La consanguinité chez les Habsbourg : de quessé, pourquoi, comment?

Les Habsbourg, ça vous dit-tu d’quoi, ça?

Si vous v’nez souvent écouter mes histoires, y’a des grosses chances que oui.

Pour les autres, m’as vous l’dire tu’suite, « Habsbourg » c’est pas un village thématique des Canadiens d’Montréal avec le resto à Mario Tremblay pis des marigorondes genre « Les Montagnes russes à Kovalev » pis « Le Slapshot à Boum-Boum Geoffrion ».

Les Habsbourg, c’t’une famille de monarques européens qui étaient tellement consanguins qu’y ont passé proche de s’auto-faire disparaître.

Là, vous vous dites peut-être : « Consanguins? Dans l’sens qu’y mariaient leux cousines? Comme Ti-Clin Dufour du rang 12? Tu parles de des colons! »

On l’sait, c’te genre d’union-là passe assez mal dans’société, que tu soyes un big shot ou pas.

Mais quand même, entre Ti-Clin Dufour pis les Habsbourg, y’a une bazouelle de grosse différence.

Ti-Clin, lui, ça se peut que l’choix d’femmes à marier était pas vargeux dans son rang 12 – y voyait sa cousine Floridâ à tou’és jours su’l lot d’à côté, pis y’a fini par se dire ouin, a s’en vient pas pire la p’tite, j’irai pas charcher plus loin!

Mais les Habsbourg, eux-autres, y’étaient riches et puissants, pis l’Europe au complet était leu buffet quand v’nait l’temps de s’marier.

Faique pourquoi, d’abord, toujours piger dans le même plat d’bonbons?

Justement parce qu’y étaient riches et puissants, pis qu’y voulaient l’rester.

Toute ça, on va dire que ça a commencé – parce qu’y faut ben commencer queque part! – par le gars qu’on appelait Charles Quint.

Avant lui, les Habsbourg étaient quand même pas des tout nus : c’taient des archiducs d’Autriche pis des empereurs du Saint-Empire.

Mais Charles, y’a amené ça à un autre niveau en devenant le souverain d’une quantité de territoires qu’on avait rarement vue mise toute ensemble depuis l’empire romain!

Comment c’t’arrivé, don? Charles était-tu un méga conquérant?

Pantoute!

C’est que, grâce à des mariages ben stratégiques arrangés par son grand-père pis son arrière-grand-père, pis une bonne dose de chance, Charles Quint a hérité des titres de ses QUATRE grands-parents – d’habitude, tsé, yinque un, c’est ben en masse!

C’qui était excessivement rare, c’est que Charles avait deux grands-mères régnantes, c’t’à dire qu’y régnaient de leu propre droit, comme feu Élizabeth, au lieu d’être juste « la femme de », ou « consort », comme Camilla.

Sa grand-mère paternelle, c’tait Marie, duchesse régnante de Bourgogne. Dans c’te temps-là, le duché de Bourgogne était un grand territoire qui comprenait, en plus d’la Bourgogne en tant que telle (en France), une partie d’la Belgique pis des Pays-Bas.

Son grand-père paternel, c’tait Maximilien Ier, archiduc d’Autriche pis empereur du Saint-Empire.

Par son père Philippe, qu’on appelait « le Beau », Charles a hérité de toutes leux titres, sauf celui d’empereur du Saint-Empire – fallait être élu pour ça, mais, souvent, les princes-électeurs se cassaient pas trop l’bécique pis élisaient le fils ou le frère de l’ancien. Faique, à’mort de son grand-père Maximilien, Charles a été élu à sa place, vu que son père avait déjà passé l’arme à gauche.

(Là, faites-vous en pas si je vous garroche plein de noms d’même – vous êtes pas obligés de vous souvenir de toute, c’pas grave.)

L’empereur Maximilien, sa femme Marie, son fils Philippe, ses petits-fils Charles pis Ferdinand, pis Louis, roi de Hongrie, le mari d’la fille à Philippe – c’qui fout là, lui, on s’en reparle plus tard. On voit que les titres pis les territoires, c’tait pas la seule affaire qui se transmettait de génération en génération.

Sa grand-mère maternelle, c’tait Isabelle Ière, reine régnante de Castille. Son grand-père maternel, c’tait Ferdinand II, roi d’Aragon.

Donc, par sa mère, Jeanne Ière, qu’on appelait « la Folle » (pourquoi, je rentrerai pas là-dedans, c’t’une histoire en soi), Charles a hérité de la Castille pis de l’Aragon.

Mais, quand ses parents se sont mariés, c’tait loin d’être évident que Charles allait hériter de toute.

D’abord, Jean, le frère à Jeanne pis le prince héritier, est mort jeune, supposément parce qu’y avait trop baratté l’beurre avec sa nouvelle femme, mais y’a plus de chances que c’tait la tuberculose. Après ça, Isabelle, sa sœur plus vieille, est morte elle avec, pis son bébé garçon aussi.

Faique quand la reine Isabelle est partie arjoindre le p’tit Jésus, c’est Jeanne qui est devenue reine de Castille, pis Charles a co-régné avec elle jusqu’à sa mort.

Ferdinand d’Aragon, dans l’espoir de se fricoter un nouvel héritier doué de zouiz pour son royaume à lui, s’est armarié avec Germaine de Foix. Sauf que, à 63 ans, y’avait l’manche un peu mou, faique sa femme y’a fait faire une p’tite potion à base de gosses de taureau pis d’extrait de coléoptère. Malheureusement, l’apothicaire aurait raté le dosage, pis Ferdinand est mort empoisonné.

Et pouf! Charles s’est artrouvé roi d’Aragon.

Les grands-parents maternels à Charles Quint. Isabelle de Castille a l’air d’une maman dévouée mais au bord du burn-out; Ferdinand d’Aragon a l’air de ton chummy poteux qui squatte ton divan depuis 3 semaines « le temps de s’arvirer d’bord ». 

Bref, une fois toutes ses aïeux éteints, Charles V du Saint-Empire, ou Charles Quint, s’est ramassé avec un astie de tapon de territoires, y compris les colonies espagnoles en Amérique.

À c’t’heure, fallait qu’y s’arrange pour garder ça, pis les mariages allaient être au cœur de sa stratégie.

Pour mieux comprendre pourquoi, faut se d’mander à quoi ça sert, un mariage royal.

Premièrement – on peut pas passer à côté – ça sert à produire des héritiers, de préférence doués de zouiz. Dans un système héréditaire de même, y’avait rien de plus important.

Des fois, ça pouvait influer su’és décisions. Au départ, Charles Quint était censé marier sa cousine Marie Tudor, la fille à sa matante Catherine pis la future reine d’Angleterre, mais y’a changé d’idée parce qu’y voulait des d’héritiers au plus maudit, pis Marie, a l’avait juste cinq ans.

Deuxièmement, un mariage royal, ça sert à créer des alliances ou à les rendre plus fortes. Quand Charles Quint a fini par marier une autre cousine, Isabelle du Portugal, c’tait pas parce qu’y l’avait croisée une couple de fois dins partys d’famille pis qu’y’a trouvait cute, mais parce qu’une alliance avec le Portugal était ben d’adon pour l’Espagne. Vu que, dans c’tes années-là, les deux royaumes étaient après explorer pis coloniser à tour de bras, c’tait important qu’y s’accordent pis qu’y s’pilent pas su’és pieds. À part de ça, l’Portugal était riche en simonac; bref, c’tait mieux pour l’Espagne qu’y soye allié avec elle plutôt qu’avec, genre, la France.

Tin-Clin Dufour et sa cousine Floridâ, un portrait du bonheur conjugal.
(Charles Quint pis Isabelle de Portugal)

Avançons un ti-peu dans l’temps. À 55 ans, Charles Quint, malade pis tanné de courir partout, a abdiqué. Son frère Ferdinand Ier a ramassé les terres ancestrales des Habsbourg en Autriche pis a été élu empereur du Saint-Empire. Son fils Philippe II est devenu roi d’Espagne pis a ramassé toute le reste. À partir de c’te moment-là, les Habsbourg ont été séparés en deux branches : la branche espagnole pis la branche autrichienne.

C’est là qu’on voit que renforcer des alliances, c’est pas yinque avec les étranges. Ça peut être en dedans d’une même famille. Icitte, fallait éviter que les deux branches s’écartillent complètement pis aient pu les mêmes intérêts, pis la stratégie avait commencé ben avant l’abdication à Charles : Maximilien II, le garçon à Ferdinand, avait marié Marie, la fille à Charles.

Phillipe II, le fils à Charles, s’est marié quatre fois :

  1. avec Marie-Manuelle, sa double cousine portugaise (son père à lui pis sa mère à elle étaient frères et sœurs, pis sa mère à lui pis son père à elle aussi);
  2. avec Marie Tudor (la même que son père avait failli marier);
  3. avec Élizabeth de Valois, une princesse française;
  4. avec Anne d’Autriche – nulle autre que sa nièce, la fille à sa sœur Marie pis à son cousin Maximilien II. C’est avec elle qu’y a fini par produire son héritier doué de zouiz, le futur Philippe III.
Beau comme un prince : Philippe II d’Espagne

Quand sa quatrième femme est morte, Philippe a voulu s’armarier avec sa sœur à elle, qui avait yinque 14 ans. Su’l ch’min de l’Espagne pour ses noces, la p’tite a faite « fuck non » pis est entrée en religion.

Bravo, ma belle. J’aurais faite pareil.

Là, si l’cœur vous lève un peu, vous êtes pas tu’seuls. Mais, ça fait yinque commencer.

Troisièmement, un mariage royal, ça sert à garder la richesse dins mains d’la même p’tite gang de privilégiés.

Quand des monarques négociaient un mariage entre leux arjetons, c’tait pas yinque, ma fille marie ton gars, une poignée de main, c’est ça qu’y est ça. Nenon. C’tait un échange à pu finir de propositions pis de contre-propositions :

« Faique toé tu m’donnes un boutte du Tyrol pis moé ch’te donne un coin de Sicile, avec tel motton d’argent, tu donnes deux-trois fiefs à ma fille pour ses p’tites dépenses, pis moé ch’t’aide à taper su’és Ottomans aux frontières… »

Des fois, ça servait à régler des conflits, mais en temps de paix, les deux parties finissaient souvent ni plus riches ni moins riches qu’avant. Ça montre que c’tes tractations-là étaient pas tant un moyen de s’enrichir, mais plus du WD-40 pour alliances diplomatiques.

L’affaire, c’est que ça marchait yinque quand les mariés avaient l’même rang social. Fallait pas – horreur – qu’un mariage inégal fasse passer d’la richesse dins mains de des ROTURIERS.

Ark!

Y’a juste à voir la réaction à Ferdinand Ier quand son p’tit darnier, Ferdinand Junior, est tombé en amour avec une femme d’la bourgeoisie, l’a mariée en secret pis a eu deux p’tits gars avec :

« Voir si j’vas laisser le moindre ti-boutte du motton des Habsbourg aller à des pas propres! Heille, des affaires pour qu’y s’enflent la tête pis s’prennent pour des princes! Ça commence par une, pis dans pas long toute la racaille va nous garrocher ses filles à marier! L’ordre social au complet va crisser l’camp! »

Faique Ferdinand Junior a dû garder son mariage secret, arnoncer à toute succession pour ses gars pis faire semblant de les « trouver » en avant d’la porte d’entrée comme deux chatons abandonnés, en échange de quoi son père s’est engagé à y verser une rente pour pas qu’y crèvent de faim.

Le genre d’affaire qui a aucun sens dans notre logique d’à c’t’heure.

Le meilleur moyen de garder la richesse toute à’même place, ça reste de s’marier le moins possible avec du monde d’en dehors, c’que les Habsbourg ont faite à la perfection.

À’génération suivante, Philippe III d’Espagne s’est marié avec Marguerite d’Autriche-Styrie, sa petite-cousine ET cousine germaine éloignée au premier degré. Dans l’doute, argardez l’arbre, c’est ben plus clair de même.

Ensemble, y’ont eu huit enfants, dont l’héritier Philippe IV pis l’infante Marie-Anne.

Marie-Anne, a s’est mariée avec Ferdinand III du Saint-Empire, son cousin, lui-même fils de l’empereur Ferdinand II pis de Marie-Anne de Bavière, sa cousine ET cousine germaine éloignée au premier degré.

Après ça, sa fille à elle, aussi appelée Marie-Anne, s’est mariée avec Philippe IV d’Espagne, son cousin PIS son mononcle en MÊME TEMPS.

Simonac, gang. Le ciboulot m’chauffe.

Finalement, quand on conclut un mariage royal, faut pas yinque penser à c’qui s’passe dans l’moment; faut aussi voir loin dans l’avenir. J’vous donne un exemple.

Tsé, le gars qui avait pas rapport dans l’portrait tantôt, pis j’ai dit que j’vous en reparlerais?

Menute.

J’vous rappelle, Louis II de Hongrie, y’était marié avec Marie, la petite-fille à Maximilien Ier. Y’était aussi le beau-frère à Ferdinand Ier, qui lui était marié avec sa sœur Anne. En gros, si y’a été mis dans l’portrait d’la belle-famille, c’tait pour la propagande, du genre :

« Ah ouais, le p’tit Louis, on l’aime assez! Y’é d’la famille! Ses affaires, c’est nos affaires! »

Mais, pourquoi beurrer aussi épais?

Quand Louis II de Hongrie est mort nèyé en prenant une fouille dans sa grosse armure pesante tandis qui s’sauvait des Ottomans à la bataille de Mohács, comme y’avait ni enfants ni frères, Maximilien Ier a r’vendiqué la couronne de Hongrie au nom de sa p’tite fille Marie, la veuve à Louis, PIS au nom d’Anne Jagellon, sa bru pis la sœur à Louis.

Voyez-vous l’coup double, là? Maximilien Ier avait commencé à préparer ça avant même que Louis vienne au monde! Ben sûr qu’y pouvait pas savoir si Louis allait mourir jeune, mais c’tait un coup de dés qui a payé : au boutte de pas mal de crêpage de chignon, le royaume de Hongrie est allé aux Habsbourg, qui l’ont gardée pendant des siècles après ça.

C’qu’on comprend de ça, c’est que mettons que t’étais un monarque, tu pouvais arvendiquer la succession à ton gendre si sa lignée était éteinte.

L’inverse était aussi vrai : si TA lignée à TOÉ s’éteignait, ben là c’est la belle-famille qui pouvait arvendiquer ta succession au nom à ta fille, pis là t’avais des étranges su ton trône.

C’est l’genre de passe que tu veux pas te faire faire.

Alors, encore une fois, le meilleur moyen d’éviter ça, c’est de s’marier en famille, hein?

Sauf que là, la Stratégie Habsbourg contre l’ingérence étrangère allait carrément s’arvirer contre eux autres.

Là où on a laissé la branche espagnole, Philippe IV d’Espagne avait marié sa cousine ET nièce Marie-Anne d’Autriche.

Ça pouvait juste pas faire des enfants forts : y’en ont eu 5, pis y’en a trois qui sont morts au berceau.

Leu plus vieille, Marguerite-Thérèse, s’est rendue à l’âge adulte pis a marié – icitte, m’as faire une p’tite pause avec un gros soupir – Léopold Ier du Saint-Empire, son oncle PIS son cousin EN MÊME TEMPS.

Y’ont eu quatre enfants, pis y’en a trois qui sont morts au berceau. Marguerite-Thérèse elle-même est morte à 21 ans.

L’autre enfant survivant à Philippe IV d’Espagne pis à Marie-Anne d’Autriche, c’tait Charles II d’Espagne.

Mettons que tu voulais faire une affiche du ministère d’la Santé pis des Services sociaux pour avertir le monde des dangers de la consanguinité, ben c’est sa face que tu mettrais dessus.

Y’avait d’la misère à marcher. Y’avait d’la misère à parler. Y’avait d’la misère à manger. Y bavait partout. Y saignait du nez. Y faisait des crises d’épilepsie. Y’avait des hallucinations pis des migraines. Y’a jamais eu sa puberté, faique y’était stérile.

Y’était tellement magané qu’on l’appelait « l’Ensorcelé ». Parce que son état avait AUCUNE autre explication que la sorcellerie pis la possession démoniaque. Voyons don!

Quand y’ont faite des tests d’ADN su lui des siècles plus tard, y’ont découvert qu’y était aussi consanguin que si ses parents avaient été frère et sœur.

Y’était littéralement un cul-de-sac génétique.

Y’é mort à 37 ans, pas d’héritier, pas de frères ni de sœurs, ni mononcle du bord à son père. La branche espagnole des Habsbourg était officiellement éteinte.

Les vautours avaient commencé à virer autour de lui pis d’l’Espagne ben avant ça, par’zempe : y’était même pas encore mort que la France, l’Angleterre pis les Pays-Bas étaient déjà après décider entre eux autres qui allait prendre quel boutte de ses territoires. Pis ça, c’tait sans compter Léopold Ier du Saint-Empire, qui était sûr de toute ramasser vu qu’y était le mononcle ET le beau-frère à Charles.

Entécas, à c’t’heure que Charles II était parti trouver ses ancêtres, le free-for-all allait éclater pour de vrai : c’tait le début de la guerre de succession d’Espagne.

D’un bord t’avais, ben sûr, Léopold, qui arvendiquait au nom à sa femme Marguerite-Thérèse, morte depuis 27 ans, avec dans l’idée de donner l’trône espagnol à son fils qu’y avait eu avec sa troisième femme.

De l’autre, t’avais nul autre que Louis XIV de France, qui arvendiquait au nom à sa femme Marie-Thérèse, la demi-sœur à Charles II, pour donner le trône à son p’tit-fils le duc d’Anjou.

Après 13 ans de guerre, c’est la France qui a gagné, le duc d’Anjou est devenu le nouveau roi d’Espagne, pis ses descendants règnent encore aujourd’hui.

Faique voilà : après avoir passé deux cents ans à essayer de toute garder dans’famille, les Habsbourg se sont ramassés drette dans la situation qu’y voulaient éviter : avec un étrange su leu trône.

À force de trop vouloir toute contrôler, y se sont auto-empissettés; là où y’ont voulu imposer leu volonté, la nature a fini par les rattraper.

N’empêche que Ti-Clin Dufour, lui, y’aurait pu s’forcer pour aller s’charcher une femme une couple de rangs plus loin. 


Source : Paula Sutter Fichtner, « Dynastic Marriage in Sixteenth-Century Habsburg Diplomacy and Statecraft: An Interdisciplinary Approach », The American Historical Review vol. 81, No. 2 (Apr., 1976), pp. 243-265.

Wikipédia pour les p’tits détails (ben oui, Wikipédia ça s’utilise, faut juste se sarvir de sa jugeotte pis pas toute prendre pour du cash)

Vincenzo Gonzaga : quand ta bizoune est une affaire d’État

Heille, gang? Ça vous tente-tu d’entendre parler d’la bizoune de Vincenzo Ier Gonzaga, duc de Mantoue pis de Monferrat?

Avant de répondre « Ark! Non! Voyons don, Matante Poêle, t’es-tu débarquée de tes pentures? », attendez deux secondes! La bizoune en question, a l’a toute une histoire : a l’a été r’gardée, tâtée, mesurée, testée en laboratoire pis su’l terrain, toute au nom d’la raison d’État. Parce que, pour la noblesse européenne du 16e siècle, bander mou, c’tait politique. 

ATTENTION : Y va sans dire qu’on va parler de bizounes dans l’détail. BEN dans l’détail. Faique si les bizounes vous écœurent, vous devriez pas aller plus loin. Vous pourrez pas dire que j’vous ai pas avertis!  

Toute a commencé en 1583 par l’annulation du mariage de Vincenzo, 21 ans, avec Margherita Farnese, 16 ans, la fille du duc de Parme. 

Ça faisait deux ans que Vincenzo essayait de consommer son mariage avec Margherita, mais… ça rentrait pas. Ça rentrait juste pas. 

Les docteurs argardèrent ça, pis y conclurent que les parties d’la pauvre Margherita étaient impropres aux relations conjugales, supposément à cause d’un boutte de chair qui bloquait l’chemin. 

Y’en a qui proposèrent de l’opérer : 

« J’ai lu queque part qu’y a un docteur arabe qui a réussi de quoi d’même, une fois! Mais… ça s’pourrait qu’a meure, par’zempe. »

Un professeur d’anatomie, que la famille Gonzaga avait faite v’nir de l’Université de Padoue exprès pour examiner la fille, avait sa propre suggestion : 

« On pourrait essayer d’élargir l’antichambre de Madame en y rentrant des cônes de plus en plus gros, jusqu’à ce qu’on arrive à la grosseur d’la verge ducale. » 

Là, on va régler ça une bonne fois pour toutes : un vagin, ÇA LOUSSE PAS AVEC L’USAGE. C’T’UN MUSCLE. 

Faique c’t’idée-là prit rapidement l’bord – énéwé, la pauvre Margherita hurlait de douleur chaque fois qu’on essayait d’y faire ça. 

Mais là, les Farnese – la famille à Margherita –, y voyaient ça aller, pis y’étaient pas contents. Si le mariage était annulé :

  1. ça s’rait pas bon pour leu réputation;
  2. Margherita s’en irait au couvent;
  3. y perdraient toutes les avantages qui v’naient avec le mariage.

Voyant que le ton montait, le pape Grégoire XIII envoya le cardinal Carlo Borromeo – le futur saint Charles Borromée, en passant – régler la chicane, vu qu’y était respecté autant par les Gonzaga que par les Farnese. 

Faique le cardinal fit venir au moins 15 personnes de partout en Italie – docteurs, chirurgiens, dames de compagnie, bonnes sœurs – pour qu’y examinent les parties du couple. 

Y comparèrent les tréfonds à Margherita à ceux de quatre vierges certifiéesᴹᴰ autour du même âge qu’elle, qui avaient accepté de servir de vagins de référence en échange d’une dot pour se marier. 

Les docteurs pis les chirurgiens tchéquèrent l’érection à Vincenzo, la mesurèrent pis la comparèrent avec l’avenue royale à Margherita.

Finalement, fallut s’rendre à l’évidence : comme les voies du Seigneur, Margherita était impénétrable. 

Le cardinal Carlo Borromeo convainquit Margherita d’entrer au couvent; franchement, avoir été à sa place à elle, j’aurais été contente d’aller dans une place où, présumément, on m’laisserait la bourzaille tranquille pour l’restant d’mes jours. 

L’mariage fut annulé pas longtemps après. 

À c’t’heure, Vincenzo était libre de s’trouver une nouvelle femme plus, euh… ouverte. 

Pour ça, y s’armit à r’garder du côté d’Eleonora de Médicis, qu’y avait failli marier, mais qu’y avait mise de côté parce que la dot à Margherita était plus grosse. 

L’affaire, c’est que les Farnese avaient jamais digéré la répudiation d’leu fille; pour se venger, y répandirent des rumeurs comme de quoi c’tait pas Margherita le problème, c’tait Vincenzo qui bandait mou! 

Ben vite, des tavernes au bureau du pape en passant par les bordels pis les palais, tout l’monde avait entendu parler des supposés problèmes de couchette à Vincenzo. Mais, pour notre futur duc – son père était encore en vie à c’te moment-là –, le problème s’arrêtait pas là : à l’époque, un homme mou d’la fourche était considéré comme mou dans toutes les autres aspects de sa vie. Si les rumeurs continuaient, pu parsonne le prendrait au sérieux. Ça pourrait y nuire à lui, ça pourrait nuire à sa famille, pis ça pourrait nuire à son duché au complet. 

Faique avant de conclure le contrat d’mariage entre Vincenzo pis Eleonora, le grand duc Francesco Ier de Médicis, le père d’la fille, mit une condition : 

« Que le fils du duc Gonzaga fasse la démonstration, une bonne fois pour toutes, qu’y est capable de consommer un mariage avec une jeune vierge. »

Non, mais ça d’vait-tu être HUMILIANT pour Vincenzo, un peu? Sa bizoune allait faire l’objet d’une procédure hyper rigoureuse à plusieurs étapes, supervisée par l’Église pis documentée comme une poursuite au civil, tandis que toute l’Italie suivrait l’affaire, crampée raide, avec un plat d’popcorn. 

En premier, on suggéra que Cesare d’Este, un grand chum à Vincenzo avec qui y faisait les 400 coups, déclare sous serment que le futur duc de Mantoue était parfaitement capable de performer avec une vierge. Y’était ben placé pour en témoigner, parce que, voyez-vous, avant les rumeurs, Vincenzo avait une réputation de courailleux infatigable, pis Cesare avait souvent été aux premières loges de ses exploits. 

Faique Cesare signa un affidavit en deux copies qui fut envoyé chez les Médicis pis chez le pape. Ça disait :

« Je jure pis j’affirme que Son Altesse peut avoir une érection comme n’importe quel autre gars pis qu’y peut se servir de son érection avec n’importe quelle femme, qu’a soye vierge ou non, aussi facilement que n’importe quel autre gars. »

Mais tsé, ça valait c’que ça valait. Les Médicis étaient pas convaincus pis voulaient d’autres preuves.

La grosse question, c’tait : y’avait-tu un problème avec la bizoune à Vincenzo? 

Pour répondre à ça, les docteurs y firent passer une série d’tests qui t’naient plus du génie mécanique que d’la médecine. 

Par exemple, y lui d’mandèrent de s’monter en graine pour vérifier si son érection pouvait tenir un « poids raisonnable ». Y lui d’mandèrent aussi de pousser avec contre la paume d’une main pour voir si, vraisemblablement, y’avait assez de force pour défricher l’champ d’fraises d’une demoiselle. 

Y firent aussi une réplique de l’instrument à Vincenzo, qu’y purent taponner à loisir pour s’assurer qu’y était pas déformé.

L’histoire dit pas c’qui arriva au proto-dildo ducal par après. 

Après toute ça, y fut conclu que le salami d’Gênes du prince marchait comme un charme. J’en connais un qui d’vait être soulagé.

Malheureusement, c’tait toujours pas assez pour les Médicis : y voulaient un test en conditions réelles. 

Mais quelles conditions, exactement? 

Les négociations furent aussi serrées qu’au renouvellement d’une convention collective d’la FTQ-Construction. 

Les familles réussirent quand même à s’entendre su c’tes points-là : 

  • Vincenzo devrait prouver, devant témoin, qu’y était capable de déflorer une vierge. 
  • La vierge en question – d’une classe sociale inférieure, ben crère – s’rait choisie avec soin; Vincenzo avait d’mandé qu’a soye d’une bonne famille, pas trop jeune ni trop vieille, pis pas trop laitte.
  • La virginité de l’heureuse élue s’rait vérifiée par un docteur pis une sage-femme. Après, la fille resterait embarrée dans sa chambre jusqu’au moment du test.
  • La démonstration se passerait dans une villa de Venise appartenant aux Médicis, sous la surveillance de Belisario Vinta, un gars à leu service, qui aurait l’droit de « r’garder pis de toucher avec ses mains autant que possible ».
  • En contrepartie de devoir faire sa démonstration « à l’étranger », Vincenzo aurait droit à plusieurs essais s’une période de 24 heures, pis le temps compterait yinque quand y s’rait dans la chambre avec la fille.
  • Pour entrer dans la chambre, y devrait porter yinque sa jaquette pis sa robe de chambre, pis Belisario Vinta devrait le fouiller pour s’assurer qu’y apportait juste son « instrument naturel ». 

Là on rit, mais faut quand même le dire : c’t’absolument épouvantable pour la pauvre fille. Maginez, vous-autres-là, que vous êtes une orpheline avec presque aucune chance de vous marier (donc, à l’époque, presque aucune chance d’avancer dans’vie), pis là, y’arrive un bonhomme louche qui vous demande : 

« On pourrait-tu utiliser votre trou pour une esspérience? En échange, on va vous trouver une dot pis un mari pas trop r’gardant… » 

C’est déshumanisant, c’est dégueulasse, pis c’est de l’exploitation pure. Toute ça avec le OK de l’Église. Blark. 

Vinta fit l’tour des orphelinats de Florence pis y finit par trouver une dénommée Giulia, « 21 ans, grande, avec un beau teint, ni grosse ni maigre, un peu gênée, mais avec une bonne tête, faique on devrait être bons pour l’entraîner ».

Re-blark. 

Une fois sa virginité certifiéeᴹᴰ, Giulia fut emmenée à Venise, escortée par une gardienne. 

Tout guilleret, Vincenzo arriva queques jours d’avance pour sa démonstration. Quand y vit Giulia, y dit : 

« Heille, pas pire! J’y sauterais d’ssus drette là! »

Mais, on y dit de s’calmer l’pompon parce que la fille était menstruée, pis que le lendemain c’tait vendredi, pis c’tait pas un bon jour pour copuler à cause d’la religion.

Trois jours plus tard, c’tait enfin l’heure de vérité. Sauf que… ben, une maudite chance pour Vincenzo qu’y s’tait négocié plusieurs essais. 

Après l’avoir inspecté, Vinta s’en alla dans la pièce à côté le temps qu’y fasse ses affaires. 

Sauf qu’y entendit rien pendant un long boutte; pis tout d’un coup, Son Altesse sortit d’la chambre en filant comme une balle, en s’tenant l’ventre pis en criant : 

« M’as être malade tabarnak m’as être malade! »

Selon le rapport à Vinta, au souper, Vincenzo se s’rait bourré la face dins huîtres – vu que les huîtres ont supposément un effet aphrodisiaque, ça compte-tu pour du dopage, ça?

Une fois rendu au lit avec Giulia, y’aurait été pogné d’un endormitoire du yâble, pis y se s’rait réveillé avec la chiasse. 

Le futur duc perdit pas d’temps : y sauta dans sa gondole pis clancha vers sa résidence vénitienne pour se faire faire un lavement à l’huile d’amande douce.

Quant à Giulia, Vinta pis la gardienne vérifièrent si a l’était encore vierge, pis, c’tait clair que le prince s’tait pas trempé l’goupillon dans son bénitier.

Chez les Gonzaga, on capotait pis on criait au maléfice. C’tait de la sorcellerie! C’tait sûr! Y’avait pas d’autre explication! 

Tandis que Vincenzo s’armettait de son va-vite, on pria pour lui pour chasser l’mauvais sort pis on y prépara des remèdes – on sait pas quoi exactement – pour l’aider à performer quand y’allait se réessayer. 

Faique quand y s’arpointa à la villa des Médicis, quatre jours plus tard, Vincenzo était gonflé à bloc : 

« Tonight zde night, bebé! »

Y déshabilla Giulia, se fit inspecter par Vinta, pis tiguidou rail’trou. 

Ça faisait pas quinze menutes que Vinta attendait l’autre bord d’la porte qu’y entendit Son Altesse l’appeler : 

« Heille Vinta! Viens icitte! Chus d’dans! Touche, tu vas voir! » 

Drette là, Vinta aurait de loin préféré rentrer dans l’plancher plutôt que dans c’te chambre-là, mais y’avait une mission à accomplir. 

Y s’rendit donc jusqu’au bord du lit pis tâta pour vérifier que toute était plogué comme faut aux places qu’y fallait. Toute avait l’air beau. 

« Bon, faique à c’t’heure que t’as touché pis qu’t’es convaincu, sors d’icitte pis laisse-moé finir. »

Mais, même si Vincenzo partit de d’là certain d’avoir scoré comme Jean Béliveau, le lendemain matin, le dossier était toujours pas réglé. 

Quand Giulia se fit examiner par Piero Galletti, un chirurgien au service des Médicis, a dit qu’a l’était pas sûre si a l’était vraiment pu vierge : 

« Ben… yé v’nu, ça c’tait clair, mais… Ch’comme pas sûre qu’y est rentré au complet? »

Faique Galletti alla, encore une fois, inspecter le set de clefs du futur duc. Mais, comme y’était pas dur à c’te moment-là, le chirurgien écrit dans son rapport qu’y avait pas d’preuve irréfutable de son aptitude au labour.

Le jour d’après, par’zempe, Vincenzo fit v’nir Galletti dans sa chambre : 

« Gâ! Gad’ça comme c’est beau! » 

Vincenzo était couché su son litte, la jaquette ouverte, la rosette de Lyon glorieuse, ben dressée vers les cieux. 

« Aweille, touche, tu vas voir. » 

(Montrez pas c’te boutte-là au monde sans l’contexte, sivouplaît – on dirait vraiment un début d’film de fesses.)

Non content d’avoir ébloui le chirurgien des Médicis avec sa bizoune « dure comme un fuseau, ben drette, assez grosse mais pas trop, pis parfaitement proportionnée », le soir, Vincenzo rendit une troisième visite à Giulia. 

C’te fois-là, y’avait pu d’doute. Quand Galletti vint faire son debriefing avec la fille, a dit : 

« Ah, là ch’peux vous dire que chu pu vierge. 100 % pu vierge. »

Après ça, on perd la trace de l’héroïque Giulia. J’ose espérer que les promesses qu’on lui avait faites ont été respectées, mais ça doit : après toute, si les Gonzaga avaient dompé la pauvre fille pu d’honneur pu rien après l’avoir utilisée d’même aussi publiquement, ça se s’rait su pis ça aurait mal paru. J’souhaite de toute mon cœur qu’a se soye trouvé un bon mari fin pis qu’a l’a faite une belle vie après ça. 

Quant à Vincenzo, sa virilité prouvée de façon éclatante, y put enfin marier Éleonora de Médicis. Y’eut six enfants avec elle pis continua de courir inlassablement la galipote. 

Pis j’ai une dernière tite pépite croquante pour vous-autres : à la mi-quarantaine, quand y commença à mollir du fudgscicle, y’envoya un apothicaire en Amérique du Sud au péril de sa vie pour y trouver un remède miracle. Malheureusement, quand l’apothicaire arvint en Italie, le duc de Mantoue et de Monferrat avait déjà passé l’arme à gauche. 

Bref, détenteurs de bizounes, si vous avez des ennuis mécaniques au lit, réjouissez-vous : au moins, c’est pas une affaire d’État.


Source : Bourne, Molly (2016). «Vincenzo Gonzaga and the Body Politic: Impotence and Virility at Court ». Dans Matthews-Grieco, Sara F. (ed.). Cuckoldry, Impotence and Adultery in Europe (15th-17th century). Routledge.

Kid Kodak : Henri IV de France pis ses portraits

Aujourd’hui, c’est le 411 anniversaire d’Henri IV, roi de France – tsé, le gars de l’autoroute du même nom, à Québec?

Y’a été tué en pleine rue par François Ravaillac, un fanatique religieux qui pensait que le roi était l’Antéchrist.

Mais bon; mettre des tites bulles drôles sur la peinture de son assassinat, c’t’un peu… J’me sentais pas à l’aise avec ça, faique j’ai décidé de faire autre chose.

Voyez-vous, notre Henri IV était un kid kodak avant l’heure. Y’aimait pas mal ça, s’faire tirer l’portrait.

Faut dire aussi que lui, au départ, c’tait le roi de Navarre. Y’a hérité du trône de France parce que la dynastie des Valois a trouvé l’tour de passer au travers de toutes ses héritiers mâles, pis comme les Français interdisaient aux « gonzesses » d’hériter du trône, ben y’a fallu qu’y’armontent neuf générations en arrière pour se trouver un roi.

J’vous dis ça parce que c’est pas tout l’monde qui trouvait que son auguste darrière avait légitimement d’affaire là. Faique, en utilisant des portraits, y’a lancé une espèce d’opération de relations publiques pour ben paraître pis asseoir comme faut son pouvoir.

Faisons une tite rétrospective.

Le v’là à 15 ans, avec un beau pinch mou. C’est magnifique. Enlève le colette, pis on dirait un nerd qui rentre d’un tournoi de cartes Magic, ben certain qui va gagner, pis qui tient les portes aux filles en disant « Mad’moiselle ».

Notez le pif pis le r’gard de braise – vous allez les arvoir souvent.

Le r’vla quatre ans plus tard, à ses noces, avec Marguerite de Valois, alias la reine Margot, tsé comme dans la vue avec Isabelle Adjani pis Daniel Auteuil.

Comme on peut l’voir à leux faces qui irradient le wouptidou, y s’aimaient pas pantoute. C’tait un mariage arrangé par Catherine de Médicis, la mére à Marguerite, dans l’espoir de faire slaquer la guerre entre catholiques et protestants. Parce que, ouais, Henri était protestant; à cause de ça, y pouvait pas rentrer dans Notre-Dame, faique la cérémonie de mariage a eu lieu su’l perron d’la cathédrale.

Y’ont pas eu d’enfants, pis finalement, Henri a fini par faire annuler son mariage avec Marguerite, pis y s’est armarié avec Marie de Médicis, qui lui a donné un héritier doué de zouiz quasiment tu’suite.

D’ailleurs, quins, argardez l’beau tit portrait de famille avec toutes les enfants (Louis, Elizabeth, Christine – pis l’ti poute, dans son cârosse, c’est MONSIEUR d’Orléans) pis euh… euh… L’gars dans l’coin, là? En bas? C’est Guillaume Fouquet de la Varenne. Y v’nait d’une famille bourgeoise, pis y’était cuisinier pour la sœur d’Henri. Fouillez-moé comment, mais c’est devenu l’grand chum d’Henri, pis y lui a même sauvé la vie à la bataille de Fontaine-Française.

Mais bon. C’est bizarre. Y’a l’air photoshoppé dans’peinture. Tsé, c’t’un peu comme aller au studio Sears avec les flos pour une séance photo quétaine avec des pommes pis mettre ton courtier d’assurances dans l’coin. Ou bedon, ton chum de gars qui travarse une mauvaise passe pis que t’as accepté d’héberger dans ton sous-sol, mais là y s’incruste pis ta blonde est à boutte. En passant, son papier dit « Il m’a fait quérir l’honneur et donné le bien ». Au moins, y’est arconnaissant.

Comme j’vous disais, Henri s’sarvait aussi de ses portraits pour faire un ti peu de propagande, genre :

Là, on l’voit en armure, l’épée dins airs, toute drette, avec un sourire de champion. à gauche, c’est l’nœud gordien, tsé lui qu’Alexandre le Grand a fendu en deux. À drette, c’t’un mini Hydre de Lerne toute étêté, comme dins douze travaux d’Hercule. Tu’suite, on voit qu’y s’prenait pas pour d’la marde.

Mais c’pas fini!

Le faite qu’Henri était protestant, ça fâchait ben du monde, dont la Ligue catholique, qui voulait ARDJIEN savoir de lui su’l trône de France. Y leu a faite la guerre pendant des années. Un m’ment’né, pour acheter la paix, y’a fini par se convertir au catholicisme, mais même à ça, la Ligue continua de l’attaquer comme un chien qui a les dents pognées dins culottes du facteur.

Quand y réussit enfin à avoir l’dessus, cinq ans après sa conversion, on y tira c’te beau portrait-là :

Faique le but de t’ça, c’tait de l’arprésenter en Mars, dieu d’la guerre chez les Romains. Y tient l’bâton du boss, pis y’a l’pied su les bouttes d’armure de ses ennemis vaincus. Notez son armure rose flash! Ça, ça montre que l’rose, ça a pas toujours été associé aux p’tites filles. En faite, jusqu’aux années 1930, le rose, c’tait une couleur associée aux p’tits gars, un genre de rouge-lite qui arprésente la force. Les p’tites filles, elles, étaient habillées en bleu pâle, la couleur d’la sainte Vierge.

Faique les gars, j’vous encourage à mettre des ch’mises roses! Ça fait tellement ben!

Ok. Là on arrive à mon image préférée.

ARGARDEZ. SA. FACE. J’me peux pu. Y’a l’air d’un comédien poche qui joue un héros dans une pièce de théâtre d’été pis qui a apporté son costume à maison pour surprendre sa femme.

Dans c’te portrait-là, y’a r’pris l’idée de l’Hydre de Lerne, mais là, y’est allé à fond. Y’est carrément habillé en Hercule, avec la massue pis toute. Même si la face fait son âge, le corps est toute jeune pis fringant. C’est pour montrer la vigueur pis la santé du roi, mais finalement, ça donne juste le goût d’rire.

Pis là, l’apothéose. Comme j’vous disais au début, y’a été assassiné le 14 mai 1610. Mais même dans’mort, y’avait pas dit son darnier mot. Tchéquez-ça :

(Si c’est trop p’tit, cliquez avec le piton drette pis faites « Voir l’image dans un nouvel onglet »)

Méchante affaire, hein? À gauche, Henri s’fait emmener su l’mont Olympe par Jupiter pis Saturne comme un homme devenu dieu. Au milieu, deux Victoires nu boules s’arrachent les ch’feux. À drette, t’as Marie, la veuve à Henri, qui s’fait offrir la régence du royaume, vu que son gars Louis XIII est encore trop jeune pour régner. Est toute triste pis humble.

C’est la France en parsonne qui y tend l’globe du pouvoir pour qu’a l’prenne. Autour d’elle, y’a la Prudence, la Providence pis la déesse Minerve qui l’encouragent. Pis en bas, ben… c’t’une gang d’hystériques qui endurent pas l’incertitude.

Faique c’est ça! Mais avant d’partir, j’ai un darnier nanane pour vous-autres. Henri, y s’est pas limité à un seul médium pour ben paraître…

Fig. 3

La Sainte Couronne de Hongrie : quequ’un comme toé pis moé (ou presque) – partie II

Partie I

Bon. J’vous le promets, là : à soir, vous allez savoir pourquoi la croix su’l dessus d’la Sainte Couronne est croche. Ou entécas, comment on pense qu’est v’nue croche.

Faique quand Charles-Robert mourut, son fils Louis y succéda.

Y’avait yinque un problème : Louis avait jusse des filles, pis son frére André, qui aurait pu y succéder, avait été assassiné – étranglé avec un cordon pis crissé par la fenêtre les culottes baissées avec une corde attachée autour des gosses –, supposément sur les ordres de sa femme, Jeanne de Naples.

Bref, ça r’gardait mal pour la succession.

Parce que comme on l’a vu tantôt, en Hongrie, les rois étaient comme semi-élus par les grands seigneurs du royaume, pis eux-autres, y juraient yinque par le zouiz.

Louis fit promettre aux seigneurs d’accepter sa fille Marie comme reine. Mais, ben crère : y’était à peine frette dans sa tombe, pis Marie v’nait à peine de se mettre la Sainte Couronne su’a tête, que déjà, ça se mit à brasser d’la marde pour mettre un homme à sa place.

À ce moment-là, Marie avait yinque 11 ans, pis c’est sa mére qui se battit comme une démone pour défendre son droit. Dans les années de bordel total qui suivirent, les deux se firent pogner par leux ennemis, pis la reine-mére fut étranglée drette en avant de sa fille. Finalement, les nobles battes furent satisfaits quand Marie se maria avec Sigismond de Luxembourg, empereur du Saint-Empire, pis qu’y fut couronné officiellement comme co-souverain.

Malheureusement, queques annéesaprès, Marie, enceinte, eut une bulle au cerveau pis partit tu’seule pour aller chasser. Dans l’fond du bois, son ch’fal s’enfargea, Marie prit l’bord, son ch’fal y tomba d’ssus pis a mourut.

Faique Sigismond, qui arsemble à mon mononcle Jocelyn avec un glorieux casse de poil, resta comme seul roi de Hongrie.

Impossible que ce gars-là ait pas de skidoo ni de terre à bois.

Y s’armaria avec une madame appelée Barbe, pis y’eut yinque une fille, Élizabeth. Toute allait arcommencer.

Sauf qu’Élizabeth réussit à éviter l’pire en se mariant avec Albert du Saint-Empire, alias Tête-de-Gland, pis en le faisant aussi couronner comme co-souverain.

Tête-de-Gland.

Mais là, en 1439, Tête-de-Gland trépassa, laissant dans le deuil sa femme pis deux filles. Pas encore!

Mais pas si vite : Élizabeth était enceinte. D’un coup ça soye un gars?

Comme d’habitude, y’eut une élection. Dans c’temps-là, les Turcs commençaient à faire du trouble aux frontières, faique l’assemblée des nobles battes décida que ça prenait un homme viril qui s’mettrait la flamberge au vent pis qui s’érigerait en défenseur du royaume. Vous voyez ce que je veux dire.

Faique, y’élirent Vladislas III, roi de Pologne – un flo de 16 ans, c’est-tu assez insultant! – comme roi de Hongrie.

Élizabeth fit mine d’être d’adon, mais pas longtemps après, a partit en douce de la capitale avec sa bedaine pis ses partisans. Pis la veille, a l’alla voir Hélène Kottaner, une de ses dames de compagnie :

« Chus sûre que j’vas avoir un gars, pis j’veux l’faire couronner avant que l’autre Polonais s’pointe la face icitte. Tu volerais-tu la Sainte Couronne pour moé? T’es la seule à qui ch’peux faire confiance! »

Heille, c’tait une méchante faveur, ça! C’tait pas comme prêter une perceuse ou aller charcher les p’tits à’garderie : si Hélène se faisait pogner, sa tête risquait de rouler dans’garnotte sur un moyen temps, pis ses flos s’artrouveraient orphelins.

Mais à c’qu’on dit, le vrai courage, c’est de faire c’qui faut même si on shake dans ses pichous. Pis c’est c’qu’Hélène fit. A s’en alla au château de Visegrád, y’où ce qu’y gardaient la Sainte Couronne, sous prétexte qu’a l’allait arjoindre les autres dames de compagnie d’Élizabeth.

Quand tout l’monde fut ben canté, Hélène se l’va pis, avec deux gars qui s’taient offerts pour l’aider, rentra dans l’corridor qui m’nait à’salle des joyaux d’la couronne. Pis là, dans un suspense digne des meilleures vues d’bandits, Hélène guetta l’boutte du passage pendant que ses deux complices limaient les serrures des autres portes.

Par deux fois, Hélène eut l’impression que ça menait du train l’autre bord du mur, comme si une gang de gars armés s’en venaient les pogner. Finalement, parsonne se montra la face, pis Hélène était tellement contente qu’a promit au Seigneur de faire un pèlerinage nu-pieds au sanctuaire d’la Sainte Vierge.

Les gars finirent par arsortir avec la Sainte Couronne. Y remplacèrent les serrures qu’y avaient limées pis arbarrèrent toute comme avant. Hélène cacha la couronne dans un coussin, au travers d’la bourrure.

Le lendemain matin, sûrement ben maganée de sa nuite, Hélène embarqua dans son traîneau (c’tait l’hiver) avec le coussin pis partit trouver sa maîtresse avec les autres dames de compagnie. Su’l gros nerf, a l’arrêtait pas d’argarder en arrière pour voir si a l’était suivie.

Y’eut ben un ti moment de terreur quand un des traîneaux rempli de madames passa au travers des glaces du fleuve Danube, mais heureusement, parsonne tomba à l’eau. Autrement, Hélène réussit à s’rendre sans problème jusqu’à Élizabeth pour y donner la Sainte Couronnne queques heures à peine avant qu’a l’accouche d’un p’tit gars.

C’tu là que la croix aurait été crochie? Y’en a qui pensent que oui. Mais Hélène, ça m’a l’air de quequ’un d’fiable, pis a dit dans ses mémoires qu’elle a fait hyper attention de pas s’asseoir su’l mauvais coussin pis d’effoirer la couronne avec son popotin.

Y’a une autre affaire, aussi : là, on est au 15e siècle, pis la croix commence à être croche su les dessins à partir du 17e. Y’a une autre théorie – on en reparle dans deux siècles.

Entécas, Élizabeth fit couronner son fils, qu’a l’avait appelé Ladislas. La Sainte Couronne était tellement grosse que le p’tit aurait pu s’assire dedans, faique pendant la cérémonie, un cousin à Élizabeth fut obligé de la tenir au-dessus du p’tit qui braillait toutes les larmes de son ti corps. Y dut trouver l’temps long en maudit.

Quand Vlad III de Pologne se pointa en Hongrie, y se fit couronner lui avec, mais avec une couronne pognée dans la tombe de saint Étienne.

Élizabeth était ben décidée à tasser Vlad pour mettre son p’tit Ladislas su’l trône, mais a mourut deux ans après, probablement assassinée. Faique Ladislas alla rester chez Frédérick III, empereur du Saint-Empire, un cousin à son pére.

Deux ans plus tard, arbondissement : Vlad III de Pologne mourut décapité par les Turcs à la bataille de Varna, pis son corps fut jamais artrouvé. Les Turcs, ben contents d’leu coup, immortalisèrent l’étêtage dans c’te peinture-là :

Faique le temps qu’y soye déclaré mort pis que les seigneurs finissent de se chicaner, c’est yinque en 1452 que Ladislas put s’assire sur le trône qui y’arvenait de droit.

Rendu là, y’avait l’air d’une annonce de Pantene avec un pinch mou :

Pis ça a l’air qu’y trippait ben gros sur Harmonium.

Malheureusement, après toute c’te trouble-là, prince Boucle-d’or mourut à 17 ans – y’en a qui disent de la peste, d’autres de la leucémie.

Faique après une autre guerre civile – parce que ça en prenait absolument une – c’est Matthias Corvinus, un jeune noble hongrois, qui fut élu roi.

À c’te moment-là, c’tait encore Frédérick III, le tuteur à Ladislas, qui avait la Sainte Couronne. Faique en échange, y d’manda 80 000 florins d’or, ou 14,5 M$ d’à c’t’heure. Se sachant tenu par les gosses, Matthias accepta de payer, pis la Sainte Couronne artourna enfin chez elle en 1464, après 24 ans au yâble au vert.

Là, on saute jusqu’au 16e siècle. Les Turcs se faisaient de plus en plus dangereux, pis c’est un homme, Louis II, qui était roi. Mais son hommitude y sarvit pas à grand-chose à la bataille de Mohács : toute son armée fut effoirée en deux heures, pis lui, y se sauva la queue entre les jambes. En essayant de monter une côte trop à pic su son ch’fal, y tomba su’l dos dans un ruisseau pis mourut nèyé parce que son armure était tellement pesante qu’y a pu été capable de s’arlever.

Ça, c’est quand y’a été artrouvé :

À partir de là, les Turcs se mirent à gruger de plus en plus le territoire hongrois. D’leu bord, les nobles battes élirent DEUX rois différents en dedans d’un an, pis les deux furent couronnés avec la Sainte Couronne. C’tait une période mêlante.

Entécas, au 17e siècle, même si les Turcs occupaient la capitale, c’tait Ferdinand III de Habsbourg qui régnait su la Hongrie, quand y’avait le temps au travers de ses 15 000 autres jobs, comme roi d’Allemagne, archiduc d’Autriche, empereur du Saint-Empire, roi de Bohême – la liste est tellement longue que même Wikipédia s’écœure avant la fin pis écrit « etc. etc. »

Sa première femme était sa cousine, Marie-Anne d’Espagne.

(Marier sa cousine : mal vu quand t’es un Tremblay du Lac-Saint-Jean, pis parfaitement correct quand t’es un roi avec plus de titres qu’un catalogue de maison d’édition.)

Entécas, quand Marie-Anne se maria avec Ferdinand, y fallut qu’a fasse la run de lait, c’est-à-dire être couronnée reine de toutes les affaires que son mari était roi de. Faique on la comprend d’avoir l’air légèrement à boutte :

Le 14 février 1638, c’tait le jour de son couronnement comme reine de Hongrie. Les reines étaient couronnées avec la première couronne du bord, mais ça prenait la Sainte Couronne quand même : la coutume, c’tait de donner une tite bine su l’épaule d’la reine, comme pour dire, heille, toé’ssi t’as d’affaire dans l’régnage!

Dans ces temps-là, la Sainte Couronne était gardée à Vienne, la ville principale des Habsbourg, pis le couronnement avait lieu à Bratislava, vu que la capitale hongroise était occupée.

Faique toute était prêt : l’archevêque était là, la reine était là, la noblesse était là, les enfants d’chœur chantaient pis toute le kit. Y manquait yinque une affaire : la Sainte Couronne.

M’aginez-vous que le noble viennois qui s’en occupait avait apporté l’coffre avec la couronne dedans, mais qu’y’avait pas apporté la bonne clé! Le palatin (j’vous rappelle, ça c’est le plus haut fonctionnaire du royaume) était en tabarnak :

— Maudit gnochon, c’pas vrai, là?
— Ben, j’m’excuse! Y’a tellement de clés après c’te trousseau-là, ch’tais sûr que j’avais la bonne!
— Astie, qu’est-cé qu’on fait? On est pas pour dire à tout l’monde d’arvenir demain!

Faique y’appelèrent un serrurier.

— Heh boy! Y’a combien de straps en fer après c’te coffre-là?
— Quatorze.
— Simonac! C’est ben d’valeur, Vos Altitudes, mais si ça presse tant qu’ça, moé là, j’ai pas l’temps d’mettre des gants blancs. Va falloir que ch’fesse.
— N’importe quoi, tant que tu nous sors la couronne de d’là au plus crisse.
— Bon ben, advienne que pourra, d’abord!
*PONG*
*PING*
*PING*
Mon torrieux, veux-tu ben ouvrir!
*PROK*
*KROK*
Heille, mon astie d’enfant d’ch…
*SPLONK*
Bon!

Le serrurier ardonna l’coffre au palatin. En dedans, y’avait un autre coffre plus p’tit en cuivre, pis y’était bossé comme une aile de char après un accrochage. Ça r’gardait mal, mais le fonctionnaire se laissa pas décourager :

« Donnez-moé un couteau, m’as la sortir par en d’sour. »

Y découpa l’fond d’la boîte en cuivre, pis ploc, la Sainte Couronne y tomba dins mains, fort probablement avec son air d’à c’t’heure, avec la croix cantée pis les deux arches tout teur. 

Après… y’essayèrent-tu d’la réparer? Mystère. C’qu’on sait, c’est que la Sainte Couronne resta sortie pas mal plus longtemps que d’habitude avant d’artourner à Vienne, au moins parce qu’y fallut y’argosser un autre coffre. C’qui est sûr, c’est qu’après, tout l’monde fit comme si la croix avait toujours été d’même.

Dins siècles qui suivirent, la Sainte Couronne resta tout l’temps dans la famille des Habsbourg, en passant entre autres par – Jésus Marie Joseph! – une créâture, l’impératrice Marie-Thérèse. Les nobles battes durent s’étouffer su leu chique.

Son successeur, Joseph II, voulut rien savoir de se faire couronner, faique les Hongrois le surnommèrent « le roi au chapeau » pis, essentiellement, se torchèrent avec ses édits pis ses décrets. Quand même, c’est à la fin de son règne, en 1790, que la Sainte Couronne arvint enfin en terre hongroise. Les Hongrois étaient tellement contents qu’y firent le party dins rues, accrochèrent des guirlandes partout pis composèrent des tounes en son honneur.

La couronne était quand même pas au boutte de ses aventures.

En 1848, y’eut la Révolution hongroise.

L’empereur Ferdinand 1eravait adopté des lois pour transformer la Hongrie en monarchie constitutionnelle, avec un parlement pis toute; mais son successeur, François Joseph (le beau Franz à Sissi avec le cou raide, dans les films) avait décidé de mettre la hache là-dedans sans raison.

En crisse, les Hongrois se révoltèrent. Y’eut une guerre. Les Hongrois pardirent.

Pour échapper à l’empereur, le premier ministre se poussa en Turquie, non sans faire une dernière vacherie : y pogna la Sainte Couronne pis le reste des cossins sacrés du couronnement pis enterra toute ça dans une swompe à la frontière. Les autorités impériales durent charcher dans’bouette pendant quatre ans avant des artrouver.

Charles, le successeur à François Joseph, fut le darnier à porter la Sainte Couronne. C’tait comme écrit dans l’ciel — argardez comme y’avait l’air tata avec sa couronne trop grande :

Charles à son couronnement avec sa femme, Zita de Bourbon-Parme, pis son garçon, Otto.

Après la Première Guerre mondiale, la monarchie fut abolie. Pis à mesure qu’on s’approchait du monde d’à c’t’heure, la Sainte Couronne devint plusse un symbole qu’autre chose, mais quand même un symbole national super important pour les Hongrois.

La Sainte Couronne s’épivarda une darnière fois pendant la Deuxième Guerre mondiale, pis c’te fois-là, a l’alla pas mal loin.

Le gars qui dirigeait la Hongrie, l’amiral Miklós Horthy, avait tellement la chienne du communisme qu’y préféra s’allier avec Hitler plutôt que de risquer une invasion par les Russes.

Mais quand l’Armée rouge commença à avancer sans que parsonne puisse l’arrêter, Horthy enterra la Sainte Couronne et ses cossins queque’part en Allemagne.

C’est les Américains qui la ramassèrent, pis a passa un bon boutte d’la guerre froide dans un coffre-fort à Fort Knox , aux États-Unis.

Finalement, en 1978, le secrétaire d’État des États-Unis ardonna la Sainte Couronne à la Hongrie, pis a bougea pu jamais du Parlement hongrois après ça.

Faique c’est ça! Un casse en or qui a eu une vie plus excitante et arbondissante que la majorité de nous-autres.

Quand l’astie d’pandémie va être finie, on s’organise-tu un voyage en gang pour aller la voir… en parsonne?


Source : László Péter, « The Holy Crown of Hungary, Visible and Invisible », The Slavonic and East European Review, 2003.
Hélène Kottaner, Les mémoires d’Hélène Kottaner, 1440.
Géza Pálffy, A Szent Korona és a koronaláda balesete 1638-ban, 2007.

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Pour faire comme eux-autres et lire les articles avant tout le monde pis même profiter de contenu extra rempli de détails croustillants, c’est par ici!

Yasuké, le samouraï africain — partie III

Partie I
Partie II

Y’avait pas de cérémonie, pas de papiers à signer, rien : Nobunaga avait dit que Yasuké était un samouraï, faique y’était un samouraï – un vrai de vrai membre d’la société japonaise.

Tsé, pour nous-autres, c’t’évident : on a un système d’immigration pis toute, pis si quequ’un veut v’nir chez nous pis devenir Canadien, ben y’est supposé pouvoir. Mais dans c’temps-là, « devenir » Japonais, c’tait quequ’chose qui se faisait juste pas.

Mais, pour Nobunaga, faire de Yasuké un samouraï, c’tait une façon de dire :

« Tchéquez ça : c’est moé le boss à c’t’heure. M’as créer un nouveau Japon comme ça me tente, à mon image. »

Pis si y’en avait des frustrés pis des insultés de d’ça, ben y d’vaient avaler leur étron pis se la farmer : PARSONNE contredisait Nobunaga.

Entécas, à partir de là, Yasuké allait suivre son seigneur dans toutes ses guerres :

— Argarde su’a carte, dit Nobunaga. Là, en ce moment, j’ai l’général Toyotomi qui est après assiéger une ville du clan Mori – Tottori, qu’a s’appelle. Mais là, v’là pas longtemps, l’seigneur Mori a envoyé des renforts, faique j’ai dit à Mitsuhidé Akéchi d’aller trouver Toyotomi. Là, j’attends d’voir si y vont être corrects ou bedon si va falloir que j’y aille moé-même…
— VOTRE ALTESSE! VOTRE ALTESSE!

Un serviteur arriva dans’salle toute énarvé.

— Qu’est-cé qu’y a?
— Y’a deux gars à la porte, y viennent de la province d’Iga! En échange d’un astie d’gros motton d’cash, y disent qu’y vont trahir leu gang pis vous montrer un chemin secret pour rentrer dans’place!

Ça faisant un boutte qu’Iga était comme un bloc Lego dans le bas à Nobunaga. C’tait une tite province de rien, sans grosse force militaire, mais fallait pas prendre ce monde-là à’légère : gars ou filles, des enfants aux p’tits vieux, y’étaient quasiment toutes des ninjas.

Wô oui, des ninjas! Comme dins vues! Des guerriers super entraînés qui sortaient de nulle part tuer leu cible, peu importe le moyen. Pour vous donner une idée, on dit que le seigneur Kenshin Uésugi a été assassiné par un ninja qui avait attendu toute la nuite dans l’trou d’la bécosse, dans’marde jusqu’au cou, pour le poignarder en plein dépôt.

Yasuké avait déjà entendu parler en masse des ninjas. Ben avant d’connaître Nobunaga, y’avait su par la bande que Nobukatsu, un de ses fils, avait essayé d’envahir Iga. Normalement, y’aurait dû d’mander la parmission à son pére, mais y s’était dit :

« Heille, c’est toute une gang de culs-terreux cachés dans l’bois! Ça va être une tite victoire facile, pis p’pa va m’aimer pis m’trouver bon! »

Sauf qu’en rentrant dans Iga, l’innocent pis ses milliers d’hommes s’taient faite crisser une volée par une gang de paysans qui étaient sortis de terre comme des siffleux, descendus des arbres comme des araignées pis arrivés du ciel comme des chauve-souris. Y’eut un tapon de morts, pis Nobunaga était tellement en tabarnak qu’y était passé proche de déshériter son gars.

Mais là, c’tait l’occasion que l’seigneur attendait :

« M’as leu river l’clou pour de bon, c’tes asties d’crottés-là. »

Faique à son tour, y’envoya une force d’invasion.

Yasuké avait ben hâte d’aller su l’champ d’bataille, mais Nobunaga l’gardait avec lui, pis y’attendait encore des nouvelles du général Toyotomi pour savoir si y’allait l’arjoindre ou bedon si y’allait à Iga.

Finalement, un matin d’novembre, les nouvelles rentrèrent : la ville de Tottori s’tait rendue parce que ses habitants étaient toutes à’veille de crever d’faim. Pis avec ça, c’tait décidé : c’tait à Iga qu’Nobunaga allait aller, pis Yasuké avec lui.

Sauf que quand y’arrivèrent enfin à Iga, l’armée du clan Oda avait déjà gagné, pis y restait yinque d’la tite fumée pis des cadavres que la neige était après arcouvrir tranquillement. Yasuké put pas s’empêcher d’être un peu débiné :

« Crime, moi qui pensait avoir la chance de leu montrer que ch’pas yinque un beau ténébreux! »

Mais, Nobunaga, lui, y trippait en se promenant au travers des ruines :

« Bahaha, ça devait être la guerre, pis finalement, ça va être la tournée des vainqueurs! »

Pis là – KAPOW!!!!

Juste en avant de Yasuké, y venait d’avoir une tabarnak d’explosion. L’Africain avait les oreilles qui silaient à cause du bruit pis les yeux qui piquaient à cause d’la fumée; les chevaux étaient partis en peur pis y’avait des bouttes de soldats explosés partout à terre. Pis là, en plus, les morts étaient après se l’ver.

« Crisse, c’est-tu des sorciers? »

C’que tout l’monde avait pris pour des cadavres étaient en faite des ninjas ben vivants qui venaient de toutes les pogner les culottes à terre. Profitant du bordel total, y se faufilèrent au travers des soldats avec yinque une idée : assassiner Nobunaga.

Yasuké dégaina son sabre pis partit après eux-autres tandis que la voix de Nobunaga s’élevait comme une corne de brume au travers du smog de bombe :

« TUEZ-LES TOUTES! »

L’Africain essaya de pogner un premier ninja, mais y fit un genre de steppette de ballerine, évita le coup d’sabre pis disparut; y se rabattit sur un autre gars qui, lui, eut pas l’temps de se tasser pis mangea la lame en pleine tête.

Enfin, y’aparçut Nobunaga : y’était après se battre au corps contre les ninjas, coude à coude avec son fils Nobukatsu.

Yasuké courut les arjoindre pis se pogna contre un autre ninja, qui était à peine plus qu’un flo. Le pauvre ti gars eut beau faire des feintes pis des sparages, l’Africain était juste trop grand pis trop fort pour lui; on aurait dit une éolienne contre un vire-vent. Avant longtemps, la tête du p’tit roula dans’neige.

Pis là, aussi rapidement qu’y avaient artroussé, les ninjas étaient toutes artournés au royaume des morts.

« HOOOOOOOOOO! » cria Nobunaga, le sabre dins airs en signe de victoire.

« HOOOOOOOOOO! » répétèrent Yasuké pis toutes les autres guerriers.

Le p’tit nouveau du clan Oda avait survécu à son baptême du sang en sol japonais.

Sauf qu’y eut ni ballounes ni buffet froid pour souligner l’occasion : y’avait d’autre provinces à conquérir, pis fallait vite passer à autre chose.


Un an plus tard, ben… Comme de faite, ça faisait plus qu’un an que Yasuké était au service de Nobunaga, pis ça allait pas pire pantoute. Y’était de plus en plus à l’aise dans sa nouvelle gang, y’avait beaucoup amélioré son japonais, pis ça mémérait même au travers des samouraïs que l’seigneur y donnerait p’t-être un château, ou au moins y’organiserait un mariage avec la fille d’un de ses généraux.

Pendant c’temps-là, Nobunaga avait continué d’faire le ménage dans ses ennemis. Entre autres, y’avait enfin réussi à régler son cas aux Takéda. C’tait un gros morceau, ça : y’avaient été des alliés du clan Oda avant d’arvirer leu froque de bord pis de devenir un de ses ennemis les plus dangereux.

Après ça, ça allait être au tour des clans Mori pis Chôsôkabé; l’année prochaine, y lui resterait yinque à aller conquérir les pardus dans l’nord pis l’autre gang dans l’sud, sur l’île de Kyushu, pis toute le Japon allait être à lui. Rendu là, qu’est-ce qui l’empêcherait d’aller, genre, en Corée ou en Chine? Y pouvait ben s’parmettre de rêver.

D’ailleurs, là, Nobunaga v’nait de trouver son occasion d’mettre le darnier clou dans l’cercueil du clan Mori :

« Bon, faique le général Toyotomi a faite dévier une rivière pour transformer leu château en île, pas pire, hein? Là, y’est après les bombarder avec ses bateaux, sauf que l’seigneur Mori a réussi à rassembler des troupes ailleurs pour le pogner de dos, pis y s’en vient lever l’siège. Toyotomi va avoir besoin de renforts, pis ça va être en plein l’bon temps pour effoirer les Mori pour de bon. »

En argardant son général Mitsuhidé Akéchi, Nobunaga ajouta :

« Pis toé, clanche chez vous préparer tes troupes pis pars en avant; m’as faire un croche par Kyoto, pis m’as v’nir t’arjoindre dans pas long. »

C’t’après-midi-là, Yasuké paqueta ses affaires, dit au-revoir à ses serviteurs pis prit la route de Kyoto avec Nobunaga pis les autres gars de sa garde rapprochée. Y’allaient passer la nuite au temple Honnô-Ji, la résidence des Oda à Kyoto pis la place où toute avait commencé pour l’Africain.

Rendu au soir, Yasuké prit un bain pis s’fit masser. Après, y mangea un bon p’tit souper pis prit une couple de verres avec les autres samouraïs. Toute avait tellement changé depuis la première fois qu’y était v’nu icitte, à attendre des heures de temps sans dire un mot, les jambes crampées, avec les gardes à l’air bête!

Pas longtemps après, toute mou de son massage, le ventre plein pis un peu pompette, y’alla se coucher, même si y’était d’bonne heure. Y’avait pas mal de route à faire, pis après, y’allait être au front, faique autant en profiter.


Dans’nuite, Yasuké s’réveilla pis artroussa toute d’un boutte :

« Voyons… Messemble que j’ai entendu de quoi d’pas normal! »

Y’artint son souffle pour essayer de réentendre la même affaire, mais pour l’instant, y’avait juste les respirs des autres samouraïs qui dormaient autour. Y prit pas d’chance pis pogna son sabre.

Y se l’va tranquillement, sans réveiller les autres, pis ouvrit la porte en papier : déhors, l’aube commençait yinque à s’montrer l’boutte du nez.

« Astie, y’a queque chose de pas comme d’habitude. Je l’sens dans mes urines! »

Le dedans toute serré d’angoisse, y sortit dans l’pâssage. Y’avait pas d’garde en avant d’la porte à Nobunaga :

« Le seigneur doit être l’vé. Où c’qu’y est, don, à c’t’heure-là? »

Pis soudain :

« BOAAAAAAAAAAAAAAAAWWWW!!! »

Quequ’un sonnait l’attaque!

« Tabarnak, qu’est-cé qui se passe? »

Déhors, ça criait – des cris d’guerre pis des cris d’mort. Des asties d’traîtres étaient rentrés dans l’temple! Yasuké entendait l’train qu’y faisaient en courant pis l’keling kelang d’leux armures pis les bruits nets frettes secs des sabres qui s’fessaient ensemble.

Y partit à’course vers où c’qu’y pensait que Nobunaga pouvait être, tandis que les autres samouraïs sortaient des chambres, tout égarouillés pis les yeux dans’graisse de bines.

Y’arriva enfin dans une p’tite cour intérieure où son seigneur était avec Ranmaru Mori, un de ses p’tits préférés parmi sa gang de samouraïs. À c’qu’on disait, Nobunaga y faisait souvent réchauffer sa couchette, faique c’tait pas étonnant qui soye arrivé en premier.

« Saint ciboire de sacrament d’câlisse, qu’est-cé ça? » ragea Nobunaga.

Pis là, les murs explosèrent.

Les traîtres étaient tout autour d’la bâtisse pis tiraient du fusil, salve après salve, pour êtres sûrs qu’y reste pu rien d’vivant en dedans.

Yasuké, Nobunaga, Ranmaru pis les autres firent c’qu’y purent pour se cacher – en d’sour des futons, en arrière des colonnes, n’importe où.

Quand les balles arrêtaient le temps que les tireurs archargent leux fusils, Yasuké et compagnie en profitaient pour préparer leux armes : y savaient ben qu’trop qu’après, l’ennemi viendrait finir la job au corps à corps.

Le silence artomba, pis la fumée aussi.

En d’sour d’un gros cadre de porte en bois tenait encore au travers des ruines, Nobunaga voyait maintenant très bien c’est qui qui l’attaquait. Su’és bannières des soldats qui s’garrochaient vers lui en hurlant, y’avait la campanule à cinq pétales du clan Akéchi.

— Le général Akéchi? Ben voyons don, y’était toujours tellement fidèle pis d’sarvice, jamais un mot d’travers! dit Yasuké.
— Va savoir quelle bulle qu’y a pogné au çarveau, répondit Nobunaga. Mais c’qui est faite est faite. À c’t’heure, y nous reste pu yinque à défendre chèrement not’peau.

À son ordre, ses hommes s’mirent à tirer des flèches dans l’tas. C’taient des gars qui s’entraînaient à ça depuis qu’y étaient flos, pis y’étaient bons en tabarnak, à voir les cadavres de soldats du clan Akéchi qui formaient un tas de plus en plus gros en bas des marches.

Sauf qu’y en avait juste trop. Nobunaga pogna sa naginata – une longue pôle avec une lame au boutte – pis embrocha l’premier qui réussit à arriver jusqu’à lui.

En arrière, y’avait une cinquantaine d’autres traîtres qui s’en vn’aient en hurlant. Yasuké sortit son sabre de son étui pis fonça vers eux-autres.

Y tua tellement de monde que rendu là, y’aurait aussi ben pu être après faire les foins, coupe pis coupe pis coupe. Les marches étaient toutes beurrées d’sang; y’avait des corps partout, pis les moribonds rampaient avec leux dernières forces pour échapper à une mort qui avait déjà les griffes ben pognées dans leu gorge.

Mais Nobunaga savait que lui pis sa gang pourraient pas toffer longtemps d’même :

« V’nez vous-en, on rentre en dedans! »

Y’avait pas d’autre chose à faire. Yasuké et compagnie étaient pu yinque une vingtaine contre des milliers : au moins, en dedans, c’qui restait d’la structure allait les protéger un ti-peu pis forcer leux adversaires à faire la file comme à’SAAQ pour se faire fendre en deux. Yasuké, qui prenait quasiment toute la largeur du pâssage à lui tu’seul, en profita pour abattre encore plus d’ennemis.

Les hommes à Nobunaga réussirent à résister encore une bonne secousse, mais les soldats d’Akéchi arrivaient de partout; on aurait dit des fourmis qui rentrent par toutes les craques au printemps.

Toute d’un coup, les murs encore debouttes vinrent toutes éclairés, pis ça s’mit à sentir le brûlé : le temple était en feu.

Pis comme ça allait pas assez mal de même, Nobunaga mangea une flèche dans’jambe. Pour lui, c’tait un signe :

« Entourez-moé, on s’en va dans mes appartements. C’est l’heure. »

Dans’bâtisse qui brûlait aussi vite qu’un morceau d’gâzette, Yasuké, Nobunaga, Ranmaru pis les quatre-cinq autres qui restaient se faufilèrent jusqu’à chambre du seigneur :

« Ranmaru, Yasuké, restez avec moé. Les autres, allez à’porte pis tenez le plus longtemps qu’vous pourrez, » ordonna Nobunaga.

Y’avait besoin de juste un ti-peu d’temps pour faire seppuku – le suicide rituel qui y permettrait d’éviter d’être capturé par Mitsuhidé Akéchi, pis d’être complètement déshonoré.

Y se mit à genoux pis sortit un pognard. Y’eut pas besoin de dire quoi faire à Ranmaru Mori, qui se plaça en arrière de lui, le sabre levé.

Nobunaga argarda Yasuké pis y dit :

« Apporte ma tête pis mon sabre à mon fils Nobutada. Laisse-les jamais tomber aux mains d’l’ennemi. »

C’était son darnier ordre.

Sur ce, y se rentra l’pognard dans l’ventre, pis Ranmaru y trancha la tête.


Après avoir aidé Ranmaru à faire seppuku lui avec, Yasuké partit avec la tête pis l’sabre de son seigneur.

C’tait toute une mission qu’y s’tait faite donner là : si Akéchi mettait la patte su’a tête à Nobunaga, ça légitimerait sa victoire. Y pourrait arriver en avant des autres anciens généraux, leu sortir la tête dans’face pis dire :

« Engorde. C’est moé l’plus fort. Suivez-moé. »

Avec la tête pis l’sabre à son pére, Nobutada aurait une chance de mettre les généraux d’son bord pis d’succéder à Nobunaga.

La tête à son seigneur emballée ben comme faut dans la veste à Ranmaru, pis son sabre passé dans sa ceinture, Yasuké s’en alla accomplir sa darnière mission.

Déhors, y faisait encore pas mal noir. Quand y sortit d’la bâtisse en feu, y’était tout graissé d’sang pis d’suie; pour les queques soldats ti-counes qui eurent le malheur de tomber su lui, y’avait vraiment l’air d’un démon. Y figèrent net, pis l’Africain leu dit simplement :

« Yasuké de gozaru. »

J’m’appelle Yasuké.

Pis y tombèrent toutes comme des mouches en d’sour de sa lame.


Profitant du bordel total dans la ville, Yasuké réussit à s’rendre jusqu’au palais impérial, où c’que Nobutada était allé s’réfugier dès que ça avait commencé à sentir la marde. Quand y vit arriver l’Africain, y lui lâcha un gros wak du haut des murs pis fit ouvrir la porte pour lui.

Essoufflé ben raide, Yasuké tomba à genoux en avant d’son nouveau seigneur y’offrit le sabre pis la tête.

Le ti-jeune prit la tête à Nobunaga, les yeux trempes, pis mit son front contre celui du mort en signe de respect pour son pére pis d’armerciement pour Yasuké.

Après, l’Africain y tendit l’sabre, mais y’avait pu d’temps pour autre chose. Les hommes à Mitsuhidé Akéchi s’en venaient aussi nombreux que si y’étaient chiés à mesure par l’enfer, pis les balles de mousquet commençaient à péter su’es murs.

La bataille était quasiment finie avant d’être commencée. Pis quand la bâtisse pogna en feu, Nobutada sut que c’était l’heure d’aller arjoindre son pére au royaume des morts.

Tandis qu’y s’faisait seppuku, Yasuké pis toute c’qui restait des hommes à Nobutada s’battaient avec toute c’qui leu restait d’forces.

Tandis qu’les autres hommes poussaient leux darniers cris, Yasuké s’artrouva encerclé par l’ennemi. Y’était crevé, feni, pu capable. Y’était coupé d’partout, pis y commençait à pardre beaucoup d’sang. Y tomba à genoux. Pis dès qu’y eut pu l’pouvoir de l’ver son sabre, les soldats Akéchi se garrochèrent su lui pis y crissèrent des coups d’pied jusqu’à c’qui parde connaissance.


Quand Yasuké s’réveilla, y’était en avant de Mitsuhidé Akéchi.

— La tête pis l’sabre à Nobunaga. OÙ C’QU’Y SONT? Aweille, parle!
Je l’sais-tu, moé, répondit Yasuké, mollement mais avec l’air d’un gars qui t’ment en pleine face.

Akéchi était fâché noir, pis l’Africain était sûr de pas sortir de d’là vivant. Sauf que le traître dit :

« Ôtez c’te bête noire-là d’ma face. C’est pas un Japonais pis y’a pas d’honneur, sinon y s’rait djà mort. Rapportez-le à l’église des barbares, y vont probablement être contents d’le ravoir. »

Akéchi pouvait pas l’tuer : y se serait mis les Jésuites à dos, pis ça aurait ben mal commencé son règne.

Mais l’pauvre ti-pit, y mettait la charrue en avant des bœufs : treize jours plus tard, Mitsuhidé Akéchi pogna un mur sous la forme du général Toyotomi, qui l’effoira complètement à la bataille de Yamazaki. Akéchi essaya d’se sauver, mais y tomba sur un bandit qui l’tua d’un coup d’lance, pis y mourut tu’seul dans un trou d’bouette.

Ça bon.

Quant à Yasuké, quand les hommes d’Akéchi l’déposèrent su’l plancher d’la mission, y’arperdit connaissance. Après ça, l’histoire perd sa trace. On sait qu’y a survécu, mais l’bord qu’y a pris après, on l’sait pas pantoute. Yé tu resté au Japon? Yé tu parti? Mystère. Chose certaine, son histoire complètement capotée marque encore l’imaginaire, quasiment 450 ans plus tard.


Source : Thomas Lockley et Geoffrey Girard, African Samurai – The True Story of Yasuke, a Legendary Black Warrior in Feudal Japan, 2019.

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Yasuké, le samouraï africain — partie II

Partie I

Yasuké était après prendre son café, ben relax, quand l’pére Valignano arvint de son audience avec Nobunaga.

— Pis, boss? Ça a-tu ben été?
— Comme du beurre dans’poêle, mon homme! J’ai eu toute c’que j’voulais, pis l’avenir de la mission est assuré. Ah, pis, euh, en passant, ch’t’ai donné en cadeau à Nobunaga.
— PARDON!?

Ça prenait pas la tête à Papineau pour comprendre que Nobunaga trippait ben raide sur Yasuké. Comme c’tait la coutume, le Jésuite y’avait apporté des cadeaux – plusieurs sets de verres en cristal pis une couple de beaux fauteuils –, mais y’avait vite allumé que la meilleure façon de s’mettre dins p’tits papiers du seigneur japonais, c’tait d’y donner le grand Africain comme on offre un couteau à steak électrique ou bedon une chandelle patchouli et clou de girofle.

L’histoire dit pas comment Yasuké prit la nouvelle. T’faire « donner » sans t’faire demander si c’tait correct avec toé, c’tait plutôt poche. À part de t’ça, y’était l’employé à Valignano, pas son esclave! Le pére avait pas d’affaire à faire ça. Mais mettons que Yasuké avait pas trop le choix.

Obéissant, y quitta la mission jésuite pour se rendre au temple de Honnô-Ji, où y’allait être logé pour tu’suite.

Les jours d’après furent un peu surréalistes : toute c’te temps-là, y’attendit comme un coton dans l’antichambre de la salle d’audience de Nobunaga, avec deux gardes à l’air bête qui avaient pas grand jasette.

Le monde rentraient pis sortaient, ben pressés, des fois en y j’tant des p’tits regards curieux en coin, mais personne l’invitait à rentrer.

De c’qu’y avait compris, Nobunaga était ben dans l’jus : y’était après organiser un « umazoroé », une espèce de parade militaire avec des ch’faux pis des acrobaties pis des armures d’apparat pis la grosse affaire.Mais là, astie, combien de temps y’allait niaiser d’même?

Y’était assis à la japonaise, à genoux pis les fesses sur les talons. Y se pensait habitué. Mais y’était clairement pas prêt à faire ça des heures de temps :

« Calvaire, j’sens pu mes jambes! Comment c’qu’y font, eux-autres? Crime, faut que j’me lève, sinon m’a rester pogné. Ayoye… »

Faique de temps en temps y se l’vait, raide comme si y’avait 150 ans, pis marchait un peu avant de se rassire. Ça avait l’avantage de tirer un sourire aux deux gardes.

Le soir, une servante le ramenait dans la chambre d’invité où on l’avait logé, pis y’apportait un souper, qu’y mangeait tu’seul. C’tait bizarre en chien. D’aussi loin qu’y se rappelait, y’avait jamais dormi ni mangé sans être avec d’autre monde.

En plus, y commençait à être tanné de rien faire, pis savait pas pantoute ce que Nobunaga attendait de lui :

« M’as-tu faire une vraie job de garde du corps ou d’guerrier? Ou bedon m’a être comme un animal savant qu’on sort pour impressionner la visite? »

Y commençait à angoisser un ti peu.Pis enfin, au bout de trois jours, y’arçut des ordres : y’allait participer à la parade, là, l’umazoroé, qui devait avoir lieu drette le lendemain.

Pas longtemps après, une armée de couturières su’l gros nerf entrèrent dans sa chambre pis y cousirent du linge exprès pour l’occasion – pour faire de quoi à sa taille, y fallut qu’y raboutent le linge de TROIS hommes!


L’umazoroé était censé avoir été organisé en l’honneur de l’empereur. L’expression parfaitement étudiée pour pas avoir l’air de tripper sa vie ni de s’emmerder non plus – y’était considéré comme un dieu incarné, pis un dieu, c’tait pas censé faire de faces –, y’était assis au meilleur spot pour argarder la parade, dans un beau p’tit gazebo doré avec sa famille pis sa trâlée de courtisans greyés comme des arbres de Noël dans 72 épaisseurs de soie de couleurs différentes.

Mais ça allait vite être évident comme le nez dans’face c’tait qui le saint Jean-Baptiste dans’parade.

Devant des milliers de personnes jouquées dins arbres pis sur les toits, ou qui woiraient au travers des clôtures en bambou installées le long du parcours, arriva en premier la gang de big shots – les généraux plus proches de Nobunaga, comme Mitsuhidé Akéchi, lui qui avait dû s’arvirer s’un dix cennes pour toute organiser quand son seigneur avait eu une bulle au cerveau pis avait décidé que ça y prenait l’événement du siècle, dans trois s’maines, peu importe c’que ça coûte, arrange-toé.

Après v’naient les trois fils à Nobunaga : Nobutada, Nobutaka pis Nobukatsu.

Yasuké suivait, au travers d’une trâlée de samouraïs; une centaine de guerriers pis de hauts fonctionnaires du gouvernement à Nobunaga arrivèrent par après.

Tout d’un coup, la foule vint ben silencieuse : en darnier, telle la mariée d’un défilé de mode, Nobunaga s’en vint su son ch’fal noir comme la nuitte.

Y flashait en crisse avec son casse de démon, ses culottes rouges, ses souliers en brocart chinois, ses gants en cuir de chamois, sa tunique en toile d’or qui avait été faite v’la des siècles pour un empereur de Chine, pis ses deux beaux sabres avec la poignée pis l’étui incrustés d’or. Même son ch’fal était su son 31 : son tapis de selle était en soie, pis y’avait des beaux p’tits pichous avec des nuages brodés dessus. Pour tout l’monde qui était là, c’tait comme si l’dieu d’la guerre en parsonne v’nait d’arsoudre.

Les paradeurs firent un tour d’arène – bâtie exprès pour l’occasion dans un temps record par Mitsuhidé Akéchi –, pis chacun alla prendre sa place. Yasuké, lui, alla s’assire dins estrades : vu qu’y était arrivé un peu comme un ch’feu su’a soupe, y’avait pas de rôle dans le pestacle.

Pis là, pendant six heures de temps, Nobunaga, ses trois gars pis d’autres samouraïs firent toutes sortes d’acrobaties, pirouettant sur leu ch’fal, se tenant deboutte su leu selle, tirant à l’arc dans des angles impossibles su des cibles toujours de plus en plus loin pis switchant d’monture en plein galop, dans un mix de Cirque du Soleil pis de spectacle équestre de la GRC, toute réglé au quart de tour pis exécuté avec une grâce pis une précision à foutre la chienne aux ennemis de Nobunaga.

L’monde de Kyoto étaient fous comme des balais, pis pas juste à cause du Cavalia version Japon féodal qu’y argardaient gratis : après 100 ans d’guerre, y vivaient enfin en paix, le ventre plein, sous la protection d’un seigneur toute puissant comme y’en avait jamais eu avant.

Sauf que la paix pis l’abondance, c’tait pas pour tout le monde tu’suite : pour en profiter, fallait se soumettre ou être conquis, pis Nobunaga avait encore plein de provinces récalcitrantes à saigner pis à raser au solage pour les ajouter à son royaume unifié.

Faique, une semaine après l’umazoroé, Nobunaga s’en retourna chez eux su’l domaine du clan Oda, à Azuchi. Pour la raille jusque là-bas, y d’manda à Yasuké de ch’vaucher à côté d’lui.Pis y lui jasa ça TOUTE LE LONG.

Yasuké était pas habitué à ça : y’avait été esclave, pis mercenaire; l’pére Valignano y’avait toujours clairement montré qu’y était juste son employé en l’faisant marcher en arrière de lui. Mais Nobunaga… Nobunaga l’traitait comme un grand chum. Y lui racontait plein d’affaires. Y lâchait des jokes. Y lui expliquait c’tait quoi c’te montagne-citte, c’tait quoi c’te lac-là, c’te temple-citte pis c’te château-là, comme si y connaissait Yasuké depuis toujours pis qu’y était super content d’enfin l’arcevoir chez eux.

« Ben coudonc, se dit Yasuké. J’sais ben pas c’que j’fous icitte ni qu’est-cé que j’ai faite pour mériter ça, mais ça se prend ben en maudit… »

Au coucher du soleil, y’arrivèrent à Azuchi. Pour vous donner une idée de quoi le château à Nobunaga avait d’l’air, pensez au château japonais le plus typique possible, comme on voit sur, tsé les espèces de peintures sur tissu qui se roulent pis qui s’accrochent sur le mur pis qui se vendent dans l’genre de magasin louche où tu peux aussi acheter des pipes à eau pis des statues de dragon cheapettes?

Jouquée sur le dessus d’une montagne pis dépassant de la tête des arbres, une tour de sept étages de haut avec chacun son boutte de corniche de toit se dressait tout fière-pet, argardant de haut toute la région. Les cinq étages du bas étaient peinturés en noir; le sixième était rouge pétant, avec huit coins comme une pancarte d’arrêt-stop, pis le darnier était comme une p’tite maison carrée, mais arcouverte d’or, qui arflétait tellement le soleil que la bâtisse faisait comme un phare pour le royaume au complet.

En montant les marches qui s’rendaient jusqu’en haut, Yasuké se rendit compte qu’en faite, la butte au complet était une forteresse. Y’avait rang après rang de palissades pis une trâlée de citadelles qui faisaient autant de lignes de défense. C’tait une vraie p’tite ville où restaient plus de 3 000 guerriers, fonctionnaires pis serviteurs.

Après un p’tit lunch de fin de soirée, Nobunaga envoya tout l’monde se coucher. Ses généraux avaient toutes leur maison à eux-autres pas loin du donjon, mais Yasuké, lui, dut aller loger avec les gardes. Y’était pas insulté de t’ça – y’allait pas commencer à s’prendre pour une duchesse du jour au lendemain – mais y continuait de se d’mander c’que Nobunaga y voulait.

Yasuké s’attendit à c’qu’on y demande de faire son tour de garde, mais parsonne vint jamais le réveiller. Pis quand y s’proposa pour y’aller, y se fit argarder comme si y’avait trois yeux. Après une couple de jours, y déménagea dans une chambre à lui, mais on y’avait toujours rien demandé de faire.

« Voyons, y m’ont-tu oublié, coudonc? Pourtant, messemble que chus dur à manquer… »

Finalement, une journée, Nobunaga calla Yasuké; y’arcevait du monde, pis y voulait qu’y s’tienne à côté de lui comme garde du corps.

« Enfin, viarge! » pensa Yasuké.

Y’était pas le seul à être content. Nobunaga vit ben que tout l’monde qui rentraient dans sa salle d’audience faisaient l’saut en voyant son nouveau vassal pis v’naient toutes sur les nerfs, c’qui était en plein l’effet recherché.

Après ça, une couple de fois, l’seigneur l’emmena avec d’autres jeunes samouraïs s’épivarder dans’campagne : y chassaient, y pêchaient, y s’baignaient dins rivières pis dins sources d’eau chaude. C’tait quasiment romantique. Pis tout ce temps-là, Nobunaga arrêta pas d’y poser des questions, surtout sur les batailles où y’avait combattu pis les pays où y’était allé.

Les semaines passaient, pis plus ça allait, plus Yasuké sentait qu’y faisait sa place, un peu comme quand tu finis par étirer tes jeans serrées assez pour qu’y te fassent pu un ti bourrelet qui déborde. Y’était rendu un confident pis un conseiller en armes pis en tactiques de guerre étrangères, un sujet qui intéressait ben gros Nobunaga.

Pis un jour, son seigneur le fit venir dans ses appartements.

« Viens don prendre une marche, mon chum. »

Yasuké trouvait que Nobunaga avait un drôle d’air, mais y le suivit sans poser de questions. Y descendirent les marches le long de la montagne jusqu’à mi-chemin vers en bas. Ensuite, Nobunaga vira sur un chemin bordé d’arbres en fleurs, pis à droite dans une petite allée qui débouchait sur une petite maison.

En dedans, ça sentait le bois neuf, comme si ça venait juste d’être construit. Pis après avoir passé une couple de cadres de porte, Yasuké se rendit compte de quequ’chose de bizarre :

« Ben voyons, c’tu moé ou toute est faite plus grand, ici-dedans? J’ai même pas besoin de me pencher! Même le plafond est plus haut! »

Nobunaga le fit rentrer dans une grande pièce avec rien dedans à part une tite table où y’avait une épée courte sur un support.

En voyant ça, Yasuké eut un petit moment de panique :

« Voyons, y va-tu me d’mander de me suicider, comme les Japonais font quand y sont déshonorés? Le seppuku, qu’y appellent ça. Astie… Heille, les nerfs, j’ai rien faite de mal, moé là! En plus, y’a l’air ben relax, faique ça se peut comme pas que… »

Nobunaga leva les bras dins airs pour montrer la maison :

« Yasuké! À partir de maintenant, c’est chez vous, icitte. J’ai faite faire c’te maison-là exprès pour un géant! »

Le guerrier africain fut tellement surpris qu’y trouva rien à répondre pis put juste rester là avec un air de morue fraîchement pêchée.

Le seigneur s’étira le bras pour se rendre jusqu’à l’épaule à Yasuké :

« T’es mon guerrier noir, le démon qui va chevaucher à côté d’moé dins batailles, l’ange des ténèbres qui va me protéger, moé pis ma famille, dans ma maison. Pis l’épée, là, c’est le symbole de t’ça : tu vois, y’a mon emblème dessus. Faique à partir de maintenant, t’es mon samouraï – un membre du clan Oda. »

Sur ce, y s’en alla, en y faisant signe de rester là. C’tait pas fin d’y lâcher une bombe de même pis de le laisser tu’seul en plein pas creyage de shot, mais c’tait ça qui était ça.

Pis dès que le seigneur eut passé la porte, comme pour l’aider à comprendre ce qui venait de se passer, un homme pis une femme sortirent d’une pièce à côté, la tête baissée, pis y vinrent s’agenouiller en avant de lui. Yasuké fit enfin 1+1 :

« Une maison. Pis des serviteurs. Ch’t’un SAMOURAÏ, câlisse. Pincez-moé, quequ’un… »

Partie III


Source : Thomas Lockley et Geoffrey Girard, African Samurai – The True Story of Yasuke, a Legendary Black Warrior in Feudal Japan, 2019.

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