La Guerre des Deux-Roses, partie IV — L’serpent s’mord la queue

Graham Turner, Mistaken Identity – The Battle of Barnet

Avant la Guerre des Deux-Roses, partie I
Avant la Guerre des Deux-Roses, partie II
La Guerre des Deux-Roses, partie I
La Guerre des Deux-Roses, partie II
La Guerre des Deux-Roses, partie III

« Élizabeth! C’t’un garçon! »

Après un mois pognée avec sa bru pis ses trois p’tites-filles dans la maison de l’abbé de Westminster, Jacquette venait d’aider Élizabeth à accoucher, pis a tenait dans ses bras son p’tit-fils flambant neû – l’héritier mâle tant attendu. 

Ça, c’tait une astie d’bonne nouvelle : peu importe c’qui arriverait à Édouard, y’aurait un fils pour lui succéder. Mais c’tait loin d’être gagné. 

Après avoir traversé en Hollande, Édouard avait essayé de se réfugier chez son beauf, le duc de Bourgogne. Sauf qui se riva l’nez su’a porte : le duc accepta d’y donner une pension pour qu’y puisse se réchapper la vie, toujours ben, mais y r’fusa de le voir pis de l’héberger. Cerise su’l sundae, y’envoya une délégation pour féliciter Henri pour son retour su’l trône. Ça, Édouard le digéra JAMAIS. 

Faique Édouard s’pogna un appart dins Flandres, en Belgique. De là, y’entendit que Warwick avait pris le contrôle en s’auto-nommant lieutenant du royaume, avec Georges son frére comme chancelier pis Georges le frére à Édouard comme son numéro deux. En faite, Warwick était tellement au-dessus de ses affaires qu’y avait renvoyé ses troupes.

Sauf que quand l’roi de France déclara la guerre au duc de Bourgogne, beauf se rendit compte qu’y avait p’t-être faite une gaffe en r’virant Édouard de bord : 

— Ahem. Coute ben, mon gars, euh, j’sais que j’ai peut-être été un peu bête a’c toé quand t’es v’nu me demander d’l’aide… Ch’file ben cheap de t’ça, pis euh, j’aimerais ça me racheter.
— Ouin. T’as peur à tes fesses à cause du roi d’France, pis tu sais que Warwick est d’son bord, faique tu penses que si tu m’aides à r’prendre mon trône, ben moé j’vas t’aider dans ta guerre?
— Genre…

À ch’fal donné, tu r’gardes pas l’faux-cul qui tient la bride. Ou de quoi d’même. Faique Édouard, greyé d’une p’tite armée équipée par son beauf, prit l’bateau pour l’Angleterre. Pis là, comme le raconterait Pierre Houde : 

« Édouard traverse la patinoire… Il arrive aux portes de la ville d’York et fait semblant d’être fidèle au roi Henri pour que les défenseurs le laissent entrer. Quel stratagème!
Sauf que les renforts arrivent de tous les côtés! Édouard est gonflé à bloc et se proclame de nouveau roi! Ma parole!
Warwick joue de prudence… Il reste sur le banc en attendant que Georges, duc de Clarence, arrive avec des renforts… Sauf que Georges se retourne contre Warwick et rejoint l’armée de son frère! Oh lala, Marc, quel revirement!
Édouard est maintenant en avantage numérique. Il part en échappée vers Londres, tire, ET LE BUT! Dans un filet désert! » 

Scusez-la — ch’commence à m’ennuyer du hockey pas mal. Ouep, même des games à TVA Sports. Mais surtout de mon beau Pierre.  

Édouard rentra dans Londres sans que parsonne assaye de l’empêcher – Henri, laissé tu’seul par Warwick, en était rendu à s’promener comme un quêteux dans’ville, avec l’archevêque d’York qui l’tenait par la main, pour demander au monde de s’battre pour lui. 

— ÉDOUARD!
— Bebé, ch’t’arvenu! 

Mots doux, larmes, pis p’t-être même un french pendant qu’parsonne argardait : la pauvre Élizabeth put enfin sortir de sa cachette pis s’garrocher dins bras de son mari qu’a l’avait pas vu depuis 7 mois. C’tait comme si une roche de 100 livres v’nait de s’ôter de su ses épaules.

A put aussi enfin y présenter son nouveau ti-poutte – nommé Édouard lui avec, pour encore plus mêler les affaires. 

— Là, chéri, tu vas faire quoi avec Warwick? Tu peux pas l’laisser courir lousse de même, des affaires pour qui t’arpoignarde dans l’dos!
— Non, je l’sais. En plus, tu sais pas la meilleure : Marguerite d’Anjou est après s’en venir avec une armée!
— Câline! Faut que tu règles son cas à Warwick avant qu’a l’arrive, d’abord.
— Drette ça. Compte su moé, bebé. 

Entre les deux cousins, c’tait l’affrontement final, comme dins vues, avec la grosse toune épique, pis c’est proche de la ville de Barnet que ça allait se passer. Warwick avait une armée beaucoup plus grosse que celle à Édouard, faique Édouard se dit que si y voulait avoir une chance de gagner, fallait qu’y l’pogne par surprise.

Faique dans’nuite, y’ordonna à ses hommes de s’rapprocher tranquillement de l’armée à Warwick, dans l’noir pis dans l’silence. 

— Ayoye! Tention avec ton astie d’waguine, tu viens de m’rouler su’l pied!
— Ta yeule pis r’garde où c’tu vas, l’cornet, y vont nous entendre! 

Toute la nuite, Warwick ordonna des tirs de canon dans l’boutte où y pensait que l’armée d’Édouard était, mais y passa dans l’beurre. Pendant c’temps-là, son frére Jean, marquis de Montagu – le gars qui avait trahi Édouard jusse avant qu’y parte en exil, vous rappelez-vous? – vint l’voir : 

— Ouin, Ritch, nos hommes ont la falle basse pas mal. Sont pas super motivés.
— Ah ouin?
— Ouin. Pour les crinquer, m’as te proposer d’quoi : si on s’battait à pied? Quand les soldats voient un commandant à ch’fal, sont comme : « Pff! Dès qu’ça va s’mettre à mal aller, y va crisser son camp pis nous laisser là ». Si on est à pied comme eux-autres, ça va leux montrer qu’on est prêts à s’battre à mort pis les inspirer.  

Faut dire que c’tait un peu sa marque de commerce, à Warwick, de crisser son camp quand la marde pognait. Quand même : rendu au matin, Warwick pis Montagu étaient à pied au milieu d’l’eux hommes. 

La bataille commença vers 4 h du matin dans une astie de brume épaisse. Comme les deux armées voyaient pas grand-chose, la coordination était pas vargeuse.

Un m’ment’né, le comte d’Oxford, qui était du bord de Warwick, arsoudit avec ses troupes pas loin de celles du marquis de Montagu. Sauf que, dans l’flou, sa bannière, une étoile, arsemblait pas mal au soleil qu’y avait sur celle-là à Édouard. Croyant que les troupes à Édouard les pognaient par en arrière, les hommes de Montagu capotèrent pis tirèrent une volée de flèches drette dans leux alliés!

Le comte d’Oxford cria tu’suite à la trahison : après toute, ça aurait pas été la première fois que Montagu changeait d’camp. 

Quand la brume commença à se lever, Édouard vit la ligne lancastrienne après s’autodétruire pis fuir en panique : 

« Ben coudonc. Reste pu yinque à envoyer les forces de réserve pour finir la job! »

Warwick, fidèle à lui-même, partit à’course pour s’trouver un ch’fal, mais y s’fit pogner pis tuer, pareil comme son frère Montagu. C’tait feni. 

Mais pas tout à faite. Pour avoir la paix, fallait qu’y se débarrasse de Marguerite d’Anjou, qui v’nait yinque d’arriver en Angleterre avec son armée. S’un dix cennes, sans même une croûte ni un ti dodo, Édouard s’arvira pis clancha pour la pogner avant qu’a s’allie avec les Lancastriens de l’ouest de l’Angleterre pis du pays d’Galles. 

Marguerite avait eu une sapristi d’misère de chien à s’rendre là-bas : chaque fois qu’a l’avait essayé de prendre la mer, une tempête l’avait r’poussée vers les côtes de la France. Là, a s’en allait arjoindre ses alliés avec son fils Édouard de Lancaster, qui était rendu à 17 ans, pis le duc de Somerset – le troisième depuis que le premier avait été tué à la bataille de Saint Alban’s; la Guerre des Deux-Roses passait au travers des ducs de Somerset comme moé au travers de mes paires de bas. 

Sauf qu’Édouard (d’York, le roi, là) avait été vite sur la switch pis avait envoyé un messager pour dire au seigneur du château de Gloucester de pas les laisser traverser la rivière Severn. Pognés, Marguerite pis sa gang durent continuer jusqu’à Tewkesbury, la prochaine place où c’tait possible de traverser – pis c’est là qu’Édouard les rattrapa. 

Marguerite dut aller se réfugier dans un monastère pendant la bataille. Toute sa vie, a s’tait démenée pour garder son fils en sécurité pis défendre son droit au trône d’Angleterre. Pis là, tandis que ça regardait mal en maudit pour sa cause, y’était en plein centre de l’armée lancastrienne, prêt à se battre comme un homme, pis y’avait pu rien que Marguerite pouvait faire. C’te jour-là, y’allait gagner la couronne ou bedon perdre la vie. 

La bataille de Tewkesbury ressembla pas pantoute à la bataille de Towton, qui avait été horrible pis meurtrière pis interminable; en faite, Édouard gagna pas mal facilement face à Édouard de Lancaster pis au nouveau duc de Somerset, qui étaient pas super expérimentés. 

Édouard de Lancaster fut tué dans la bataille, comme à peu près toute c’qui restait d’hommes dans la famille Beaufort – les cousins d’la fesse gauche à Henri VI, pis les seuls qui auraient encore pu prétendre au trône contre Édouard d’York. Essentiellement, Édouard le roi avait moppé l’plancher avec ses ennemis, pis y restait pu personne pour se mettre contre lui. 

Marguerite eut pas le choix de se rendre. Son fils était mort, pis elle, a l’était comme morte en-dedans. Y lui restait pu rien. Édouard la fit enfermer, mais y’a traita quand même bien. Pas longtemps après, a reçut une autre mauvaise nouvelle : 

— Madame! Ça me fait ben de la peine de vous dire ça, mais vot’mari est mort dans la tour de Londres…
— On sait-tu comment c’t’arrivé?
— Ben, le roi dit qu’y est mort de peine en apprenant la mort de vot’fils pis la défaite à Tewkesbury…
— Messemble, oui.

C’tait clair qu’Édouard l’avait faite tuer. Mais rendu là, ça faisait pu de différence. Marguerite resta emprisonnée pendant quatre ans en Angleterre jusqu’à ce que le roi de France paye sa rançon. Pis après, a tomba dans la calvette de l’histoire pis mourut 7 ans plus tard à l’âge de 52 ans. 

Quant à Édouard, y’avait gagné su toute la ligne, pis sa dynastie avait l’air en béton. Ses deux fréres plus jeunes étaient mariés chacun avec une fille à Warwick – Georges était marié avec Isabelle depuis un boutte, pis Richard s’tait marié avec Anne, qui avait été la femme à Édouard de Lancaster pis qui s’était ramassée veuve après la bataille de Tewkesbury. Y’avait trois filles à marier pour faire des alliances politiques pis un gars pour y succéder. Dins années à venir, y’allait avoir encore 6 enfants avec Élizabeth, 2 gars pis 4 filles, en plus de toutes les bâtards qu’y avait faites à ses maîtresses. Athlète des couvartes un jour, athlète des couvartes toujours.

Y se sentait tellement solide qu’y pardonna à pas mal toutes ses anciens ennemis. Y’était aimé par le peuple, pis tout le monde le trouvait fin, généreux pis l’fun. Dans son livre à lui, la Guerre des Deux-Roses était fenie. 

Sauf que tsé, vous vous doutez ben qu’y reste des épisodes. 

Le sang avait pas fini d’couler. 

Faique c’pas l’temps d’s’endormir! Y’a tu quequ’un qui veut un ti café Chemineaud? 

Mononc! Part l’eau à bouillir! <

La suite icitte!


Sources : Desmond Seward, The Demon’s Brood : The Plantagenêt Dynasty that Forged the English Nation, 2014.
Helen Castor, She-Wolves: The Women Who Ruled England Before Elizabeth, 2011.
Philippa Gregory et David Baldwin, The Women of the Cousin’s War, 2011.

Un GROS merci à ceux qui m’encouragent sur Patreon : Christine L., David P., Chrestien L., Daphné B., Herve L., Valérie C., Eve Lyne M., Serge O., Audrey A. et Mélanie L.

Pour faire comme eux-autres et lire les articles avant tout le monde pis même profiter de contenu extra rempli de détails croustillants, c’est par ici!

La Guerre des Deux-Roses, partie III – Des amours qui font du trouble

Avant la Guerre des Deux-Roses, partie I
Avant la Guerre des Deux-Roses, partie II
La Guerre des Deux-Roses, partie I
La Guerre des Deux-Roses, partie II

Ernest Board, King Edward IV and His Queen, Elizabeth Woodville at Reading Abbey, 1464

Qui qui veut le darnier morceau d’sucre à’crème avant qu’on r’commence? Toé? Aweille, gâte-toé mon pit! 

Bon. 

Faique là, pendant qu’Henri VI, Marguerite pis leur p’tit gars étaient réfugiés en Écosse, Édouard, avec son air de jeune premier, était su son erre d’aller, comme Pierre Lambert qui vient de gagner la coupe Stanley dans Lance et Compte. 

Ben sûr, un ti peu partout, y restait des poches de monde fidèles à Henri, faique y dut passer une couple d’années à se promener dans l’royaume pour effoirer les têtes de cochon qui refusaient encore de l’accepter comme roi. Mais à part ça, avec Warwick qui s’occupait des affaires politiques pis diplomatiques, ça allait pas pire ben. 

C’qu’Édouard savait pas, par’zempe, c’est qu’y s’apprêtait à faire une rencontre qui allait foutre le bordel dans ses culottes, dans son cœur, dans sa relation avec Warwick pis dans l’royaume au complet. 

Un jour, notre jeune roi passa par chez Richard Woodville, un p’tit chevalier de campagne pas trop important qui avait faite la guerre du bord des Lancastriens, mais qui avait juré fidélité à Édouard par après. Avec sa femme Jacquette – oui, Jacquette; au moins, c’tait pas Bobette – y’avait 12 enfants. Dans un temps où accoucher, c’tait comme jouer à la roulette russe, pis que les flos mouraient aussi facilement que des minous d’grange, c’tait un exploit. 

La plus vieille, Élizabeth, était veuve avec deux p’tits gars. Mais là, par « veuve », pensez pas « vieille fripée » : elle avait 26 ans pis c’était une belle blonde au regard de renarde. Quand Édouard l’aperçut, la yeule y tomba à terre :

« WATATATOW! Méchant pétard! J’y f’rais pas mal en estie! »

Faut dire qu’Édouard était un coureux de galipote de classe mondiale. Y s’arrêtait JAMAIS, y’était TOUJOURS fourré quelque part, pis y s’interdisait AUCUNE bassesse pour avoir c’qui voulait, jusqu’à promettre le mariage contre une petite culbute prémaritale avant de domper prestement la pauvre dame en peine. Pis là, le zuiz royal pointait impérieusement en direction d’la belle Élizabeth comme un bâton de sourcier vers une arsource. 

Habitué d’avoir c’qui voulait, notre courailleux couronné essaya ses tactiques habituelles : 

— Chère madame, ça vous tenterait-tu de passer par ma chambre après souper, pis, tsé veut dire?
— Vot’Majesté, vous m’honorez pis toute, mais, non merci.
— J’ai mon voyage! Comment ça, don?
— Faut que je couche les p’tits, là, pis j’ai des affaires à faire.
— Les servantes s’en occuperont! Bebé, envoye don!
— Vot’Majesté, j’m’excuse, mais c’est non.
— T’es pas barrée en crisse de me dire non! Chus ton roi, tsé.
— Ben c’est justement! Chus yinque la fille d’un chevalier, mais même si chus trop humble pour être votre reine, chus trop bonne pour être votre guidoune! 

Édouard resta frette en astie, mais y’avait compris le message. Pis comme les gosses étaient sur le bord d’y exploser, y maria secrètement Élizabeth pendant une p’tite cérémonie avec yinque le curé pis la mère de la mariée. Secrètement, parce qu’y savait que ça f’rait pas plaisir à son cousin Warwick. Tellement que quand y l’arvit, cinq mois après son mariage avec Élizabeth, y l’avait pas encore dit à parsonne. 

— Heille Édouard! Tu crairas pas à ça! Ch’t’ai trouvé un christi d’bon parti pour ton mariage! A s’appelle Bonne, c’est la fille du duc de Savoie pis c’est la belle-sœur du roi d’France, faique a l’a les relations qu’y faut pis toute! C’est malade!
— Ouin, euh, Ritch? Faut j’te dise de quoi…
— Hein? — C’parce que… Chus déjà marié.
— QUOI?!

Hih cibole. Warwick était en TABARNAK. 

« Voyons donc! Qu’est-cé qui t’a passé par la tête? La fille d’un CHEVALIER! Pourquoi t’as pas marié la fille qui torche les planchers, tant qu’à faire? C’tu une sorcière pis a t’a jeté un sort, coudonc? En plus, là j’ai l’air d’un astie d’cave en avant du roi d’France pis du duc de Savoie! Qu’est-cé qu’mas leu dire, là? »

Fâché ou pas, y dut avaler son étron. Élizabeth était là pour rester. Ça serait p’t-être pas allé plus loin si Élizabeth avait pas eu une christie de grosse famille.

Tsé, quand un roi a yinque une couple de beaux-frères pis de belles-sœurs, y’en nomme un comte de quequ’chose pis y’en marie une au duc de d’quoi d’autre, pis tout le monde est content. Mais là, avec 11 frères et sœurs à accommoder, ça commençait à faire pas mal de monde qui s’pognent toutes les richesses pis les privilèges, bourdonnent autour du roi pis sapent l’influence à Warwick. 

Premièrement, Jean, le frère de 19 ans à Élizabeth, se maria avec la duchesse douairière de Norfolk, une increvable madame de 60 ans, déjà trois fois veuve pis crissement riche. Warwick fut ben choqué, parce que la duchesse se trouvait à être sa matante, pis vu qu’y avait pas de fils, y’avait espéré ramasser l’motton en la mariant avec son neveu. 

Deuxièmement, Warwick avait dans l’idée de marier Isabelle, sa plus vieille fille, avec le duc de Buckingham, mais à la place, Édouard décida de le marier avec Katherine, la p’tite sœur à Élizabeth. Comble de la claque su’a yeule, Édouard refusa de laisser Warwick marier Isabelle avec Georges, duc de Clarence, son frère pis l’héritier du trône tant qu’Élizabeth accoucherait pas d’un gars.

Troisièmement, Édouard décida de slaquer l’archevêque d’York – frère de Warwick – de sa job de chancelier.  

Pis finalement, Édouard décida de marier sa sœur Marguerite avec le duc de Bourgogne, l’ennemi juré du roi de France, tandis que Warwick voulait une alliance avec les Français. 

« Heille, ça va faire, là! P’tit crisse d’ingrat! J’fais un fou d’moé jusqu’en France à cause de lui! C’est moé, MOÉ qui l’a mis su’l’trône pis c’est d’même qui m’armarcie? C’est les asties de Woodville qui l’ont monté contre moé! C’tes maudits parvenus-là, y vont savouère c’est qui l’boss icitte! » 

Faique Warwick se lança dans une série de magouilles pour arprendre le contrôle. 

Y commença par attiser une rébellion dans l’nord du royaume. Pendant qu’Édouard n’avait plein les bras avec ça, y’en profita pour marier sa fille Isabelle avec Georges, comme y’avait voulu. Après ça, y s’en alla arjoindre les rebelles.

À la bataille d’Edgecote, l’armée à Édouard fut effoirée, pis lui y fut capturé. Le père pis le frère à Élizabeth – le même qui avait marié la vieille duchesse, là – furent décapités. Clairement, Warwick s’était gâté :

« Quins mes asties! C’est ça qui arrive quand on reste pas à sa place dans’vie! »

Mais bon. La rébellion fut un pétard mouillé, pis Warwick, voyant que sans le roi, l’bordel pognait solide dans le royaume, y’eut pas trop l’choix de le libérer après y’avoir fait promettre de faire c’qu’y disait à l’avenir. Là, c’tait au tour d’Élizabeth d’avaler son étron : 

— Ben voyons, Édouard! Y se rebelle contre toé, y tue mon père pis mon frère, y t’enferme, pis toé, tu le laisses faire pis toute est beau? Pis ton codinque de frére, là, qui s’marie dans ton dos!
— Coute ben, ma femme, c’tu veux que ch’fasse? Y’est trop fort. Si y s’arvire contre moé pour vrai, pas sûr que j’vas être capable de gagner; y’a encore trop d’monde de fidèle à Henri, surtout dans l’nord. On va être fins un boutte, là, l’temps d’l’amadouer, pis après ça ça va être correct. Pis pour Georges, là, t’aussi ben de t’nir ça mort. C’qui est faite est faite, hein?
— Ciboire, messemble de m’voir, après faire des risettes à Warwick pis à sa femme comme si y’était rien arrivé!

Sauf que Warwick était toujours pas content. Même pas un an après, y s’armit à grenouiller.

Quand une autre rébellion éclata, le roi se méfia même pas pis demanda à son cousin pis à son frère de rassembler des troupes pour aller river le clou aux rebelles. Warwick avait le même plan que la fois d’avant, sauf que là, y voulait mettre Georges à la place d’Édouard su’l trône. Mais là, Lord Welles, un des rebelles, pissa dans ses culottes pis bavassa toute à Édouard, qui put se préparer comme faut pis crisser une volée aux rebelles pis à Warwick à la bataille de Losecote Field. C’te fois-là, y’avait pas de raccommodage possible : comme Georges pis Warwick avaient réussi à se sauver, Édouard les fit déclarer « rebelles et traîtres », pis y’allèrent se réfugier en France. Sauf que pensiez-vous que Warwick allait lâcher l’morceau juste de même pis aller élever des moutons d’une chaumière en Normandie? Pantoute. À ce moment-là, y’était prêt à toute – TOUTE – pour récupérer l’pouvoir pis faire chier Édouard pis Élizabeth. Faique y’alla voir une vieille ennemie : 

— Hé ben, qu’est-cé ti pas qui vient s’mettre à quatre pattes en avant d’moé parce que les affaires ont pas viré à son goût?
— Madame Marguerite, j’vous supplie de m’pardonner! J’vas vous aider à r’mettre Henri su’l trône!

Depuis l’temps, Marguerite était partie avec son gars demander de l’aide au roi de France. Henri, lui, était resté dans l’nord de l’Angleterre jusqu’à ce qui se fasse capturer pis parader dins rues de Londres, les pieds attachés en d’sour de son ch’fal pis un vieux chapeau de paille laitte su’a tête. Par après, y’avait été emmené à la tour de Londres, où y’était ben traité – ça servait pas à grand-chose de l’tuer, vu qu’y avait un héritier mâle en vie. 

Marguerite la trouva bonne en maudit quand a vit Warwick arsoudre. A pouvait pas se permettre de passer à côté d’une offre de même, mais malgré ça, l’envie de faire étriver Warwick était trop forte : avant d’accepter sa proposition, a le fit se mettre à genoux en avant d’elle sans rien dire pendant 15 menutes.

Faique y s’entendirent pour qu’Henri artrouve son trône, avec son fils comme héritier, pis que la plus jeune à Warwick, Anne, marie le fils à Henri. Voyant que son chien était pas mal mort, Georges se contenta d’être « héritier présomptif », c’t’à dire qu’y succéderait au fils à Henri si y mourait pas de gars. Des grénailles, quoi. 

Pendant c’temps-là, en Angleterre, Édouard se doutait de rien pantoute : 

— Bon, une rébellion dans le Richmondshire. Faudrait ben que j’aille effoirer ça!
— T’es sûr, chéri? Messemble qu’à chaque fois qu’y a une rébellion dans l’nord, y t’arrive une marde avec Warwick… Tu trouves pas ça louche?
— Boah non, Warwick a pris son trou, là, on l’arverra pu. Fais-toé en pas, ma belle.
— Ouin… Entécas, sois prudent! J’la sens pas, c’te rébellion-là.
— Toute va ben aller. Ch’te ramène-tu d’quoi? Ça a d’l’air qu’y ont du ben bon fromage, au Richmondshire.
— Ça va être beau, merci. Ch’taime, mon amour!
— Moé’ssi, bebé.

Sauf que quand Édouard arriva là-bas, ben y n’avait pu, d’rébellion. Pu un crisse de chat. 

C’tait un piège. 

Pendant c’temps-là, Warwick pis Georges débarquèrent dans l’sud de l’Angleterre pis ramassèrent rapidement une armée de frustrés qui s’ennuyaient déjà d’Henri. 

En même temps, Jean, marquis de Montagu, le frère à Warwick qui était resté fidèle à Édouard, changea d’bord; pogné les culottes à terre, le roi eut pas le choix de se sauver.  

Avec son p’tit frère – un autre Richard – pis une gang de fidèles jusqu’au boutte, y réquisitionna des chaloupes de pêche pis traversa la mer jusqu’en Hollande. 

En apprenant toute c’qui venait de se passer, Élizabeth clancha en catastrophe pour l’abbaye de Westminster avec ses trois filles pis sa mère. Dans c’temps-là, en principe, quand tu te réfugiais d’une église, personne avait le droit d’aller t’charcher. A l’était en sécurité pour tusuite, mais y’avait rien de garanti :

« Crisse, Édouard est pas là, j’sais pas y’est où ni si y’a des chances d’arvenir pis quand, ch’t’enceinte jusqu’aux yeux, le tabarnak de Warwick est après faire arcouronner Henri drette comme on s’parle, pis j’ai aucune idée de c’qui va nous arriver! Toute c’que ch’peux faire, c’est attendre pis essayer d’pas trop capoter. Astie qu’j’haïs ça… »

La suite icitte!


Sources : Desmond Seward, The Demon’s Brood : The Plantagenêt Dynasty that Forged the English Nation, 2014.
Helen Castor, She-Wolves: The Women Who Ruled England Before Elizabeth, 2011.
Philippa Gregory et David Baldwin, The Women of the Cousin’s War, 2011.

Un GROS merci à ceux qui m’encouragent sur Patreon : Christine L., David P., Chrestien L., Daphné B., Herve L., Valérie C., Eve Lyne M., Serge O., Audrey A. et Mélanie L.

Pour faire comme eux-autres et lire les articles avant tout le monde pis même profiter de contenu extra rempli de détails croustillants, c’est par ici!