difficile y’avait scrappé l’appareil de femme. Pis c’te moron d’Edmond Tudor, toute pressé qu’y était de consommer le mariage pour mettre la patte sur sa fortune pis d’la mettre enceinte pour avoir un héritier, l’avait traumatisée pis gâché pour elle toute c’qu’y pouvait y’avoir de beau dans la couchette, pour le reste de sa vie.

Pareil. Marguerite était convaincue que l’Seigneur y réservait des grandes affaires, à elle pis à son bebé. Faique aussitôt relevée de son accouchement, a pensait déjà à la suite des choses :

« Bon. Ch’frai pas grand-chose à veuver tu’seule dans mon coin : ça va m’prendre un nouveau mari au plus crisse. Pis c’te fois-là, Seigneur du Bon Dieu, y’en a pas un qui va choisir pour moé! »

Faique, escortée par son beauf, Marguerite partit avec son bebé de 2 mois pour aller trouver l’duc de Buckingham. Tu’seule en son propre nom, a négocia avec le bonhomme pour marier l’plus jeune de ses deux gars, Henri Stafford.

Les noces eurent lieu un an plus tard. 

Marguerite avait eu c’qu’a voulait : la protection de son puissant beau-pére, une place drette au milieu des intrigues d’la cour, pis les moyens de défendre ses intérêts pis ceux à bebé Henri. Sauf que là, ça, ça se passait en même temps que toute le reste; pas longtemps après les noces, y’eut la bataille de Northampton – tsé, là, quand Henri avait été capturé par Warwick, pis quand York pére pensait s’faire couronner pis avait créé un malaise à la place. Pis comme vous l’savez, les Yorkistes ont fini par gagner à Towton.

Ça laissait Marguerite pis son mari du mauvais bord d’la clôture. Mais elle, a se bâdrait pas trop avec les allégeances; y’avait juste son p’tit gars qui comptait.

« Bon. Là, mon mari, je l’sais pas quelles sortes courbettes pis d’chansons pis d’belles façons que ça va prendre, mais tu vas aller voir le nouveau roi Édouard pis tu vas dire qu’on s’excuse d’avoir été du bord à Henri VI. Sinon, y pourrait aussi ben saisir mon argent pis mes domaines! »

Faique le bonasse Henri Stafford s’en alla à Londres, où y réussit à avoir un pardon officiel pour lui pis Marguerite. Sauf que là, Édouard prit une décision que Marguerite arçut comme un coup d’poing dans l’ventre : son p’tit Henri, rendu à 4 ans, allait être envoyé chez William Herbert, le gars qui avait capturé Edmond Tudor pendant que Marguerite était enceinte.

C’tait d’même au Moyen-Âge : mettons qu’un mineur s’artrouvait orphelin, ben y pouvait être confié à quequ’un qui s’en occupait jusqu’à ce qui devienne majeur. En attendant, le tuteur profitait des revenus des domaines du p’tit, pour ensuite y’ardonner dans le même état quand y’était rendu un homme.

Lui pis sa femme Anne s’occupèrent ben comme faut d’Henri, dans l’amour pis l’agrément, pis s’assurèrent qu’y était ben éduqué; Marguerite avait rien à r’dire su’a façon dont son p’tit gars était traité, ben franchement. Mais quand même. Son p’tit bilou, son p’tit cœur en minou, sa raison d’vivre qui s’en allait loin! A trouva ça vraiment toffe, mais a l’avait pas l’choix.

Pendant ces années-là, Marguerite essaya autant qu’a pouvait d’rester du bon bord du roi, mais mettons que les sparages de ses cousins y rendaient pas la vie facile. Tsé, faut pas oublier que les Beaufort restaient les plus gros adversaires à Édouard.  

Tu’suite après la bataille de Towton, c’tait pas si pire. Édouard essayait ben gros de se mettre chummy avec Henri Beaufort, le nouveau duc de Somerset – le fils de lui qui était mort à Saint-Alban’s pis le grand frére l’autre qui se ferait séparer d’avec sa tête à Tewksbury, plus tard : 

« Heeeeeeeeeeeeeeeeeeeille, Henri mon chum! Écouuute, m’excuse de t’avoir confisqué tes terres; su’l coup, ch’tais fâché, tsé. Mais là, c’t’en arrière de nous-autres, toute ça, hein? Ch’t’ardonne toute! Tu viens-tu jouter au tournoi la fin d’semaine qui s’en vient? Ah, pis j’m’organise une p’tite chasse au chevreuil avec les gars dans pas long, FAUT qu’tu viennes avec nous-autres! J’ai trouvé un super beau spot l’long d’la Tamise, tu vas capoter. »

Sauf que ben vite, Somerset s’artourna contre Édouard pis sacra son camp en Écosse pour aller arjoindre les Lancastriens qui s’taient réfugiés là-bas. 

Édouard était en tabarnak. Y’avait toute mis ses œufs dans l’panier à Somerset, pis Somerset y’avait garroché l’panier dans’face pis s’tait sauvé en courant. Y l’artrouva pis l’fit exécuter comme un chien galeux en arrière d’la grange.

Faique rendu là, toutes les Beaufort étaient suspects aux yeux d’Édouard, pis Marguerite y’échappait pas. Mais, comme une plante grimpante qui se faufile entre les craques pis qui s’accroche après toute c’qu’a peut, a s’organisa pour se tricoter des alliances qui y permettraient de garder une bonne position pis de garantir un bon avenir à son fils. 

Sa meilleure chance était du bord à son mari. Sa belle-mère s’était armariée avec Walter, Lord Mountjoy, un autre grand chum à Édouard pis son trésorier par là-dessus. Si a pouvait s’mettre dins p’tits papiers à Walter, y pourrait la défendre si Édouard pognait les nerfs après elle. Pour ça, fallait qu’a passe le plus de temps possible avec eux-autres : 

— Belle-maman? J’ai entendu entre les branches que vous vous étiez faite faire un nouveau livre de prières! Ch’peux-tu voir ça?
— Ben sûr ma belle! Heille, pis j’ai su que t’avais embarqué dans l’Ordre de la Sainte Trinité pour aider à payer les rançons des chevaliers chrétiens capturés par les Turcs? Chus don ben fière de toé!
— Y’a pas de sacrifice trop grand pour le salut d’mon âme pis celui d’la Chrétienté. Watatow, les belles enluminures! Ouiiin, vous vous êtes gâtée, belle-maman! 

Faique de fil en aiguille pis avec les bons mots à sa belle-mère, a finit par gagner la confiance à Walter. Quand le roi fit emprisonner la vieille veuve du 2e duc de Somerset pis y confisqua toute c’qu’a possédait pour aucune maudite raison à part faire chier les Beaufort, pis menaça de faire pareil à Marguerite, Walter alla parler pour elle : 

« Slaque un peu, Édouard. J’la connais, moé, Marguerite, a vient tout le temps souper chez nous pis est super fine. A ferait pas d’mal à une mouche pis a dit jamais un mot d’travers contre toé. »

Marguerite avait gâgné son pari; à partir de là, Édouard y sacra patience. 

Sauf que là, du jour au lendemain, Warwick força Édouard à l’exil pis ramena Henri VI su’l trône. Toute déboula tellement vite que trois semaines plus tard, Henri VI, Marguerite pis Henri Tudor, qui était rendu à 13 ans, étaient après souper ensemble à Westminster. 

« Heille toé, mon p’tit gars, dit Henri VI tout d’un coup. Ch’t’argarde, là, pis j’me dis que c’est toé qui va toute arranger. Je l’sens dans mes urines, un m’ment’né, tu vas être roi pis tout l’monde, nos ennemis comme nous-autres, vont t’rendre hommage. » 

Marguerite faillit tomber en bas d’sa chaise. Tsé, c’est sûr que rendu là, Henri VI était pu  vraiment toute là, pis y disait probablement ça juste de même. Sauf qu’à ce moment-là pis dins années d’après, même si y’était un roi mou pis incompétent, Henri VI était considéré quasiment comme un saint homme, toute pur pis plogué su’l divin. Déjà que c’tait lui qui avait organisé son mariage avec l’pére à Henri, là, Marguerite capotait : 

« Toute est dans toute! C’t’une PROPHÉTIE! Je l’savais qu’mon fils allait faire des grandes affaires! »

Marguerite était pour jamais l’oublier. Surtout pas quand toute arbascula pas longtemps après, au r’tour d’Édouard. Là, a fit un choix d’irréductible survivante : a tourna l’dos aux Lancastriens pis se mit définitivement du bord à Édouard. Pour que son fils aye un avenir, a pouvait pas risquer de s’tenir avec les perdants, au yâble la famille pis la loyauté. La suite des choses allait y donner raison. 

Sauf qu’après Tewksbury, a l’avait pu d’mari – Henri Stafford était mort en s’battant pour les Yorkistes. Toutes ses cousins Beaufort avaient été massacrés. Henri son fils s’tait sauvé en Bretagne avec son mononcle Jasper pour échapper à Édouard, pis a l’avait aucune idée de si a l’allait l’arvoir un jour. 

Ça r’gardait mal en maudit. Sauf que Marguerite Beaufort, a se laissait JAMAIS abattre. A l’allait mettre son fils su’l trône d’Angleterre, peu importe le temps qu’ça prendrait, pis peu importe c’que ça y coûterait. Pis gare aux innocents qui essaieraient de s’mettre dans son ch’min.

La suite icitte!


Sources : Desmond Seward, The Demon’s Brood : The Plantagenêt Dynasty that Forged the English Nation, 2014.
Philippa Gregory et David Baldwin, The Women of the Cousin’s War, 2011.

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